3 praticiens spécialisés exposent leurs points de vue - La Semaine Vétérinaire n° 1482 du 10/02/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1482 du 10/02/2012

Dossier

3 confrères titulaires de diplômes de spécialistes vétérinaires, français ou européens, expliquent leur choix, leur situation, et livrent leur avis sur l’évolution de la spécialisation vétérinaire.

Pourquoi avoir choisi la voie de la spécialisation ?

David Jacques : Dès ma sortie de l’école, j’ai prolongé ma formation avec 2 années d’internat en chirurgie. Passionné par cette discipline, je souhaitais me spécialiser et préparer le DESV. Au cours de mon stage de 1re année (CEAV) à la clinique Frégis, les docteurs Bouvy et Dupré, diplômés du collège européen de chirurgie, ont proposé d’ouvrir pour moi un poste de résident. Cette opportunité ne pouvait pas être refusée. Cette formation me semblait plus encadrée que le DESV. Le collège européen existait déjà depuis 10 ans, alors que la formation du DESV débutait. Je n’ai jamais regretté ce choix et je suis reconnaissant à mes confrères de m’avoir donné cette chance. L’absence de reconnaissance de mon diplôme en France m’a conduit à effectuer les démarches pour obtenir le DESV par la voie de la VAE. Je souhaitais exercer en référé, une activité pour laquelle le titre de spécialiste m’apparaît comme nécessaire à long terme.

Jérôme Braun : J’ai postulé en DESV d’anatomie pathologique dès la fin de mes obligations militaires. J’avais pratiqué auparavant en clientèle pendant 1 an et je savais que si je voulais me spécialiser, ce serait plus difficile après m’être lancé en exercice libéral. À l’époque, cette discipline était l’une des seules à proposer un cursus ouvrant sur un diplôme de spécialiste. Contrairement à la plupart des autres étudiants de ce DESV, qui se destinent à une carrière en laboratoire ou dans l’enseignement et la recherche, je souhaitais mettre à profit mes connaissances pour la pratique de terrain, ce que je fais depuis. Durant mes 3 années de formation, j’ai d’ailleurs conservé le contact avec la clientèle, pendant mes congés. Avec ce diplôme, je me réservais également la possibilité de m’orienter vers une autre activité, si jamais la clientèle ne me convenait plus.

Philippe Camuset : À la création du collège, j’ai saisi l’opportunité de pouvoir obtenir le diplôme par la voie de la VAE, plus rapide et moins coûteuse que la procédure usuelle. Ma formation, mon expérience et mon activité de formateur m’ont permis de monter un dossier pour une reconnaissance de facto comme spécialiste en médecine bovine. C’était l’occasion pour que les compétences que j’avais développées en parasitologie servent à quelque chose !

Comment valorisez-vous cette spécialisation au quotidien ?

D. J. : Une spécialisation est lon­gue à rentabiliser. La formation puis le développement de la clientèle représentent un investissement en temps (10 ans dans mon cas) et exigent des sacrifices financiers. La passion doit dépasser l’aspect rentabilité. En pratique, j’exerce désormais exclusivement en référé, avec 2 confrères également spécialisés. Toutefois, ce n’est pas un aboutissement : nous cherchons continuellement à améliorer notre service aux vétérinaires référents. Aujourd’hui, le diplôme de spécialiste manque encore de lisibilité. Les variantes de formation entre un titulaire d’un CES d’orthopédie et un diplômé du collège européen de chirurgie sont manifestes. Pourtant, certains confrères et la plupart des clients ne font pas la différence.

J. B. : Afin d’exercer ma spécialité, j’ai développé un partenariat avec un laboratoire de médecine humaine, qui traite mes lames histologiques. Je peux ensuite en effectuer la lecture et l’interprétation. Je propose ce service à quelques confrères, mais je n’ai pas cherché à développer cette activité. J’utilise également mes compétences pour les autopsies, que je réalise pour notre clientèle mais aussi dans le cadre de missions d’expertise qui me sont confiées. Je ne valorise sans doute pas au mieux mon diplôme d’un point de vue financier. Cependant, je ne suis pas persuadé que ce soit davantage le cas pour mes confrères qui travaillent en laboratoire. D’autres spécialités vétérinaires sont sans doute plus rentables.

Ph.C. : L’ECBHM bénéficie d’une bonne reconnaissance sur le plan européen, mais pas en France. Ici, je suis plutôt connu et reconnu pour mon implication au sein des Groupements techniques vétérinaires. Finalement, ce titre européen m’apporte davantage de contraintes que de bénéfices dans mon activité de praticien. C’est d’autant plus vrai que nous sommes peu nombreux à nous intéresser à la parasitologie : je connaissais déjà tous les spécialistes européens.

Quel est votre avis sur l’évolution de la spécialisation vétérinaire en France ?

D. J. : Les possibilités de spécialisation se sont développées, ce qui permet désormais à ceux qui sont motivés de réaliser leur projet. Le seul risque, à terme, est une saturation du marché. Il nous faut aussi rassurer les confrères généralistes, dont la crainte, pour certains, est de voir diminuer leur activité. Le spécialiste ne constitue pourtant qu’un recours pour les cas à approfondir. Il ne peut travailler sans le généraliste, dont les compétences sont élargies et qui demeure le premier contact avec l’animal et son propriétaire.

J. B. : Je constate que référer les cas complexes devient un réflexe chez les jeunes vétérinaires. La spécialisation va croissante et c’est sans doute un bien, car cela va dans le sens de la satisfaction du client. L’activité généraliste n’en diminuera pas pour autant. Tout vétérinaire peut progresser dans une discipline – l’ophtalmologie, par exemple –, mais référer une partie des cas. Dans ma spécialité, l’évolution est moins palpable, car elle requiert du matériel et des compétences que le vétérinaire généraliste n’a pas, le plus souvent : il a toujours confié ses prélèvements histologiques à un spécialiste.

Ph. C. : Le vétérinaire de terrain a besoin du spécialiste. Un concept comme l’evidence based medicine, par exemple, est fondamental. Toutefois, le praticien n’a pas le temps de le creuser. Le spécialiste apporte une plus-value en suivant les évolutions scientifiques et en analysant les publications pour en proposer une synthèse pratique et objective aux confrères. La rédaction de référentiels de travail fait aussi partie de sa mission, auprès des confrères, mais aussi des représentants de la profession et des services de l’État.

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