La médecine de pointe en équine - La Semaine Vétérinaire n° 1499 du 08/06/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1499 du 08/06/2012

Symposium européen équin

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Auteur(s) : MARINE NEVEUX

L’imagerie médicale n’a plus de limites en pratique équine. Le développement de techniques de pointe le prouve. Par ailleurs, les maladies infectieuses peuvent dérouter. Le dernier symposium européen équin organisé par Pfizer a pu en témoigner.

La Basse-Normandie vient d’accueillir le symposium européen équin organisé par Pfizer, en partenariat avec la récente fondation Hippolia (qui promeut la recherche équine via une synergie public-privé)1. L’événement intervient alors que la situation épidémiologique de cette région a offert un “exercice” de terrain grandeur nature ces dernières semaines. Plusieurs foyers de grippe équine décelés dans cette région d’élevage ont effectivement entraîné l’annulation des compétitions de Cabourg et de Notre-Dame-d’Estrées, et ont brièvement fait planer le doute sur l’organisation du concours de saut international (CSI) de Deauville. Des mesures sanitaires ont rapidement été prises et le problème est, à ce jour, pratiquement résolu.

Les maladies infectieuses ont ainsi été largement décrites lors de ce symposium, qui a réuni plus de 150 confrères européens (Allemagne, Belgique, Espagne, Italie, Suède, etc.) et israëliens.

Le rôle précieux qu’a joué le Respe2 et la pertinence de celui-ci face aux risques infectieux chez les équidés ont également été évoqués. « Il existe une cellule de crise au sein du Respe, qui travaille actuellement sur l’influenza, a indiqué Anne Couroucé-Malblanc, responsable scientifique du Respe et enseignante à Oniris. L’information est diffusée en temps réel, auprès des vétérinaires, des instances officielles, des laboratoires et des socioprofessionnels. »

418 vétérinaires sentinelles répartis sur 88 départements

La profession vétérinaire est un acteur majeur du dispositif et nos confrères disposent d’un système de déclaration sur le site du Respe. Le réseau s’est développé rapidement ces dernières années : il regroupait 179 vétérinaires sentinelles en 2008, et 418 (répartis sur 88 départements) en 2011 (soit + 133 %).

En termes de déclaration, les chiffres sont également en croissance : « Tous réseaux considérés, nous notons une hausse de 167 % », a détaillé Anne Couroucé-Malblanc. Cela représente environ un millier de déclarations par an. De plus, le nombre d’alertes a aussi augmenté. « Le Respe est une organisation qui constitue un exemple pour d’autres pays : il aura bientôt un équivalent en Irlande. »

De nombreuses pistes de recherche sur l’herpèsvirus équin 1

Stéphane Pronost (laboratoire Frank Duncombe, Calvados) a abordé l’actualité relative à l’herpèsvirus équin (EHV) 1. Il a détaillé les cas particulièrement didactiques de foyers d’EHV1 en France, notamment le cas normand où 3 formes (nerveuse, respiratoire, avortement) d’EHV1 ont été rencontrées dans le même élevage, ainsi que 2 souches différentes (de même que le variant neuropathogène et le non-neuropathogène).

« À ce jour, concernant l’herpès-virus, nous ne disposons pas encore d’informations suffisantes sur le génome, comme nous en possédons, par exemple, pour celui de la grippe. Mais nous les aurons dans le futur », a affirmé Stéphane Pronost. Lors d’épizootie, il est effectivement difficile de savoir si celle-ci est due à une réactivation chez un cheval déjà présent dans l’écurie ou si elle est le fait d’un animal introduit. En outre, comment prévenir la maladie alors que les chevaux atteints étaient vaccinés ? Même si le vaccin ne protège pas à 100 % (pour les troubles nerveux notamment), « il importe de vacciner pour préparer les défenses ». En outre, le virus s’étend de cellule en cellule. Il est donc difficile de le bloquer avec des anticorps. « À l’avenir, il faudra trouver d’autres stratégies », a conclu Stéphane Pronost.

Vigilance vis-à-vis des herpèsvirus 2 et 5

Éric Richard (laboratoire Frank Duncombe, Calvados) a détaillé les connaissances sur l’EHV2 et 5. « Ces gamma herpèsvirus sont souvent moins agressifs, du moins actuellement », a-t-il souligné. Il s’agit d’un virus ubiquitaire dans la population équine. EHV5 a été détecté chez des chevaux sains. Il est également associé à l’Equine Multinodular Pulmonary Fibrosis (présence d’EHV5 dans les nodules et non dans les poumons).

