Plus de 10 000 congressistes réunis à Birmingham - La Semaine Vétérinaire n° 1494 du 04/05/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1494 du 04/05/2012

Triple congrès Bsava-Fecava-Wsava

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À LA UNE

Auteur(s) : KARIN DE LANGE

« London may have the Olympics, but Birmingham got the vets! »1 C’est par ces mots que le président de l’Association britannique des vétérinaires pour animaux de compagnie (Bsava), Andrew Ash, a accueilli les participants lors de la cérémonie d’ouverture du congrès Bsava-Fecava-Wsava2.

Le concept One Health (“une seule santé”) était au premier plan du programme scien-tifique à Birmingham (Royaume-Uni), du 11 au 15 avril dernier. « Voyages internationaux et maladies infectieuses » était le thème d’une demi-journée de conférences, tandis que la Wsava présentait son premier Global One Health award, décerné à Ab Osterhaus (Pays-Bas), qui consacre son rôle dans la lutte contre le syndrome respiratoire aigu sévère (Sras) et l’influenza aviaire. Vétérinaire de formation et professeur de virologie pour les étudiants des 2 médecines, il a souligné que les vétérinaires « sont les mieux outillés » pour la pathologie comparée et que leur rôle dans l’approche One Health est donc indiscutable. À titre d’illustration, il a cité la pandémie récente d’influenza aviaire, pendant laquelle la santé publique a été gérée en parallèle avec la maîtrise de l’infection chez les volailles et les oiseaux migrateurs. En revanche, lors de sa conférence Wsava (« De zoonose à pandémie : et après ? »), il a rappelé que ses collègues, au début de sa carrière de virologue, lui prédisaient qu’il serait « sans travail dans les 10 ans à venir ». Car à la fin des années 70, la variole venait d’être éradiquée et les vaccins semblaient avoir la réponse à tout…

Réseau de surveillance

Alan Radford, de l’université de Liverpool, a présenté le réseau de surveillance vétérinaire d’animaux de compagnie (Savsnet), dont l’objectif est de « collecter des données et de les diffuser à la communauté scientifique », avec un focus sur les maladies infectieuses et l’usage et les résistances des antibiotiques. Les informations sont fournies par 2 types de sources : les laboratoires d’analyses et les structures vétérinaires. Les données issues des 35 cabinets vétérinaires (anonymes) britanniques inclus dans le projet pilote ont par exemple permis de révéler qu’en moyenne, « 40 % des consultations d’animaux de compagne ont abouti à une ordonnance d’antibiotique ». De même, dans 60 % des consultations pour diarrhée, des antibiotiques faisaient partie du traitement.

« Cette surveillance n’a pas pour but une chasse aux sorcières ou un jugement moral. Nous souhaitons divulguer les données obtenues aux vétérinaires comme points de référence, afin qu’ils puissent évaluer leurs habitudes selon ces résultats, a expliqué Alan Radford. Ces dernières années, l’OMS3 et l’OIE3 ont fait de l’usage des antibiotiques et de l’antibiorésistance leur cheval de bataille. Il est essentiel que nous nous demandions pourquoi ces taux sont si élevés. » Dans les années à venir, il espère étendre la surveillance Savsnet à l’ensemble du pays, voire ailleurs en Europe.

Combat mondial contre la rage

Pendant la conférence de presse, le Pr Michael Day, président du comité One Health de la Wsava, a également détaillé les principaux objectifs et défis dans ce contexte. « Pour la plupart des gens, One Health inclut la santé publique, les animaux de rente, l’environnement et la faune sauvage. Pourtant, le rôle des animaux de compagnie (chiens et chats, mais aussi poules et porcs de compagnie, de plus en plus populaires, et les NAC) ne devrait pas être oublié », a-t-il souligné.

