ÉTUDIER LA MÉDÉCINE VÉTÉRINAIRE EN ALLEMAGNE - La Semaine Vétérinaire n° 1499 du 08/06/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1499 du 08/06/2012

REPORTAGE

Dans le cadre d’un échange Erasmus à la Freie Universität Berlin (Allemagne), Sophie Vigneron, étudiante en 2e année à l’école d’Alfort, témoigne des différences entre les études de part et d’autre du Rhin.

En Allemagne, 5 universités proposent un cursus vétérinaire : Berlin, Gießen, Hanovre, Leipzig et Munich. Cette filière est soumise à un numerus clausus, qui s’élève à 1 000 places environ. Celles-ci sont convoitées et, comme dans notre pays, les étudiantes sont majoritaires. En effet, au semestre d’hiver 2010-2011, 932 élèves de première année sur 1 083 étaient des filles (soit 86 % de l’effectif)1. Néanmoins, les critères de sélection allemands sont différents des français. Tout d’abord, à la suite d’une présélection nationale sur dossier, 20 % des élèves sont choisis selon leurs notes au baccalauréat.

Ensuite, 60 % des étudiants sont admis via une procédure locale dépendante de la faculté. Les critères pris en compte sont variés : les notes dans les matières scientifiques du secondaire, le résultat d’un test de motivation et de personnalité ou l’expérience professionnelle sont évalués. En effet, une bonification est susceptible d’être accordée aux candidats qui ont travaillé dans des professions liées à l’élevage ou à l’exercice vétérinaire. « En France, seul le passage par le concours est reconnu pour entamer des études de médecine vétérinaire, souligne Johanna, une étudiante française qui suit son cursus en Allemagne. C’est dommage. »

Enfin, les places restantes (20 %) sont attribuées à des personnes qui n’ont pas été inscrites dans un établissement d’enseignement supérieur pendant un certain nombre de semestres. Plus ce dernier est important, plus ces candidats ont une chance d’obtenir une place sur les bancs de l’université. Ce mode de sélection met en évidence la recherche de profils d’étudiants hétérogènes qui ne sont pas forcément les “premiers de la classe”. Cela permet également à certaines personnes de construire leur projet professionnel et de changer de voie.

Un cursus avec option pour enrichir les connaissances des élèves

Les études vétérinaires outre-Rhin se déroulent sur 11 semestres. Les programmes des 5 universités sont harmonisés et comprennent un cycle d’études de base. Nommé Vorklinik, celui-ci est séparé en 2 sections de 1 an : une consacrée aux sciences physiques, à la chimie et à la biologie, l’autre à l’anatomie et à la physiologie. À la fin de chaque année, les étudiants passent des examens : le Vorphysikum, puis le Physikum. Ces étapes préliminaires sanctionnent le passage dans la seconde partie des études, appelée Klinik. Celle-ci se déroule en 3 ans et demi et comprend, entre autres, la chirurgie, la pharmacologie, la pathologie, la propédeutique, des démonstrations de cas cliniques, ainsi que des rotations au sein des différents services de l’université. Ces années sont jalonnées par un certain nombre de stages, similaires à ceux imposés en France.

La sélection repose sur le travail fourni tout au long du cursus. Le contrôle des connaissances est continu et les étudiants se présentent, chaque fin d’année, à des contrôles qui valident les matières étudiées. « Nous n’avons plus de vacances, s’exclame une étudiante. Dès que les cours s’arrêtent, il faut préparer les examens ou effectuer les stages. »

Le cursus s’achève avec un examen d’État qui évalue l’ensemble des connaissances acquises. Environ 90 % des élèves inscrits au départ l’obtiennent. Le programme est chargé pour les étudiants allemands, même s’ils pratiquent assez peu les 4 premières années.

En complément des matières obligatoires pour l’obtention du diplôme, les étudiants choisissent des cours parmi une centaine d’options environ (les Wahlpflicht). Elles prennent différentes formes : travaux pratiques, cours magistraux, séminaires, etc. L’objectif est d’enrichir le savoir des élèves et de faire progresser leurs projets professionnels sur divers sujets : “acupuncture en médecine vétérinaire”, “reptiles : des symptômes au diagnostic”, “comment gérer la douleur chez la vache ?”, “médecine en production porcine”, “premiers pas en radiologie”, etc.

Université versus grande école

Il n’existe pas d’accueil des étudiants comme nous le concevons en France. En Allemagne, il se réduit à des journées d’orientation sur le campus vétérinaire. Quelques soirées et voyages entre élèves sont organisés. L’ambiance est amicale, mais moins festive que dans les écoles françaises. Les étudiants sont plus nombreux par promotion (entre 140 et 280). Leurs parcours sont variés et leur âge hétérogène. Il n’est pas rare de voir des élèves plus âgés que certains professeurs !

En Allemagne, les frais d’inscriptions dépendent de l’université choisie. En France, 2 000 € annuels environ sont à débourser. À Berlin, les étudiants payent approximativement 50 € de cotisation sociale étudiante par semestre. Interrogé à ce sujet, le Pr Brunnberg, directeur de la division vétérinaire de la Freie Universität Berlin, explique que « le taux de chômage est beaucoup plus faible à la sortie des études pour les jeunes qui ont suivi un cursus universitaire. Ils rembourseront donc à la société ce qu’elle leur a avancé pendant leurs études. » Toutefois, les étudiants reçoivent peu de dons de la part des laboratoires pour mener des projets et il existe peu de conférences subventionnées. Le financement est en grande partie obtenu par le Länder.

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