Tout sur la mycose du couvain d’Apis mellifera due à Ascosphaera apis - La Semaine Vétérinaire n° 1498 du 01/06/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1498 du 01/06/2012

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/ABEILLES

Auteur(s) : NICOLAS VIDAL-NAQUET

La mycose de couvain, encore appelée “couvain plâtré”, est une maladie du couvain d’Apis mellifera due à un champignon de l’ordre des Ascosphaerales, Ascosphaera apis.

Ce champignon hétérothallique présente 2 formes végétatives, l’une assurant la reproduction sexuée et l’autre, sporulée, permettant sa résistance dans le milieu extérieur et sa dissémination.

Les spores résistent jusqu’à 15 ans au sein des larves momifiées, dans le miel et la cire, et 4 ans dans le milieu extérieur. Les mycéliums ne résistent pas dans l’environnement.

PATHOGÉNIE

Les larves semblent s’infester en ingérant du matériel contaminé par des spores (miel, cire, etc.) et/ou par voie transcuticulaire. Après avoir traversé la paroi digestive ou la cuticule, le mycélium envahit tous les tissus de la larve.

Les larves infestées, d’abord molles et de couleur blanc jaunâtre, se raffermissent et deviennent jaunes. Le mycélium forme un feutrage blanc.

La larve infestée se dessèche et une momification se met en place (“couvain plâtré”).

Selon que la larve a été contaminée par du mycélium d’un seul sexe ou des 2 sexes, la surface de la momie sera dans le premier cas blanc jaunâtre et dans le deuxième vert foncé, en raison de la présence de corps fructifères.

SYMPTÔMES

Sur le cadre

Le couvain apparaît en “mosaïque”, irrégulier. Les larves atteintes meurent généralement après l’operculation de la cellule.

Dans les cellules ouvertes, des moisissures pelucheuses blanchâtres recouvrent parfois les larves. Les opercules, peu modifiés, apparaissent légèrement tachetés et/ou affaissés.

Les momies, qui ne sont pas adhérentes aux parois des alvéoles, font un bruit de grelot lorsqu’un cadre atteint est secoué.

Sur le plateau et devant la ruche

Les ouvrières nettoyeuses éliminent des alvéoles les larves momifiées, qui se retrouvent sur le plateau de la ruche, la planche d’envol et devant la ruche.

ÉPIDÉMIOLOGIE

La forme de contamination d’Ascosphaera apis est la spore. Dans les colonies d’abeilles, les spores sont présentes dans le miel et le pollen stockés dans les cadres. Il est également possible d’en trouver à la surface des cellules, dans l’eau et dans le tractus digestif des ouvrières, notamment les nourrices.

Les larves les plus dangereuses sont porteuses de corps fructifères considérés comme des “aérosols” de spores.

Une larve momifiée peut produire de 100 millions à 1 milliard de spores qui assurent une grande présence d’A. apis dans les colonies atteintes, donc une contagiosité élevée de celles-ci.

La trophallaxie dans les colonies est à l’origine de la propagation des spores entre les abeilles jusqu’aux ouvrières nourrices du couvain. Au sein de la colonie, cette propagation est due aux abeilles nettoyeuses qui laissent tomber les momies sur le plateau de la ruche et aux ouvrières qui transportent et “sèment” les spores partout, provoquant la contamination du miel, du pollen, etc.

La diffusion de la maladie vers d’autres colonies peut se faire “naturellement” par pillage et/ou dérive, mais c’est par les techniques apicoles que la mycose du couvain se disperse le plus fréquemment : échanges de cadres, mauvaise gestion des ruches et des ruchers, transhumance, etc.

CAUSES FAVORISANTES

→ La sensibilité est plus importante chez les larves de moins de 3 jours.

→ La baisse des températures et l’humidité favorisent l’apparition de la maladie.

→ L’atteinte par d’autres agents pathogènes, un comportement hygiénique de nettoyage des abeilles défaillant ou de mauvaises pratiques apicoles, sont également des causes favorisantes.

DIAGNOSTIC

Le diagnostic est aisément établi grâce à la présence de momies et par le bruit de grelot en secouant les cadres. Le diagnostic différentiel comprend les autres maladies responsables de la présence d’un couvain en mosaïque (loques, virus Sacbrood, etc.).

PRONOSTIC

Ascosphaera apis est rarement responsable de la disparition des colonies d’abeilles. Cependant, la mort des larves peut entraîner l’affaiblissement des colonies par la diminution de la population des abeilles adultes. De rares cas de pertes totales de colonies sont toutefois observés.

TRAITEMENT

Il n’existe aucun traitement. Cependant, l’huile essentielle de sarriette des montagnes (Satureia montana) semble montrer une efficacité sur la mycose du couvain, incorporée dans un apport alimentaire hivernal à 0,01 % en volume.

PROPHYLAXIE

La lutte contre la mycose du couvain est essentiellement prophylactique, via des bonnes pratiques apicoles, le choix d’abeilles au comportement hygiénique adéquat et l’isolation des ruches du sol en hiver et au printemps afin de lutter contre le froid et l’humidité tout en favorisant l’aération de la ruche.

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