Quelques rappels sur la technique d’autopsie des volailles - La Semaine Vétérinaire n° 1480 du 27/01/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1480 du 27/01/2012

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/VOLAILLES

Auteur(s) : PATRICK CHABROL*, LORENZA RICHARD**

Fonctions :
*praticien à Bourg-en-Bresse (Ain), membre de la commission aviaire SNGTV. Article rédigé d’après la conférence « L’autopsie des volailles » lors des journées nationales des GTV en mai 2011 à Nantes.

En élevage intensif comme en basse-cour, l’autopsie se trouve au cœur de la démarche diagnostique chez les volailles. Pour Patrick Chabrol, praticien à Bourg-en-Bresse (Ain), « l’autopsie des volailles est l’élément indispensable au diagnostic final, la plaque tournante qui permet d’affiner les présomptions et de préciser le traitement ». Rappel des points importants.

ANAMNÈSE

L’anamnèse est capitale. « Se précipiter sur son bistouri sans anamnèse, sans connaissance de l’élevage ni données épidémiologiques, ne sert à rien », rappelle notre confrère. L’espèce, la souche, le type de production, le nombre d’animaux, le type d’élevage (biologique ou non), l’âge, le taux de mortalité et de morbidité, la date d’apparition des symptômes et les traitements précédents sont à demander.

Si un animal de basse-cour est amené à la clinique, le propriétaire est questionné afin de rassembler un maximum de renseignements, en particulier sur les symptômes observés, car il est impossible d’interpréter certaines lésions ou un résultat bactériologique en l’absence de commémoratifs. De plus, les laboratoires départementaux ne possèdent pas tous les mêmes compétences en matière d’aviculture, et le praticien doit souvent orienter les recherches bactériologiques selon ses hypothèses diagnostiques.

EXAMEN

Les hypothèses diagnostiques sont listées d’après l’anamnèse et l’examen des animaux. Entrer doucement dans le bâtiment, prendre le temps d’y rester permet d’observer les volailles, leur comportement et de noter les signes cliniques. Selon Patrick Chabrol, l’observation préalable de l’animal vivant est indispensable (car l’autopsie est un acte irréversible) pour formuler le diagnostic :

→ aspect extérieur (tête, plumage, pattes, peau) ;

→ signes respiratoires (toux, jetage, dyspnée) ;

→ signes digestifs (consistance et couleur des fèces) ;

→ signes nerveux (prostration, convulsion, torticoli).

CHOIX DES ANIMAUX

Observer les volailles permet également au praticien de choisir lui-même celles qui seront autopsiées. Le choix de l’éleveur n’est effectivement pas toujours adéquat. 4 à 5 oiseaux vivants peuvent être choisis pour un contrôle parasitaire. 50 % d’animaux morts et 50 % de vivants présentant les symptômes les plus caractéristiques seront utiles au diagnostic d’une maladie associée à de la mortalité.

EUTHANASIE

La technique d’euthanasie qui respecte au mieux le bien-être animal est l’injection de Doléthal® dans le sinus veineux occipital.

PRÉCAUTIONS

L’autopsie est préférentiellement effectuée dans un local facilement désinfectable au sein même de l’élevage, surtout en cas de suspicion d’influenza ou de toute autre maladie contagieuse (maladie de Newcastle, salmonelloses chez le poulet et la dinde à S. Typhimurium et S. Enteritidis, rouget). Dans ce dernier cas, le transport des cadavres jusqu’au cabinet vétérinaire ou au laboratoire est à proscrire.

Patrick Chabrol recommande de porter une attention particulière à la maladie de Newcastle chez le pigeon de chair. La vaccination est obligatoire, avec un vaccin qui dispose d’une AMM pigeon, mais le prix de ce dernier dissuade certains petits éleveurs de la réaliser.

PRÉPARATION DE L’ANIMAL

La saignée au fond du bec évite que le sang gêne l’autopsie (la saignée au cou souille la trachée). Mouiller le plumage évite que les plumes volent et contaminent les lésions de colibacilles. La luxation des articulations coxo-fémorales permet de stabiliser le cadavre en décubitus dorsal.

TECHNIQUE D’AUTOPSIE : POINTS ESSENTIELS

L’autopsie débute par l’examen du cadavre : poids, état d’embonpoint, aspect du plumage, de la peau, du bec, des yeux, des barbillons, de la crête, des pattes et du cloaque.

Après le retrait de la peau, les tissus sous-cutanés et les muscles pectoraux sont observés. Puis la trachée est ouverte longitudinalement afin d’examiner son contenu.

Une section en arrière du bréchet et 2 autres de chaque côté, le long des côtés, permettent de récliner le bréchet et d’accéder aux organes internes. Ceux-ci sont tout d’abord observés en place, puis détachés dans cet ordre : jabot, trachée, œsophage, cœur, poumons, proventricule et gésier, intestins et cæca, foie, rate et reins, bourse de Fabricius.

La couleur, la forme, la taille et les lésions notées sur chaque organe, fermé puis ouvert, sont analysées selon l’espèce, l’âge, les conditions d’élevage et les symptômes relevés.

EXAMENS COMPLÉMENTAIRES

L’autopsie est une porte ouverte vers des examens complémentaires, tels que la recherche de parasites ou la bactériologie. La recherche de parasites par étalement de fèces cæcales (liquides) et intestinales (moulées) entre la lame et les lamelles, est un examen rapide et peu onéreux qui permet au praticien d’observer des vers ou des œufs au microscope.

En résumé, l’autopsie effectuée avec méthode et minutie est riche d’enseignements, à condition que les commémoratifs aient été bien relevés et les animaux bien choisis.

Pour en savoir plus

  • Des formations à l’autopsie des volailles et différentes techniques, telles que des prises de sang, sont dispensées aux vétérinaires sanitaires dans chaque département. Renseignements auprès de la SNGTV ou des DDPP. Vidéos de technique d’autopsie des volailles consultables sur http://www.avicampus.fr/videos.html (Jean-Luc Guérin, ENVT).

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