BB, X, Y, Z : le b.a.-ba

Une même génération (voir encadré en page 26) peut se trouver dotée de plusieurs noms selon la perspective choisie. Peuvent ainsi être citées la “génération de l’entre-deux-guerres” (qui met l’accent sur le traumatisme de la Grande Guerre et les prises de pouvoir par Mussolini et Hitler, lesquelles ont conduit à la seconde guerre mondiale), la “génération perdue” (expression qui désigne un courant littéraire américain de l’entre-deux-guerres), la “génération krach” (dénomination qui insiste sur la crise économique mondiale de 1929 et la Grande Dépression) ou encore la “génération des congés payés” (1936). Les plus récentes sont aujourd’hui désignées par des lettres : générations BB (pour baby boomers), X, Y et Z (^{voir tableau ci-contre}).

Sans sombrer dans les stéréotypes, il n’en demeure pas moins que celles-ci ont chacune des caractéristiques intrinsèques, selon les sociologues, les psychologues et les experts en ressources humaines et/ou management qui se sont penchés sur le sujet. Tour d’horizon.

LES AVANT-BABY BOOMERS

Nés avant 1945, ils ont connu les guerres mondiales, le manque de tout dans la vie quotidienne, l’après-guerre et la reconstruction. Les notions d’effort, de travail, d’éthique, de sacrifice et de stabilité les caractérisent.

LES BABY BOOMERS

Comme leur nom l’indique, ils sont issus du baby boom qui a suivi la seconde guerre mondiale. La guerre froide, Mai 68, la guerre du Vietnam, la libération sexuelle, la lutte pour les droits civiques, l’émancipation des femmes et l’apparition des divorces ont, entre autres, marqué cette période.

Les notions d’idéalisme et de sens collectif leur sont propres. Pour cette génération, la réussite professionnelle est un facteur d’épanouissement. Ses représentants sont, globalement, fidèles à leur entreprise et travaillent dur. Ils fonctionnent culturellement sur l’honneur et la hiérarchie. Il y a un chef et des règles auxquels il convient de se plier. La rémunération se conçoit à l’ancienneté et selon la formation. Matérialistes, ils sont également les investigateurs des réformes sociales.

LA GÉNÉRATION X

La période qui va du milieu des années 60 jusqu’à la fin des années 70 est mouvementée, en particulier avec la chute du mur de Berlin, la catastrophe de Tchernobyl, la banalisation du divorce, l’arrivée de la pilule contraceptive, de l’informatique et du Sida.

Cette génération arrive sur un marché du travail vérolé par le chômage. Adolescents, leurs rêves d’enfants s’envolent et l’esprit punk émerge chez certains d’entre eux. Les X, plus pragmatiques qu’idéalistes, vivent plutôt dans et pour le présent. Cependant, cette génération s’est aussi battue pour ses libertés et les a obtenues avec brio. Les X se soucient de l’équilibre travail-famille. Dans leur vie professionnelle, l’expérience et l’expertise priment sur le reste. À leurs yeux, le manager ne domine pas à la façon du chef. Il est un membre du groupe et perçu comme un facilitateur. Le X rêve d’une rémunération égalitaire fondée sur l’expérience. Cette génération est considérée comme coincée entre les baby boomers et les Y, et n’a pas su réellement trouver ses repères, contrairement aux 2 précitées. La lettre X lui a donc été attribuée.

LA GÉNÉRATION Y

Pour ce groupe démographique, marqué notamment par les attentats du 11 septembre 2001 et la crise de la “vache folle”, la menace climatique et la fin des ressources naturelles illimitées sont devenues des réalités, comme le Sida qui semble avoir toujours existé. Le divorce est presque une banalité pour les Y. L’appartenance européenne leur a été inculquée. Ils ont été élevés avec les nouvelles technologies (Internet, téléphone portable).

