Loi des séries pour la tuberculose au nord de la France - La Semaine Vétérinaire n° 1479 du 20/01/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1479 du 20/01/2012

Maladies réputées contagieuses

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Auteur(s) : BÉATRICE BOUQUET

La confirmation récente de plusieurs cas de tuberculose chez des bovins conduit à la mise en place de stratégies de lutte renforcées.

Ces derniers mois, plusieurs cas de tuberculose bovine ont été détectés au nord de la Loire.

→ La Somme a vraisemblablement acquis son animal affecté auprès d’un département parmi ceux attentivement surveillés dans le sud du pays : les Pyrénées-Atlantiques (la vache allaitante “index” y avait été achetée 3 ans auparavant). La Somme n’avait connu aucun foyer depuis 2004.

→ Toujours en Picardie, dans l’Aisne, un foyer a été détecté à l’abattoir à la fin de l’année dernière. Par conséquent, 400 bovins ont été abattus. 13 d’entre eux présentaient in fine des lésions. Pour ce cas, l’enquête épidémiologique s’oriente plutôt vers les Ardennes (20 salers y ont été achetées 1 an auparavant), où les investigations n’ont toutefois pas confirmé de foyer. L’Aisne n’avait pas connu de cas depuis une quinzaine d’années. Le dernier observé dans les Ardennes date de 2003.

→ Au nord-ouest, le département de la Manche, où aucun cas n’a été détecté depuis 2001, a signalé un foyer dans un élevage mixte, à la suite du contrôle à l’introduction d’une vache normande testée à son arrivée dans les Pyrénées-Atlantiques. Elle ne présentait pas de lésions à l’abattoir. Cependant, une culture a confirmé la présence de Mycobacterium bovis. Le département d’Ille-et-Vilaine est concerné, car il hébergeait une partie des sites d’élevage de l’exploitation infectée.

→ Dans le Nord, une petite exploitation a été touchée fin 2011 (à la suite d’une découverte en abattoir). Parmi les 24 bovins tués, 6 présentaient des lésions. Ce n’est pas l’achat, mais la résurgence locale qui est privilégiée, à l’instar d’un récent foyer identifié dans le Morbihan à l’automne 2011.

Les origines probables des foyers pourront éventuellement être davantage précisées, grâce aux analyses de typage moléculaire réalisées par le Laboratoire national de référence et à l’issue de l’ensemble des investigations menées par les directions départementales en charge de la protection des populations (services vétérinaires) dans les cheptels en lien épidémiologique.

Des circonstances de détection et des origines probables diverses

La détection de 5 foyers dans des départements du nord de la Loire, où aucun cas n’avait été noté depuis de nombreuses années, remet en cause la perception du risque lié à la tuberculose bovine. Cela est toutefois à nuancer en raison de l’existence d’un foyer lié à une contamination de la faune sauvage (cerfs et sangliers) du massif forestier de Brotonne-Mauny (Seine-Maritime et Eure-et-Loir). Ce foyer, associé à la constitution d’un réservoir chez le cerf, a fait l’objet de mesures de gestion exceptionnelles de la faune sauvage et a permis l’assainissement rapide de la zone1. La situation dans les élevages bovins voisins est saine depuis de nombreuses années.

Ces foyers illustrent la diversité des circonstances de détection, des origines probables et des niveaux d’atteinte du cheptel, et soulignent l’importance du maintien de la vigilance dans tous les départements. Un message relayé par la dernière version de la visite sanitaire bovine.

Dans un certain nombre de départements, la persistance de foyers a conduit à la mise en place de stratégies de lutte renforcées (en Côte-d’Or, en Dordogne et en Camargue, par exemple). Ces stratégies peuvent induire une augmentation du nombre de cas détectés, liée au renforcement de la surveillance avant d’entamer une phase décroissante, comme cela semble se confirmer au vu des résultats partiels des campagnes en cours.

