Le stress à l’abattoir évalué scientifiquement - La Semaine Vétérinaire n° 1490 du 06/04/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1490 du 06/04/2012

Thèse

Dossier

Auteur(s) : MARINE NEVEUX

Le prix de thèse de l’OABA, destiné à encourager les travaux scientifiques relatifs aux animaux, a été décerné cette année à Cécile Bourguet pour sa thèse d’université intitulée « Le stress pendant la période d’abattage chez les bovins ». Ce travail a été mené dans l’unité Inra de Clermont-Ferrand-Theix. « Son objectif général consiste à comprendre l’origine du stress chez les bovins à l’abattage avec les facteurs liés à l’animal et ceux liés à l’environnement », explique Cécile Bourguet. Dans un second temps, des solutions d’amélioration concrètes sont proposées. 190 bovins adultes sont ainsi suivis individuellement depuis le déchargement à l’abattoir jusqu’à la saignée, uniquement via des observations ou des mesures physiologiques. « Dans l’abattoir où l’étude a été menée, le déchargement était assez rapide, car les opérateurs laissaient du temps aux animaux. » Cela n’est effectivement pas paradoxal, car les bovins peuvent ainsi s’acclimater au changement de luminosité. Cécile Bourguet a détaillé les tests menés en parallèle afin d’individualiser les facteurs. Ainsi, le principe des expérimentations s’intéresse aux réactions des bovins lors de situations de stress : nouveauté, séparation sociale, manipulation, soudaineté. Ces facteurs sont ensuite étudiés à l’abattoir. Cécile Bourguet met en évidence que la confrontation à la nouveauté contribue significativement au stress à l’abattoir.

Le stockage des bêtes a aussi été observé. La durée de celui-ci avant l’abattage atteint 20 heures en moyenne. Elle va jusqu’à 48 heures pour certains groupes d’animaux. Un temps qui ne permet pas pour autant aux bêtes de se reposer, car les conditions de stockage ne sont pas adéquates.

La présence d’animaux qui, souvent, restent seuls sur le quai ou dans le couloir d’abattage est également notée. Or, « l’isolement social est une source de stress dans le contexte de l’abattage », démontre Cécile Bourguet. Sont également relevés l’absence d’abreuvement et de nourriture (y compris au-delà de 12 heures), l’espace insuffisant, le mélange avec d’autres lots d’animaux.

Des contraintes psychiques, mais aussi physiques

Les contraintes physiques s’ajoutent au stress psychologique. L’étude montre, en s’appuyant sur un groupe témoin, que la privation alimentaire et l’activation physique augmentent les tensions. « Les contraintes physiques exacerbent le stress », remarque Cécile Bourguet.

L’étude relative à la conduite dans le couloir d’amenée révèle de nombreux obstacles : passage droit, sol non homogène, événements douloureux (décharges électriques) et soudains. « Cela contribue aussi au stress des bovins dans le contexte de l’abattage. » De nombreuses tentatives de fuite sont observées.

En deuxième partie, la thèse propose plusieurs recommandations : ne pas surestimer la capacité d’abattage, placer des abreuvoirs fonctionnels, alimenter les bêtes, prévoir des espaces suffisants, ne pas mélanger les lots d’animaux, placer des antireculs dans les couloirs et des antidérapants, assurer l’homogénéité de la lumière, tester l’utilisation d’un sac plastique pour éviter l’aiguillon électrique.

« Le stress en abattoir, c’est quelques grands principes et une multitude d’événements cumulés », conclut Cécile Bourguet.

RECOMPENSES DE L’OABA

Cette année, l’OABA a choisi de récompenser les avocats qui interviennent pour le compte de l’œuvre dans des procédures judiciaires engagées. Les démarches sont souvent longues, ainsi que l’a expliqué Me Eva Souplet. « Des articles de loi existent pour défendre les animaux des actes de maltraitance, pourtant nous passons beaucoup de temps à inciter les parquets pour qu’ils appliquent la loi », déplore Me Marie-Rose Gaasch. Me Jean-François Manière a également dénoncé des souffrances animales, via le cas d’éleveurs de Côte-d’Or qui effectuaient des césariennes sur leurs vaches. Ceux-ci avaient d’ailleurs déjà été condamnés en 2006. Une seconde affaire, portée jusqu’à la Cour de cassation, est actuellement en cours pour des faits similaires en 2010 et 2011.

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