Une séance thématique consacrée à l’éthologie - La Semaine Vétérinaire n° 1482 du 10/02/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1482 du 10/02/2012

Académie vétérinaire

Actu

SANTÉ ANIMALE

Auteur(s) : MICHEL BERTROU

Cette discipline est désormais incontournable dans le cursus vétérinaire.

L’Académie vétérinaire a consacré, pour la première fois, une séance entière à l’éthologie, le 26 janvier dernier. L’auditoire inaccoutumé (60 participants) démontre l’attrait exercé par cette discipline, que la profession vétérinaire en France a tardé à prendre en compte. Un tournant s’est amorcé en 2002 lorsque l’ENVA a recruté un enseignant en éthologie. Bertrand Deputte, aujourd’hui professeur émérite et membre de l’Académie, coordonnait la séance. Dans sa présentation, il a insisté sur l’importance de l’éthologie dans le cursus vétérinaire comme fondement de l’approche clinique des troubles du comportement, ainsi que pour l’évaluation du bien-être animal (fortement promue par l’Europe). Il a également rappelé que l’éthologie est une discipline de recherche scientifique1 et que, si d’autres sciences fondamentales s’intéressent au comportement, elle est la seule à prendre en compte l’animal dans son entier (caractéristiques spécifiques et individuelles) et en interaction avec son environnement. Les espèces domestiques (de rente et de compagnie) ayant longtemps été délaissées par les éthologistes, les écoles vétérinaires ont manifestement un rôle à jouer pour faire progresser cet axe de l’éthologie.

Après que Bertrand Deputte eut retracé l’histoire encore jeune de cette science (dont les rebondissements spéculatifs témoignent de la vitalité), 2 communications ont confirmé l’intérêt vétérinaire de l’éthologie.

Le bien-être et les émotions sont liés

Alain Boissy, directeur de recherche à l’Inra2, a montré que l’éthologie appliquée aux animaux de ferme peut non seulement améliorer leur bien-être, mais aussi optimiser leur élevage. Ses expérimentations en éthologie sociale (qui étudie les liens entre l’animal et son groupe) chez les herbivores démontrent que la suppression du réallotement, préservant les affinités dans le groupe, réduit l’agressivité des animaux et améliore leur croissance. En conduite extensive, le maintien des relations d’affinité favorise également une meilleure exploitation du couvert végétal et développe l’autonomie (par facilitation des apprentissages entre partenaires). D’autres travaux en éthologie cognitive s’intéressent à la question des émotions3 chez les ovins. Ils mettent en évidence qu’une émotion ressentie par un agneau, plus qu’un simple réflexe, résulte d’un processus d’évaluation via une combinaison limitée de “checks”4 similaires à ceux définis chez l’homme. Ils établissent également le lien entre les émotions et le bien-être en démontrant qu’une accumulation d’émotions négatives altère durablement les capacités d’évaluation positive de l’animal.

Évaluer la nature et le niveau de mal-être de l’animal

Il revenait à Isabelle Vieira5 de montrer comment l’éthologie fondamentale a fait évoluer la démarche clinique à l’égard des troubles du comportement du chien. En la matière, beaucoup de questions scientifiques se posent encore, selon notre consœur. Quels sont les effets de la domestication, de la raciation et des fortes contraintes imposées par les humains (qui brident l’expression de certains comportements) ? Existe-t-il réellement une pathologie du comportement ? s’est-elle enfin interrogée. En s’appuyant sur un cas détaillé, notre consœur a exposé une approche individualisée qui porte son attention aussi bien sur le tempérament et le bilan émotionnel de l’animal que sur les caractéristiques de sa relation avec le propriétaire, ainsi que sur les facteurs de renforcement responsables des comportements-problèmes. Selon la comportementaliste, le rôle du clinicien consiste à évaluer la nature et le niveau de mal-être de l’animal, puis à tenter de mettre en œuvre un cheminement vers le mieux-être. Une démarche patiente qui établit des hypothèses et qui – de l’analyse fonctionnelle jusqu’à l’élaboration de solutions – ne perd jamais de vue la notion clé de l’approche éthologique : l’apprentissage.

  • 1 UMR 1213 Herbivores – équipe adaptation et comportements sociaux.

  • 2 Institut national de la recherche agronomique.

  • 3 Émotion : réaction affective, intense et fugace.

  • 4 Un événement est évalué selon : sa soudaineté, sa familiarité, sa prévisibilité, sa valence + ou -, sa correspondance aux attentes, le contrôle qu’a sur lui son rapport aux normes sociales.

  • 5 Comportementaliste DENVF, chargée de cours en éthologie clinique (ENVA, VetAgro Sup), présidente de Seevad.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr