La prise en charge de l’écureuil roux - La Semaine Vétérinaire n° 1496 du 18/05/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1496 du 18/05/2012

Formation

FAUNE SAUVAGE

Auteur(s) : FLORINE POPELIN-WEDLARSKI*, MARION HUMBERT**

Fonctions :
*praticienne au Bioparc de Doué-la-Fontaine (Maine-et-Loire)
**responsable animalière des écureuils au Centre d’accueil de la faune sauvage d’Alfort (Cedaf)

POINTS FORTS

– Une anesthésie gazeuse est conseillée pour tout examen.

– Les traumatismes sont la principale cause de recueil des adultes ou des jeunes adultes.

– Des animaux juvéniles sont souvent récupérés et peuvent être élevés à la main, avec du lait maternisé pour chatons.

– L’habituation des juvéniles à l’homme est réversible.

– La réhabilitation ne peut légalement être réalisée que dans un centre de sauvegarde de la faune sauvage.

L’écureuil roux (Sciurus vulgaris) est un rongeur arboricole diurne qui vit majoritairement en forêt, mais aussi dans les parcs et les jardins, ainsi qu’à proximité des habitations humaines, ce qui le rend susceptible d’être recueilli et présenté au vétérinaire. Il est actif toute l’année, même si, en hiver, il peut passer plusieurs jours sans sortir de son nid, en cas de grand froid. Il est présent dans toute la France, sauf en Corse. Ses effectifs semblent en léger déclin, sans qu’une cause précise soit connue. En Angleterre, sa population s’est affaiblie à la suite de l’arrivée de l’écureuil gris (Sciurus carolinensis), une espèce américaine introduite et envahissante, qui n’est pour l’instant pas présente en France.

CONTENTION

Les écureuils sont vifs, rapides, et susceptibles de mordre. Pour la contention, des gants en cuir et/ou une épaisse serviette sont vivement recommandés, ainsi qu’une prompte habileté : l’animal s’enfuit facilement ! La tête est maintenue entre le pouce et l’index, le dos contre la paume de la main, la seconde main soutenant l’arrière-train (voir photo 1). En aucun cas, un écureuil ne doit être saisi par la queue (risque de traumatisme et d’arrachage de la peau) ! Pour tout examen ou soin, une anesthésie est conseillée, à la fois pour éviter les risques de blessure – pour l’animal ou le manipulateur – et afin de limiter au maximum le stress induit par la capture et la contention. L’anesthésie gazeuse dans une boîte à induction est idéale.

HOSPITALISATION

Les écureuils sont hospitalisés dans un endroit calme, dans des cages grillagées (type cage à oiseaux ou à rongeurs) qu’ils escaladent facilement, avec une zone pour se cacher (boîte ou tissu) et des branches à ronger. Attention à ne pas donner de bois traité. Un hamac en tissu est apprécié (voir photo 2).

ALIMENTATION

Dans la nature, les écureuils se nourrissent principalement de fruits (glands, faînes, samares, noisettes, noix, châtaignes, etc.), mais également de champignons, de bourgeons, et occasionnellement d’œufs ou d’oisillons. En captivité, il est possible de leur distribuer des fruits secs (noix, noisettes, pignons de pin, noix de pécan non salées), des fruits et des légumes frais (pommes, carottes, endives, épinards, tomates, concombres). Les amandes sont à bannir en raison du risque de toxicité lié à la présence d’acide prussique (ou acide cyanhydrique). Les cacahuètes et les graines de tournesol sont à éviter. Elles peuvent toutefois être distribuées en faible quantité. Riches en lipides, elles sont pauvres en calcium. Or les écureuils semblent sensibles à tout déséquilibre phosphocalcique de leur alimentation. Les animaux débilités ou faibles peuvent être nourris avec des aliments de renutrition (type Fortol(r)). Ils sont toujours à maintenir au chaud.

PATHOLOGIE

Les causes de recueil sont principalement des suites de traumatisme (chute d’arbre ou choc avec un véhicule) ou le ramassage de jeunes.

Les traumatismes occasionnent majoritairement des lésions crâniennes (responsables d’épistaxis) ou vertébrales (voir photo 3). Comme tous les rongeurs, les écureuils ont des dents à croissance continue, qui s’usent en se frottant les unes contre les autres (voir photo 4). Une attention particulière est donc portée à la bouche. Toute atteinte de la tête qui entraîne une déformation ou une déviation de la mâchoire est susceptible d’empêcher une usure normale des incisives, et est rédhibitoire pour le relâcher.