L’herpèsvirus 2 provoque des pharyngites chroniques chez les foals. En outre, « il est significativement plus présent chez des animaux qui affichent de pauvres performances, a expliqué Éric Richard. Sa détection, par PCR3, est associée à une neutrophilie. Cette affection est donc liée à une inflammation respiratoire ». Il ne faut pas oublier d’inclure sa recherche dans les fluides respiratoires lors de l’exploration des chevaux en phases subclini-ques et cliniques, tout en restant vigilant sur l’interprétation.

Épizootie d’artérite virale équine

Aymeric Hans (Anses4, laboratoire de virologie de Goustranville) a évoqué l’épizootie d’artérite virale équine (EVA) en Normandie en 2007. 138 chevaux étaient suspects et 91 présentaient des signes cliniques (fièvre, œdème, rash, inflammation des testicules, etc.). « En 2008, 4 000 à 4 500 étalons ont été testés via la sérologie EVA », a-t-il indiqué.

L’épidémiologie du virus West Nile évolue en Europe

Sylvie Lecollinet, (Anses de Maisons-Alfort, laboratoire de référence pour le virus West Nile) a développé le risque potentiel que fait planer le virus West Nile sur la France. Il est en effet présent en Europe. Les épizooties aux États-Unis se sont révélées dramatiques. Entre 1999 et 2011, plus de 25 000 cas (plus de 10 000 en 2002) y ont été confirmés chez des chevaux ! « Nous avons appris de l’exemple américain que le programme de surveillance est toujours à adapter, a commenté Sylvie Lecollinet. Les oiseaux et les chevaux sont des sentinelles. » De plus en plus de pays européens sont confrontés à cette maladie (Italie, Autriche, Hongrie, Roumanie). En Roumanie, la circulation est ancienne et endémique, avec des pics certaines années. Le virus West Nile s’installe en Europe de l’Ouest. « Il y a des cas asymptomatiques, car des sérologies positives sont notées. » En outre, la lignée 2 s’étend, en Grèce notamment. La France, quant à elle, a “seulement” rencontré des cas en 2000, 2004, 2006.

L’épidémiologie se modifie en Europe et devient endémique. « Nous pensons que de nombreuses souches circulent, avec un renforcement de la virulence de la lignée 2 au cours des dernières années. » La prévention de la maladie fait appel à la protection contre les moustiques. En France, 2 vaccins sont également disponibles pour les chevaux.

Une imagerie médicale de pointe

Xavier D’Ablon, praticien à Deauville dans une clinique équipée d’un scanner, a témoigné de son expérience avec ces outils d’imagerie de pointe, cas cliniques didactiques à l’appui, ainsi que le Pr Jean-Marie Denoix (Cirale5, voir encadré) et notre confrère Fabrice Audigié. « Notre approche inclut la radiographie, la scintigraphie et l’échographie, a expliqué Jean-Marie Denoix. Il n’y a pas de compétition entre les différentes techniques d’imagerie, car elles apportent des informations différentes. » Une session pratique organisée lors du symposium a permis de décrire la réalisation d’échographies sur un cheval en direct.

  • 1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1481 du 3/2/2012, p. 16.

  • 2 Réseau d’épidémiosurveillance en pathologie équine.

  • 3 Polymerase chain reaction.

  • 4 Agence nationale de sécurité sanitaire.

  • 5 Centre d’imagerie et de recherche sur les affections locomotrices équines.

Le Cirale en chiffres

Le Centre d’imagerie et de recherche sur les affections locomotrices équines a été construit en 1999. Il était initialement financé par la région Basse-Normandie, puis une convention a été établie avec l’école d’Alfort. Seuls les cas référés et une activité de diagnostic y trouvent une place. « 1 200 chevaux par an sont examinés », explique Jean-Marie Denoix, surtout pour des troubles locomoteurs, mais aussi en médecine sportive et pour mener des travaux de biomécanique sur pistes.

50 % des animaux présentés sont des chevaux de saut d’obstacles, 15 à 17 % sont des galopeurs, 20 % des trotteurs, 3 % des chevaux de dressage, 10 % des équidés viennent de l’étranger.

Le Cirale pratique aussi 135 scintigraphies par an. En outre, depuis l’acquisition de l’appareil d’imagerie par résonance magnétique debout, le centre effectue 110 à 120 examens par an, versus 30 lorsqu’ils étaient systématiquement réalisés en position couchée, souligne Fabrice Audigié.

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