L’Y fonctionne au contrat et à l’engagement réciproque. Il veut des règles du jeu claires. Dans un monde caractérisé par la vitesse et la technologie, il désire de l’immédiat, du donnant-donnant, du gagnant-gagnant. Les Y accordent également beaucoup d’importance à l’équilibre entre les vies privée et professionnelle.

Contrairement à ses aînés, l’Y n’a pas pour priorité absolue le salaire. Il valorise avant tout les entreprises dynamiques, qui portent un projet qu’il pourra partager, ainsi que l’ambiance du groupe. Certains estiment que l’Y appartient à la “génération 35 heures”, attachée à ses congés payés. Pourtant, l’Y est capable de ne pas compter son temps de travail si sa mission le passionne.

Cette génération est “accusée” de tout remettre en cause, de détruire les modèles de management existants et de privilégier le culot. L’obéissance et le respect envers les règles ne sont pas son fort. Les membres de la génération Y doivent leur nom au fait qu’ils suivent les X. Ils sont également appelés les digital natives ou e-génération, connectée en permanence. L’ordinateur et le téléphone portables sont omniprésents dans leur quotidien.

L’influence des nouvelles technologies a modifié la façon de communiquer et les Y qui ont grandi avec elles ne connaissent pas d’autres modèles, contrairement aux générations précédentes. Ces dernières peuvent (ou l’ont déjà fait), d’ailleurs, adopter la “culture Y” caractérisée par les 4 I (voir encadré ci-dessus).

LA GÉNÉRATION Z

Encore jeune, cette génération a grandi avec l’euro. Parmi les événements mondiaux qui les ont marqués peuvent être cités le tsunami en Asie, l’élection d’un métis, Barack Obama, à la Maison-Blanche, le réchauffement climatique, la sophistication de plus en plus poussée des technologies numériques et la crise financière. Les petits frères et sœurs des Y forment ce que certains appellent la génération Z (la suite logique de X et Y), ou C (pour communication, collaboration, connexion et créativité), ou encore les Émos (pour “émotionnels”). Selon les spécialistes, il est déjà possible d’identifier les premiers signes des comportements qui font des Z une génération proche des Y, mais sans l’être tout à fait.

Alors que la génération Y est née avec un Web plutôt “passif”, la Z, bercée par l’Internet “collaboratif” (Facebook, MySpace, Twitter, YouTube, etc.), est “hyperconnectée”. Elle est définie aussi comme étant “intéressée” : tandis que ses aînés découvraient les réseaux sociaux et la facilité de créer des contacts virtuels ou réels, ou de rassembler des communautés, les Z raisonnent en qualité et non en quantité de contacts. Ces derniers représentent plutôt à leurs yeux des opportunités qui pourront leur servir, les intéresser ou leur apporter des connaissances pour les aider à se réaliser. Les Z savent, en outre, que si “se montrer” sur le Net est naturel, cela revient également à prendre un risque. Il est ainsi remarqué qu’ils empruntent de plus en plus de pseudonymes dans leur profil Facebook et Viadeo. Pour les spécialistes des générations, les Z sont plutôt lucides. Ils sont aussi plus “perso” que leurs aînés et ne veulent pas entrer dans le monde du travail dans un cadre rigide, dicté par une description de fonction. Annoncent-ils la fin des moules corporate ?

Les Z ont également soif de liberté : fidélisation, engagement et intégration ne seront peut-être plus d’actualité. Les collègues et les managers sont devenus aussi temporaires que les contacts/amis/followers. Les Z choisissent l’entreprise dans laquelle ils font un “séjour” (nouveau synonyme de “carrière”) suivant ses codes, ses valeurs et leur projet personnel. Selon les spécialistes, l’une des caractéristiques majeures des Z est leur émotivité, déjà ancrée dans une moindre mesure chez les Y. Cette tendance est observée par les professeurs qui les ont en classe et les managers qui les accueillent dans leur entreprise.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site WK-Vet.fr http://www.wk-vet.fr/mybdd/?visu=164&article=164_3715