Opportunité à saisir ou paperasse superflue, le BSE partage les opinions

Créés par le décret prescription-délivrance en 2007, le bilan sanitaire — d’élevage ou d’écurie — et son homologue le protocole de soins sont devenus des incontournables de la pharmacie vétérinaire, ainsi que des outils administratifs obligatoires. Le bilan sanitaire d’élevage (BSE) consiste à dresser l’état sanitaire d’une exploitation lors d’une visite annuelle et de rédiger un rapport indiquant les principales affections observées chez les animaux durant l’année écoulée. Il s’agit d’un préalable indispensable à la rédaction d’un protocole de soin. Y sont précisées les affections prioritaires et celles susceptibles de donner lieu à une prescription sans examen clinique du ou des animaux malades, ainsi que les critères d’alerte qui imposent d’effectuer un nouveau bilan sanitaire. Le vétérinaire traitant rédige un protocole afin de vendre des médicaments hors examen clinique à ses clients, mais ceux-ci peuvent s’approvisionner où ils veulent, du moment qu’ils ont une ordonnance.

Le BSE est très utile selon 15 % des vétonautes, inutile pour 14 % : après quelques années d’existence, les avis des confrères sont toujours partagés. Le BSE est tantôt diabolisé, parce qu’il a ouvert la porte réglementaire à un usage non traditionnel de la prescription, voire à des abus¹. La notion de vétérinaire traitant est parfois élastique et beaucoup d’ayants droit se partagent le droit de vendre des médicaments.

Le BSE est parfois mal aimé car, comme le soulignent plus de 25 % des praticiens qui ont participé à notre sondage, il « augmente la quantité de paperasse à remplir », donc la partie administrative du travail des vétérinaires. Cela est particulièrement vrai la première année où il est réalisé ou lorsque la situation sanitaire se dégrade et impose de refaire un tour complet de l’exploitation.

Il importe de convaincre le client de son utilité, qui ne réside pas que dans la possibilité de traiter ses animaux sans la visite systématique du vétérinaire. Le BSE est une obligation réglementaire, donc, par essence, difficile à rendre attractive.

Ce qui va de soi dans des filières organisées, dans lesquelles la prévention prime sur l’aspect curatif, est moins évident chez les clients qui possèdent peu d’animaux. Le rythme est sujet à caution. Une visite annuelle n’est pas toujours aisée à défendre face aux éleveurs.

Le décret prescription-délivrance prévoit la possibilité d’actualiser le protocole de soin lorsque la situation évolue, avec des BSE plus fréquents, mais pas de l’espacer si tout va bien.

Un bilan sanitaire offre la possibilité d’appréhender un élevage dans sa totalité, et d’avoir ainsi une vision d’ensemble des maladies ou des difficultés rencontrées par l’éleveur. Il s’agit, en effet, d’une approche globale de l’élevage, différente de la médecine individuelle, jugée plus traditionnelle, peu rentable et généralement inadaptée aux grands effectifs. C’est aussi le moyen de déterminer avec l’éleveur les besoins et les attentes de ce dernier.

• 1 Voir en pages 14 et 15 de ce numéro.