Votre formation vous a-t-elle bien préparé à la réalité du terrain ? - La Semaine Vétérinaire n° 1484 du 24/02/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1484 du 24/02/2012

Entre nous

FORUM

Auteur(s) : CAROLE ANDRÉ

Je ne savais pas communiquer avec les clients

Brice Masson, praticien à Épernay (Marne).

Je suis sorti de l’école de Toulouse en 2008. La différence entre la formation et la réalité du terrain est un sujet qui revient souvent dans les discussions entre confrères. Nous apprenons à soigner les animaux et nous sommes rapidement surpris par la relation avec la clientèle. Nous nous rendons vite compte que notre client n’est pas le chien, mais son propriétaire. Il faut passer du temps à communiquer, à expliquer notre travail et nous n’y sommes absolument pas prêts. Gérer un client difficile, expliquer et valoriser nos actes cliniques auprès des propriétaires d’animaux requiert des talents de communication que nous ne possédons pas forcément. Il convient de savoir présenter les choses clairement. Davantage de formation dans ce domaine est nécessaire. Les clients n’ont pas conscience du travail lié aux actes.

Par ailleurs, lorsque je vois le temps que passent mes employeurs à la gestion de l’entreprise, je réalise que cette partie représente l’une des grosses lacunes de notre formation. Dans les grandes structures, cela peut devenir un travail à plein temps. Les vétérinaires libéraux sont des chefs d’entreprise. Sur le plan technique, j’estime que le savoir que j’ai reçu est satisfaisant. Il nous manque seulement quelques armes pour faire face au quotidien.

La gestion de la pharmacie m’était inconnue

Tristan Labrador, praticien à Boussac (Creuse).

J’ai terminé mes études à Nantes en 2008. Je travaille maintenant en rurale, dans la Creuse, où je m’occupe beaucoup de vaches de races à viande. Je considère que la formation que nous avons reçue était complète sur le plan clinique. Cependant, ces connaissances sont nécessairement à compléter avec des expériences de terrain. Il n’est pas possible de tout apprendre à l’école. Petit à petit, en pratiquant au jour le jour, l’expérience se constitue. J’ai fait de nombreux stages en laitier pendant mes études. Ensuite, j’ai intégré la clinique dans laquelle je travaille aujourd’hui. J’ai eu la chance d’être bien entouré. Au début, j’étais toujours accompagné pendant les visites. En 2010, je suis devenu associé de la structure. J’ai alors découvert le monde de la gestion d’entreprise. C’est un véritable casse-tête que l’école ne nous apprend absolument pas à résoudre, alors que beaucoup d’entre nous se destinent à l’exercice libéral. Ce serait bien d’avoir quelques cours de gestion d’entreprise, d’apprendre ce qu’est l’Urssaf ou le fonctionnement de la TVA ! Nous aurions aussi pu avoir des notions plus importantes sur la gestion de la pharmacie, en savoir davantage sur les antibiotiques ou le temps d’attente entre les prises de médicament. Enfin, nous manquons de formation sur les animaux de basse-cour.

Nous n’avons aucune notion de gestion

Samuel Legru, praticien à Sens (Yonne).

Je suis globalement satisfait de la formation que j’ai reçue à l’école d’Alfort. J’ai commencé par faire des stages en région parisienne qui m’ont permis d’acquérir une petite expérience, puis j’ai cherché un poste. J’ai rapidement été embauché en canine dans une clinique. Nous étions 5 à l’époque et, dès le début, j’ai été aidé par mes confrères. Techniquement, nous sommes fort bien préparés. La réalité du travail correspond bien à l’idée que je m’en faisais pendant les études. Certes, notre savoir est théorique et nous manquons de pratique, mais cela vient avec le temps. Il existe tout de même quelques carences en chirurgie. Il faudrait avoir la possibilité de faire des stages plus longs pendant le cursus, afin de voir vraiment ce à quoi nous serons confrontés. En réalité, tout ce qui n’est pas lié à la médecine fait énormément défaut. La gestion d’une entreprise et la comptabilité, pourtant importantes dans un cabinet, ne nous sont pas enseignées.

Surtout, ce qu’on ne voit pas à l’école, c’est la quantité de travail à fournir. Nous sommes prévenus que la tâche est prenante, mais nous nous en rendons compte une fois dedans !

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