Cancérologie et chirurgie : les enseignements du dernier congrès de l’ACVS - La Semaine Vétérinaire n° 1488 du 23/03/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1488 du 23/03/2012

Formation

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : PHILIPPE ZELTZMAN

Le congrès de l’American College of Veterinary Surgeons (ACVS) a eu lieu du 3 au 5 novembre 2011 à Chicago, en Illinois1. Lors des conférences sur le thème de la cancérologie, l’accent a été mis sur l’approche pluridisciplinaire du cancer : chirurgie, oncologie médicale, imagerie et radiothérapie, en particulier.

Adénocarcinome des sacs anaux : des métastases locorégionales sous-diagnostiquées

Nick Bacon (école vétérinaire de Floride) conseille de se méfier des résultats de “petites” études scientifiques publiées récemment, notamment dans le cas de l’adénocarcinome des sacs anaux. Ces travaux paraissent aboutir à certaines conclusions, pronostiques entre autres, qui sont ensuite invalidées par des essais portant sur un plus grand nombre d’individus. Les connaissances sur cette maladie et son traitement ont évolué avec le temps. Pourtant, il semble que, lors du bilan d’extension pour la recherche de métastases, « plus on regarde, plus on en trouve ». Dans le cas de métastases aux ganglions sous-lombaires, voici les taux de résultats positifs selon les examens mis en œuvre :

– 41 % lors de toucher rectal associé à une radiographie ;

– 47 à 72 % pour la radiographie et l’échographie ;

– 88 % avec l’imagerie par résonance magnétique ;

– 96 % pour la ponction à l’aiguille fine et l’histopathologie.

L’exérèse de l’adénocarcinome des sacs anaux est, par définition, marginale. Il est impossible d’obtenir des marges saines généreuses, ce qui justifie le recours à d’autres modalités telles que la radiothérapie et/ou la chimiothérapie. Si la paroi rectale est affectée, elle doit être excisée et reconstruite.

Notre confrère estime que les praticiens ont tendance à sous-diagnostiquer le taux de métastases aux ganglions sous-lombaires, alors que la plupart des individus en meurent à terme. Il y a quelques années, il était enseigné que seulement 10 % des animaux étaient encore en vie 1 an après l’exérèse d’une telle tumeur. Les études récentes font état de près de 90 % de survie à 1 an !

Mélanome buccal : intérêt de la chimiothérapie métronomique et du vaccin

Susan LaRue, Deanna Worley (école vétérinaire du Colorado) et Anthony Mutsaers (école vétérinaire de Toronto, Canada) ont présenté le traitement du mélanome malin dans la cavité buccale. L’une des difficultés de l’intervention chirurgicale est le besoin fréquent de techniques de reconstruction lors d’une exérèse large afin d’obtenir des marges saines. Si la lésion est de petite taille, la chirurgie ou la radiothérapie peuvent permettre un bon contrôle local. Cependant, le risque de métastase reste élevé.

La chimiothérapie dite “métronomique” consiste à administrer fréquemment de faibles doses de médicaments chimiothérapeutiques. Cette stratégie minimise les effets secondaires, à tel point que certaines spécialités peuvent être prescrites quotidiennement. Au contraire, la chimiothérapie classique requiert des pauses dans le traitement afin d’observer et de traiter les effets indésirables éventuels. Dans le cas du mélanome malin buccal, l’un des protocoles fait appel au cyclophosphamide.

Le “vaccin” thérapeutique contre le mélanome semble prometteur en complément d’une excision chirurgicale. Ce vaccin à ADN, commercialisé aux États-Unis, code pour la tyrosinase humaine et stimule le système immunitaire de l’animal. Les résultats préliminaires sont favorables, avec de rares effets secondaires.

Mastocytome : difficultés du bilan d’extension

Susan LaRue, Anthony Mutsaers et Sarah Boston (école vétérinaire de Guelph, Canada) ont discuté le meilleur bilan d’extension lors de mastocytome. Si un ganglion lymphatique locorégional est facile d’accès, une ponction à l’aiguille fine et/ou une exérèse sont conseillées. En revanche, la réalisation systématique de clichés radiographiques et d’une ponction de moelle osseuse fait débat, car plusieurs études indiquent un taux de résultats positifs très faibles.

Sarah Boston et Jessica Fung (école de Guelph, Canada) ont d’ailleurs présenté un poster à ce sujet. Sur 115 chiens atteints d’un mastocytome, 1 seul présentait des métastases pulmonaires visibles à la radiographie (0,9 %). L’échographie abdominale, quant à elle, a retrouvé des métastases dans moins de 5 % des cas. Le foie, la rate et les ganglions lymphatiques viscéraux sont affectés, respectivement, chez 10, 12 et 8 individus. Les 3 localisations sont touchées simultanément chez 3 chiens. La ponction de moelle osseuse est positive dans moins de 5 % des cas. Ces résultats sont à comparer à l’envahissement des ganglions lymphatiques locorégionaux, qui est démontré dans 64 % des cas.

  • 1 Le prochain congrès se tiendra du 1er au 3 novembre 2012 au National Harbor dans le Maryland, près de Washington DC.

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