Leur impact principal dans ce domaine se situe au niveau du lien homme-animal, en tant qu’animaux de compagnie, mais aussi d’assistance ou de thérapie. Les zoonoses sont également un facteur important, avec les maladies infectieuses comme la rage et la leishmaniose. « La rage tue quelque 55 000 personnes chaque année. Même si ce n’est peut-être pas une priorité européenne, la lutte contre cette maladie fait clairement partie de notre champ d’action. C’est une priorité pour notre profession de prendre les devants dans les domaines de la lutte et de l’éducation, vu la proximité croissante entre l’homme et ses animaux. » Actuellement, la Wsava est à l’origine d’initiatives destinées à améliorer la collaboration internationale sur le front de la rage, « entraînant nos confrères praticiens ».

Finalement, les animaux de compagnie jouent un rôle important pour la recherche médicale comparée et translationnelle. « Les chiens ont de nombreuses maladies en commun avec nous, dont le cancer, l’arthrose, les allergies et l’obésité. » Dans le cadre One Health, la Wsava est également en contact avec des organisations globales comme l’OIE et l’OMS.

La zoothérapie aussi

Le lien homme-animal fait partie intégrante de l’approche One Health, a confirmé Simon Orr, président de la Fecava. Lors du symposium Fecava sur les zoothérapies (animal-assisted therapy), il a rappelé que les vétérinaires sont « éminemment qualifiés » pour jouer un rôle dans ce domaine, qui touche à la fois aux santés publique et animale, ainsi qu’au bien-être des animaux. En 2011, la Fecava a d’ailleurs formulé une déclaration de principe sur la zoothérapie4.

Le Pr James Serpell (université de Pennsylvanie, États-Unis) a décrit l’histoire de la zoothérapie et a formulé des hypothèses sur ses mécanismes d’action. Il a également présenté plusieurs études scientifiques qui confirment l’effet bénéfique de tels traitements sur la santé et le comportement social de l’homme, non sans mettre en garde contre l’impact éventuel en termes de bien-être animal : « Les dauphins, par exemple, sont maintenant utilisés dans le monde entier dans des programmes pour enfants autistes, sans la moindre preuve scientifique que le contact avec ces animaux soit effectivement bénéfique… sauf pour les revenus des organisateurs eux-mêmes. » En revanche, le bien-être des dauphins est sévèrement compromis, car ils sont souvent capturés et détenus dans des conditions déplorables. Mais le risque peut aussi concerner les animaux domestiques : « Peu de chiens sont faits pour le rôle de “visiteur hospitalier”, qui consiste à se laisser caresser pendant des heures par des inconnus dans un environnement stressant. » Et d’ajouter que fort peu de propriétaires sont capables de reconnaître des signes de stress chez leur propre chien. James Serpell a donc appelé à une standardisation et à une accréditation des fournisseurs de zoothérapie, en soulignant l’importance du rôle du vétérinaire dans ce secteur.

Management et controverses

Un autre thème fort abordé à Birmingham était celui du practice management (gestion du cabinet), soulignant l’importance d’acquérir de nouvelles compétences, comme la délégation des responsabilités, la motivation et la gestion de l’ensemble de l’équipe vétérinaire et la compréhension du point de vue du client, afin de fournir des taux de satisfaction élevés de façon permanente. L’occasion pour la Bsava d’annoncer la publication de son nouveau Manual of Small Animal Practice Management and Development, rédigé par Marion Chapman et Carole Clarke.

La médecine du lapin a également bénéficié d’une journée entière de conférences, de même que les auxiliaires, tandis qu’une session et une journée précongrès étaient consacrées à la médecine féline. La notion “cat friendly clinic” a été lancée à Birmingham par la Société internationale de médecine féline (ISFM), en collaboration avec Nestlé Purina, afin d’aider les cabinets à s’adapter au mieux aux chats et à valider ces efforts par une reconnaissance officielle. Lancé au Royaume-Uni, l’ISFM prévoit de développer ce concept dans d’autres pays européens.

En dehors des conférences “classiques”, le programme scientifique a également consacré une demi-journée à la formation (comment publier un article scientifique), tandis que le volet “debates and controversies” a permis d’entendre les arguments autour des thèmes comme les limites éthiques du traitement médical et chirurgical des animaux, l’application de la cascade, la stérilisation précoce ou encore la césarienne dans la filière des éleveurs canins.

