Mise en évidence des prions dans la salive des ovins et des cervidés - La Semaine Vétérinaire n° 1499 du 08/06/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1499 du 08/06/2012

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/RUMINANTS

Auteur(s) : KARIM ADJOU

La maladie du dépérissement chronique des cervidés (MDCC) est une encéphalopathie spongiforme subaiguë transmissible (ESST). Elle affecte 3 espèces de cervidés d’Amérique du Nord qui vivent en liberté ou captifs : le cerf mulet (Odocoileus hemionus), le cerf de Virginie (Odocoileus viginianus) et le wapiti des montagnes Rocheuses (Cervus elaphus nelsoni) encore appelé par les Anglo-Saxons Rocky Mountains elk (voir photos).

ORIGINE

La MDCC est la seule ESST rencontrée chez les ruminants sauvages. Cette affection est inconnue hors d’Amérique du Nord, mais il importe de la connaître afin de prévenir tout risque pour la santé publique et l’émergence éventuelle de cas en Europe.

L’origine de la MDCC demeure énigmatique. Le passage de la tremblante aux cerfs, au contact d’ovins ou de caprins, est une hypothèse peu probable. En effet, aucune des souches de tremblante étudiées à ce jour ne correspond à celle de la MDCC. De plus, l’agent de la maladie semble unique, différent de celui de la tremblante et de l’encéphalopathie spongiforme bovine, comme le montre l’observation des profils lésionnels établis selon les degrés de vacuolisation de certaines zones cérébrales de souris infectées.

TRANSMISSION

La MDCC est considérée aujourd’hui comme une maladie à la fois contagieuse et infectieuse. Elle se transmet directement d’un animal malade à un animal sain, au sein de chacune des 3 espèces et entre elles, sans doute par l’intermédiaire de fluides biologiques et de l’environnement.

La tremblante du mouton et la MDC des cervidés sont 2 maladies à prions transmissibles. Le lait et le placenta ont toujours été identifiés comme des sources potentielles, mais n’expliquent pas la transmission horizontale. En revanche, décelés dans la salive, l’urine et les fèces, les prions de la MDCC sont considérés comme responsables de la transmission horizontale chez les 3 espèces concernées. Si les titres des prions de la MDCC ont été mesurés dans les fèces, les niveaux dans la salive ou l’urine ne sont pas connus à l’heure actuelle.

Puisque les moutons produisent environ 17 l de salive par jour, et que les agents infectieux de la tremblante sont présents dans la langue et les glandes salivaires des animaux infectés, une étude américaine1, réalisée dans le laboratoire du Pr Stanley Prusiner, a été menée afin de déterminer si les prions sont excrétés dans la salive au cours de l’évolution de la tremblante ovine. Les chercheurs ont inoculé à des souris transgéniques (Tg) exprimant la protéine du prion ovine, TG (OvPrP), la salive de 7 moutons cheviot atteints de tremblante. 6 des 7 échantillons inoculés ont transmis la maladie aux souris Tg (OvPrP) avec des titres de - 0,5 à 1,7 log ID 50 U/ml. De même, l’inoculation d’échantillons de salive issus de 2 cerfs mulets atteints de MDCC a transmis la maladie à des souris TG (ElkPrP) portant la PrP des cervidés avec des titres de – 1,1 à – 0,4 log ID 50 U/ml.

En partant de l’hypothèse que la cinétique d’excrétion de l’agent infectieux dans la salive est similaire à celle de l’excrétion fécale, les auteurs ont ainsi pu estimer que la dose de prions excrétée dans la salive au cours d’une période de 10 mois est de l’ordre de 8,4 logs ID 50 unités pour les ovins et de 7,0 logs ID 50 unités pour le cerf. Ces estimations sont semblables à celles dans les matières fécales (MDCC) obtenues chez le cerf (7,9 logs ID 50 unités).

Parce que la salive est avalée la plupart du temps, les prions provenant des glandes salivaires peuvent réinfecter les tissus du tractus gastro-intestinal et contribuent donc à l’excrétion fécale de l’agent infectieux. Cela permet aux prions de se répandre dans l’environnement et de favoriser la transmission horizontale des ESST.

  • 1 Tamgüney G, Richt JA, Hamir AN, Greenlee JJ, Miller MW, Wolfe LL, Sirochman TM, Young AJ, Glidden DV, Johnson NL, Giles K, Dearmond SJ, Prusiner SB. Salivary prions in sheep and deer. Prion. 2012 Jan 1;6(1):52-61.

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