UNE ÉQUIPE DE 6 PRATICIENS SUIT LA GRANDE ODYSSÉE SAVOIE-MONT-BLANC - La Semaine Vétérinaire n° 1482 du 10/02/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1482 du 10/02/2012

REPORTAGE

Auteur(s) : AURÉLIE LEVIEUGE

Les vétérinaires surveillent l’état de santé des animaux pour cette course de chiens de traîneaux, qui s’est déroulée du 7 au 19 janvier dernier.

Avec l’Iditarod et la Yukon Quest, la Grande Odyssée Savoie-Mont-Blanc fait partie des plus importantes courses de chiens de traîneaux au monde, avec une distance totale de plus de 1 000 km. Elle se divise en 9 étapes de plus de 100 km-effort chacune. Alors que les autres courses se déroulent dans des zones de plaines, la Grande Odyssée Savoie-Mont-Blanc se distingue par l’altitude à laquelle évoluent les concurrents et le profil du parcours, qui impose aux attelages de franchir plus de 30 000 m de dénivelé positif cumulé. 70 % de la course se déroulent en dehors des domaines skiables et la moitié des étapes ont lieu de nuit.

Une course de sportifs de haut niveau

33 attelages de 12 nationalités différentes, qui rassemblent plus de 400 chiens entraînés comme des athlètes de haut niveau, ont pris le départ.

Les chiens engagés dans ce type d’épreuves sont spécialement sélectionnés pour leurs qualités d’endurance, de puissance, de vitesse et de résistance au froid. La plupart des attelages sont composés d’alaskan husky. Cette race est issue de croisements entre des chiens nordiques et de course ou de chasse, ce qui leur confère un haut niveau de compétitivité et de vitesse en particulier. Les chiens de race husky sibérien, assez lourds, ne sont pas majoritaires dans la course. Pour cette dernière, chaque musher dispose d’un pool de 14 chiens, qu’il attelle par groupe de 8 ou 10 pour chaque étape, afin d’optimiser les périodes d’effort et de repos de chaque animal.

Un suivi médical permanent

Le travail des 6 vétérinaires consiste à s’assurer de l’aptitude médicale des chiens à être engagés dans une telle épreuve sportive et à assurer le soutien médical tout au long de la course. L’état de santé des animaux est quotidiennement vérifié, avant le départ et à l’arrivée de chaque étape et, en chemin, aux points de contrôle intermédiaires qui permettent d’évaluer leur état de fatigue, de contrôler leurs fonctions cardiorespiratoires et de vérifier leur état d’hydratation.

La majorité des affections rencontrées concernent l’appareil locomoteur (contractures musculaires, tendinites, arthralgies, plaies de coussinet et interdigitées). Même si l’utilisation de bottines protège les coussinets, le contact avec la neige et la glace est responsable de nombreux phénomènes d’abrasion ou de traumatismes (plaies, crevasses, gelures). Il en résulte, en outre, une action préventive de la part des vétérinaires, afin de minimiser a maxima ces affections purement sportives.

Les symptômes digestifs constituent le deuxième motif de consultation : diarrhées (syndrome stress-diarrhée-déshydratation), dilatation gastrique à la suite d’ingestion massive de neige et vomissements.

Un suivi particulier des perturbations métaboliques

Malgré une dépense énergétique très importante, des chutes d’appétit contre lesquelles il importe de lutter rapidement sont fréquemment observées. Le stress de la course ressenti par les animaux associé aux changements environnementaux et nutritionnels, à l’effort intense et à la fatigue peut entraîner une perte significative d’appétit. La déshydratation fait l’objet d’un dépistage attentif. Ainsi, l’équipe vétérinaire accorde toute son attention aux signes de diarrhées, aux vomissements, à la diminution de l’abreuvement spontané (y compris après l’effort), à l’abattement plus ou moins marqué de l’animal.

Enfin, le vétérinaire reste attentif aux signes d’hyperthermie d’effort, puisque la majorité de l’énergie produite se dissipe sous forme de chaleur. Lors d’effort intense, et malgré une température extérieure basse (de 0 à 5 °C) – mais parfois insuffisamment basse pour ces chiens – les capacités de thermorégulation peuvent être dépassées. En outre, les animaux sont entraînés ou proviennent d’Europe du Nord : ils sont donc habitués à courir par des températures bien inférieures à 0 °C. Enfin, des contrôles antidopage sont effectués sur les chiens par les vétérinaires de la course, sous le contrôle direct de l’Agence française de lutte contre le dopage qui, chaque année, envoie de manière aléatoire une de ses équipes sur la manifestation.

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