Les prochains rendez-vous sont programmés à Auckland en Nouvelle-Zélande (Wsava, 6 au 9 mars 2013), Dublin en Irlande (Fecava, 2 au 5 octobre 2013) ou simplement à Birmingham (Bsava, 4 au 7 avril 2013).

  • 1 « Londres a peut-être obtenu les jeux Olympiques, mais Birmingham a eu les vétérinaires ! »

  • 2 Fecava : Fédération des associations vétérinaires européennes pour animaux de compagnie, Wsava : Association mondiale de vétérinaires pour animaux de compagnie.

  • 3 OMS : Organisation mondiale de la santé, OIE : Organisation mondiale de la santé animale.

  • 4 http://www.fecava.org/sites/default/files/files/Fecava%20policy%20statement%20on%20AAT.pdf

  • 1 Voir les nouveautés de l’exposition commerciale en page 24 de ce numéro.

Prix et annonces

• Nominations

→ Nouveau président de la World Small Animal Veterinary Association (Wsava) : Peter Ihrke (États-Unis).

→ Nouveau président de la Federation of European Companion Animal Veterinary Associations (Fecava) : Simon Orr (Royaume-Uni).

→ Nouveau président de la British Small Animal Veterinary Association (Bsava) : Mark Johnston.

• Remises de prix

→ Wsava Hill’s excellence in veterinary healthcare award : Marty Becker (États-Unis).

→ Wsava international award for scientific achievement : Richard Haliwell (Royaume-Uni).

→ Wsava global One Health award : Ab Osterhaus (Pays-Bas).

→ Wsava Hill’s pet mobility award : Daniel Lewis (États-Unis).

→ Wsava president’s award : Anjop Venker-van Haagen (Pays-Bas).

→  Fecava award for best article : Nicki Grint (Royaume-Uni).

Le congrès en chiffres

Le triple congrès a accueilli quelque 7 100 visiteurs venus de plus de 70 pays (soit 22 % d’augmentation par rapport à 2011), dont environ 5 000 vétérinaires et 2 000 auxiliaires, gestionnaires de cabinets et étudiants vétérinaires. Comme d’habitude, les pays scandinaves étaient particulièrement bien représentés, suivis par les États-Unis, l’Australie et l’Allemagne. Avec plus de 3 000 exposants, le compteur dépasse donc la barre des 10 000 participants.

Cependant, l’ambiance et la qualité de ce rendez-vous étaient les mêmes que d’habitude. Le congrès s’est déroulé pour la 22e année consécutive dans l’International Congress Centre, qui célébrait cette année son 21e anniversaire (la première édition du congrès a eu lieu juste avant l’ouverture officielle du complexe). Il a offert aux participants une formation permanente de qualité en 14 sessions parallèles sur 4 jours, ainsi que 13 congrès satellites, 70 conférenciers britanniques et 43 internationaux (dont notre confrère Nicolas Granger d’Oncovet, à Lille).

E-business

Le programme scientifique et l’exposition commerciale5 en “app” sur iPhone, des badges scannés à l’entrée de chaque salle, un enregistrement des conférences en mp4… les vétérinaires sont entrés dans le monde numérique !

Une autre illustration de ce phénomène a été fournie par la Fecava, qui a annoncé que sa publication, l’European Journal of Companion Animal Practice (Ejcap), sera désormais exclusivement disponible en ligne, avec une flexibilité et une interactivité accrues.

À la mode également cette année, en guise d’attraction dans l’exposition commerciale : la marque à la pomme. Plusieurs laboratoires proposaient en effet sur leur stand de gagner des prix “Apple/Mac”, dont Hill’s Pet Nutrition (MacBook), Merial (MacBook Air), Practice Plan (iPod Touch), VetShare (Apple TV) et Boehringer Ingelheim (gamme de produits Apple).

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