Les herpèsviroses chez le cheval - La Semaine Vétérinaire n° 1489 du 30/03/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1489 du 30/03/2012

Formation

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : SOPHIE PAUL-JEANJEAN

Chez les équidés, les virus les plus pathogènes sont les herpèsvirus équins de type 1 (EHV 1, responsables d’avortement chez la jument, de mortalité néonatale, de maladie respiratoire chez le très jeune poulain et de troubles neurologiques), l’EHV 4 (rhinopneumonie stricto sensu, à tous les âges mais surtout chez les jeunes chevaux) et l’EHV 3 (exanthème coïtal). L’EHV 1 et l’EHV 4, très proches immunologiquement, étaient initialement confondus.

La famille de ces herpèsvirus est caractérisée par les phénomènes de latence ou de persistance pendant toute la vie de l’animal (présence de l’ADN circulaire du virus dans un ganglion nerveux) et de réactivation du virus à l’occasion d’un stress qui provoque des récurrences de la maladie. De plus, un animal à la sérologie négative est susceptible d’être infecté par un herpèsvirus.

MÉCANISMES D’INFECTION

Les mécanismes d’infection des virus herpès sont complexes. Lors de contamination par un herpèsvirus HSV-1 labial par exemple, après une phase de multiplication dans l’épithélium cutanéo-muqueux, le virus entre dans les ramifications des nerfs sensitifs, puis les capsides virales migrent via le flux axonal, pénètrent dans le noyau du neurone (ganglion sensitif) et entament une phase de latence. La phase de réactivation se caractérise par la reprise de la réplication virale. Elle est induite par différents facteurs (fièvre, maladies infectieuses, stress, UV, etc.). Le virus migre ensuite de façon antérograde et se remultiplie au niveau de l’épithélium cutanéo-muqueux. Les virus équins sont peu connus, mais constituent une piste de recherche majeure pour stopper ces infections. Grâce aux nouvelles méthodes de biologie, l’infectiologie progresse rapidement (possibilité de détecter des virus non identifiés). Les nouveaux outils devraient également mettre en évidence les phénomènes de latence virale.

Chez le cheval, le portage des herpèsvirus est important. Les avortements dus à l’EHV 1 interviennent surtout au cours des 4 derniers mois de la gestation. Le mode de transmission principal est respiratoire (via le jetage). Toutefois, une transmission verticale (de la mère au poulain) et, dans une moindre mesure, via l’environnement (personnel, etc.) est également possible. Des formes neurologiques existent aussi avec l’EHV 1 (3-5 à 10 % des cas).

DIAGNOSTIC

Le diagnostic d’une herpèsvirose est clinique et confirmé par le laboratoire : lors d’affection respiratoire, le cheval présente une hyperthermie marquée et des signes respiratoires (jetage séreux, toux, abattement, anorexie). L’atteinte respiratoire profonde est rare. La plupart des chevaux vaccinés ne développent qu’une pharyngite.

Lors de forme abortive, l’avortement ne s’accompagne généralement ni de prodromes ni de complications. L’infection a lieu par voie respiratoire, se transmet au système nerveux puis se localise au niveau génital. Les avortements surviennent 2 semaines à plusieurs mois après la contamination.

L’avorton ne présente pas de signe extérieur particulier. De petits abcès sur le foie et la rate peuvent être notés. L’isolement viral s’effectue sur le poumon, le foie ou le placenta. La mise en culture cellulaire permet d’observer un effet cytotoxique. La polymerase chain reaction, outil de choix, permet de détecter de très faibles quantités de virus, et de distinguer EHV 1 et 4.

TRAITEMENT

Aucun traitement curatif n’est envisageable, car les molécules antiherpétiques seraient trop coûteuses et la possibilité de variant limiterait leur efficacité. Les seules mesures sont la prophylaxie sanitaire et médicale. Les virus EHV 1 et 4 sont capables d’induire une forte réponse immunitaire chez l’hôte. La vaccination est donc possible contre ces 2 virus. Les vaccins inactivés ou sous-unitaires sont les seuls autorisés en France.

Le taux d’avortement à EHV 1 et la quantité de virus excrétée baissent fortement chez les populations vaccinées. Le vaccin revêt donc un intérêt collectif en raison de la diminution de la circulation du virus.

Les schémas vaccinaux sont les suivants : à partir de 5 à 6 mois d’âge, une primovaccination (2 injections à 1 mois d’intervalle) est effectuée, suivie de rappels réguliers, idéalement tous les 6 mois. L’optimum est de vacciner les juments poulinières avant la saillie, avec 2 injections espacées de 1 mois, puis de procéder aux rappels vers le 6e mois de gestation. La protection croisée entre les virus EHV 1 et EHV 4 n’est pas prouvée : il est préférable d’administrer les vaccins qui possèdent les 2 valences EHV 1 et EHV 4. En cas d’épisode respiratoire, il est envisageable de revacciner l’effectif, à l’exception des chevaux en phase d’hyperthermie marquée. Lors d’épisode neurologique, la vaccination d’urgence est conseillée en effectif naïf.

  • Article rédigé d’après la conférence de Stéphan Zientara (Anses) et Loïc Legrand (laboratoire F. Duncombe), présentée lors de la journée de la commission équine de la SNGTV du 3/11/2011, accueillie à Paris par Pfizer.

LES HERPÈSVIRUS

Les herpèsvirus sont des virus à ADN cosmopolites qui appartiennent la famille des Herpesviridae et qui touchent de nombreuses espèces animales. Un nouvel ordre, celui des Herpesvirales, parmi lesquels se trouvent les Herpesviridae (présent chez les mammifères, les oiseaux et les reptiles), les Alloherpesviridae (poissons, grenouilles) et les Malacoherpesviridae (mollusques), a été créé.

Chez l’homme, les virus de l’herpès facial et génital, de la varicelle, du zona, et de la mononucléose sont rencontrés. Chez les bovins, les virus de la maladie d’Aujesky ou de la rhinotrachéite bovine (IBR) font partie également des Herpesviridae.

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