Les connaissances des vétérinaires sanitaires en cours d’actualisation

La tuberculination lors de vente est obligatoire pour les cheptels classés à risque et dans certains circuits commerciaux (animaux en transit depuis plus de 6 jours, cheptels à fort taux de rotation selon la provenance des bêtes).

Les connaissances des vétérinaires sanitaires relatives à la tuberculose sont en cours d’actualisation. Un cycle de formations dans le cadre du mandat sanitaire (partenariat DGAL-SNGTV) a démarré en 2011 et sera renouvelé au printemps prochain. Des formations destinées aux agents des services vétérinaires le complètent. Les nouvelles modalités de tuberculination seront abordées et l’accent sera mis sur la nécessité d’une qualité sans faille de cette procédure. « Toute réaction décelable doit être prise en compte, sans avoir à l’interpréter sur une base clinique (“c’est trop mou, trop petit pour être de la tuberculose”) ou épidémiologique (“impossible qu’il y ait de la tuberculose dans cet élevage, dans ce département”) », rappelle Jean-Jacques Bénet, de l’unité des maladies contagieuses de l’école d’Alfort (voir encadré). En outre, la stratégie nationale est en cours de redéfinition.

  • 1 Voir avis Anses 2010-0154.

  • 1 École nationale vétérinaire d’Alfort, 7, avenue du Général-de-Gaulle, 94704 Maisons-Alfort.

JEAN-JACQUES BÉNET, UNITÉ DES MALADIES CONTAGIEUSES, LABORATOIRE EPIMAI1

« La tuberculose n’a pas fini de nous surprendre »

« Plusieurs points méritent d’être soulignés sur ces différents cas, car ils sont révélateurs.

Il s’agit toujours d’élevages allaitants. Ces élevages sont plus exposés aux facteurs de risque de contamination : ils sont plus “ouverts” que les laitiers (insémination artificielle), car ils doivent introduire les nouveaux géniteurs. En outre, ils sont plus exposés au risque de voisinage par le mode d’élevage en pâture, beaucoup plus fréquent que chez les élevages laitiers.

Ils sont également plus exposés au risque de persistance et de réveil de l’infection « un certain temps » après la contamination initiale de l’élevage. Les animaux allaitants développent, en effet, plus volontiers une forme stabilisée (localisation ganglionnaire discrète) que les races laitières, pour qui le stress de production laitière facilite l’évolution de l’infection vers une tuberculose d’organe. Les animaux allaitants ont une bien plus grande longévité que les laitiers, ce qui prolonge d’autant le délai entre la contamination et la révélation de l’infection.

Enfin, du fait d’une raréfaction (voire une disparition) de la tuberculination systématique de contrôle des élevages en raison d’une situation sanitaire favorable, le reliquat éventuel de tuberculose ne peut être décelé que par l’abattoir : cette détection est nécessairement tardive et relativement peu sensible (il faut que les lésions soient visibles, l’inspection détaillée de l’ensemble des ganglions porteurs d’une lésion éventuelle fort discrète est incompatible avec les exigences de l’exploitation industrielle des abattoirs).

En cumulant tous ces facteurs (risque de contamination de l’élevage, risque de persistance occulte de l’infection, manque de sensibilité de la détection en abattoir), nous aboutissons à la situation actuelle, où des départements n’ayant pas connu de tuberculose depuis relativement longtemps peuvent connaître des foyers de tuberculose qui révèlent en fait une infection ancienne, de propagation totalement méconnue et dont il est d’autant plus difficile de mettre en évidence l’ensemble des éléments explicatifs. La tuberculose n’a pas fini de nous surprendre. »

Voir aussi

A. Fediaevsky, article « Tuberculination, actualisation des connaissances », à paraître dans Point vétérinaire 2012, n° 323. Bulletin épidémiologique Anses DGAL spécial MRC n° 46 disponible sur Internet :

http://www.anses.fr/bulletin-epidemiologique/cgi-bin/countdocs.cgi?Documents/BEP-mg-BE46

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