Quelques maladies sont décrites chez l’écureuil roux, dont la pathologie reste encore mal connue, notamment la parapoxvirose (souvent mortelle) ou la coccidiose à Eimeria, très fréquente, diagnostiquée par coproscopie et traitée par les sulfamides ou des anticoccidiens. Comme pour tous les rongeurs, les antibiotiques (notamment lors de plaies liées à un prédateur comme le chat) sont utilisés avec précaution. Ils s’accompagnent de l’administration de probiotiques, afin d’éviter les déséquilibres de la flore digestive.

CAS DES JUVÉNILES

Recueil

Il s’agit souvent de jeunes tom­bés des arbres lors de leurs premières sorties ou poussés par un prédateur, voire dont le nid a été détruit, à l’occasion de travaux d’élagage notamment.

Les jeunes sont à réchauffer en priorité à l’aide d’une bouillotte, qui sera maintenue tout au long de l’élevage ; la température doit rester constante.

Nourrissage

Les petits écureuils sont nourris avec du lait maternisé pour chatons (jamais de lait de vache) distribué avec une seringue munie d’une tétine (voir photo 5 en page 56). Ils apprennent rapidement à tenir eux-mêmes la seringue entre les pattes (voir photo 6) ! Le volume administré est de 5 % environ de leur poids au maximum par repas. Les tétées des très jeunes s’effectuent sur un tapis chauffant, car ils sont extrêmement sensibles au froid. Il est nécessaire de stimuler doucement la zone ano-génitale après chaque repas, avec un linge ou un coton-tige humide et tiède, pour déclencher la miction et/ou la défécation. Une pesée quotidienne, le matin à jeun, permet de vérifier que la croissance est continue et régulière (voir photo 7).

Sevrage

Le sevrage est réalisé en douceur : des noisettes et des noix sans leur coque sont d’abord proposées. Les jeunes écureuils commencent par jouer avec et apprennent progressivement à les croquer. Sont ensuite distribués des petits morceaux de pomme, de banane, des rondelles de carotte, puis de la verdure. À partir de 8 semaines d’âge, le lait maternisé est diminué proportionnellement à la consommation des aliments solides, pour être arrêté définitivement vers 2,5 à 3 mois, lorsque les jeunes atteignent un poids de 280 g environ.

Devenir

L’habituation à l’homme, si elle semble forte au départ lors d’élevage à la main (les jeunes écureuils escaladent facilement les personnes), est réversible. Les animaux redeviennent rapidement distants dès que la réhabilitation est entamée. Malgré tout, il ne s’agit pas de transformer les jeunes écureuils en animaux de compagnie : ils doivent, dès que possible, être élevés en fratrie, et les contacts avec l’homme sont limités à ce qui est nécessaire pour l’alimentation et le développement psychomoteur.

La réhabilitation s’effectue obligatoirement de façon progressive, via la méthode du “taquet” : l’animal est habitué à un nichoir installé dans un lieu favorable, loin des prédateurs, et de la nourriture y est apportée quotidiennement les premiers temps. Avant cela, les jeunes bénéficient d’une installation de type cage en plein air, qui leur permet de développer leur équilibre et leur dextérité, et doivent être capables de décortiquer les aliments qu’ils trouveront dans la nature (noix, noisettes, cônes de résineux). Le relâcher n’est pas effectué avant l’âge de 3 mois. Une telle réhabilitation ne peut (et ne doit légalement) être réalisée que dans un centre de sauvegarde de la faune sauvage.

DEVENIR DES ÉCUREUILS CAPTURÉS

→ Réglementation

L’écureuil roux est protégé par la loi. Cela signifie que sa capture, sa détention et sa destruction sont interdites. Tout écureuil roux malade ou blessé peut être conduit dans un centre de soins de la faune sauvage ou chez un vétérinaire, qui le transférera ensuite dans un centre de soins habilité s’il peut être sauvé.

→ Centres de soins généralistes ou spécialisés dans les écureuils

SOS écureuil roux : Béatrice Vavasseur, bea.vavasseur@aliceadsl.fr ; tél. 06 70 62 93 46 ; http://grifouniou.free.fr/sosecu2/

Cedaf, école vétérinaire de Maisons-Alfort : Marion Humbert, cedaf@vet-alfort.fr

Autres centres dans toute la France : Union française des centres de sauvegarde, uncs.chez.com

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