Les auxiliaires vétérinaires : radiographie d’une profession - La Semaine Vétérinaire n° 1479 du 20/01/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1479 du 20/01/2012

Dossier

Auteur(s) : CHRISTOPHE DEFORET

La plupart des praticiens travaillent désormais en collaboration avec un ou plusieurs auxiliaires, dont ils reconnaissent l’importance pour la clinique. Ce sont en majorité des femmes, mais quelques hommes assurent également cette fonction. Beaucoup exercent en canine, d’autres en clientèle mixte ou en équine. Ont-ils des points communs, des motivations communes ?

Jadis, les praticiens s’entouraient de collaborateurs dont le rôle était assez flou. Formés “sur le tas”, il s’agissait surtout de secrétaires qui aidaient, tant bien que mal, les vétérinaires dans leur exer­cice médical. Depuis une quinzaine d’années, leur rôle et leur formation ont été plus clairement définis. Seules peuvent prétendre au titre d’auxiliaire spécialisé vétérinaire (ASV), homologué par le ministère du Travail, les personnes qui ont suivi et validé le cursus officiel du Gipsa/Animal pro formation en 2 ans, ou celles qui ont validé leurs acquis par le biais de ce même organisme, puisque c’est actuellement le seul habilité à délivrer ce titre. Les autres collaborateurs non vétérinaires sont classiquement appelés auxiliaires vétérinaires (“non qualifiés” car la dénomination “auxiliaire vétérinaire qualifié” [AVQ] correspond elle aussi à un diplôme délivré par le Gipsa/Animal pro, avec une formation en 1 an) ou assistants (ce qui génère une ambiguïté avec les vétérinaires salariés).

Quoi qu’il en soit, les ASV ou les auxiliaires vétérinaires restent assez peu connus du grand public, qui les associe plus volontiers à des secrétaires médicaux qu’à du personnel soignant. De moins en moins d’auxiliaires sont formés sur le tas, la plu­part suivent des formations qui leur permettent d’arriver en structure vétérinaire avec un bagage scientifique.

POURQUOI CHOISISSENT-ILS DE DEVENIR AUXILIAIRES VÉTÉRINAIRES ?

Comme le souligne la coordinatrice de formation Carole Lefebvre (voir interview p. 28), c’est bien entendu l’amour des animaux qui guide le choix de cette profession. Beaucoup cherchent un métier en rapport avec les animaux, et découvrent dans les centres d’information et d’orientation l’existence de cette activité.

D’autres sont guidés par le praticien qui soigne leurs animaux. Certains, assez nombreux, auraient aimé être vétérinaire, mais leurs résultats scolaires ne leur ont pas permis ce débouché. Il n’en reste pas moins qu’ils ont, une fois en poste, l’envie de prodiguer des soins aux animaux, des actes dans lesquels ils sont bien limités en France, contrairement à ce qui se passe dans des pays voisins (le Royaume-Uni, par exemple). L’image qu’ils ont de la profession avant d’y être immergés n’est pas toujours conforme à la réalité, et certains ne poursuivent pas dans cette voie, lorsqu’ils s’aperçoivent que l’auxiliaire fait autre chose que de caresser les animaux toute la journée.

LES ASPIRATIONS DES AUXILIAIRES

Avant tout, les auxiliaires souhaitent travailler avec les animaux. Certains sont parfois un peu trop cantonnés aux tâches d’hygiène, à leur goût. Si tous sont conscients de l’importance de ces missions, ils déplorent de ne pas être assez sollicités pour les actes de soins qu’ils sont habilités à effectuer.

Des praticiens ont parfois tendance, par goût d’indépendance ou parce qu’ils estiment que c’est plus rapide, à réaliser les préparations chirurgicales eux-mêmes. Or ce sont des activités que les auxiliaires apprécient souvent et qui les valorisent. Pour entretenir la motivation de ses salariés, il est indispensable de leur confier des tâches médicales. Sous la surveillance du vétérinaire, ils peuvent participer aux actes préopératoires, peropératoires et postopératoires.

Leur valorisation passe également par la façon dont ils sont présentés aux clients : le terme de secrétaire, parfois employé pour les désigner, ne leur convient pas du tout. D’ailleurs, au titre homologué d’auxiliaire spécialisé vétérinaire, beaucoup préféreraient celui d’“infirmiers vétérinaires” (voir interviews p. 30). Certes, la délégation d’actes dont ils bénéficient légalement n’équivaut pas à celles des infirmières en médecine humaine, mais certains ASV, tels que Barbara Bonnet, seraient favorables à une formation plus poussée, accessible avec un niveau supérieur d’études (la formation d’ASV est actuellement accessible au niveau BEP).

Déléguer des tâches à ses auxiliaires peut être considéré comme un gain de temps et est apprécié par eux, comme en témoigne Hélène Besson, auxiliaire en clientèle mixte (voir interview p. 30).

DES CONTEXTES DE TRAVAIL VARIABLES

De grandes disparités existent selon les structures dans lesquelles les auxiliaires sont employés. De l’exercice canin à la clientèle mixte, du cabinet où l’auxiliaire travaille seul avec un praticien au centre hospitalier vétérinaire, le métier d’auxiliaire couvre des réalités fort différentes. La polyvalence que tous recherchent existe vraiment dans cette profession où chacun doit pouvoir trouver chaussure à son pied.

La volonté de cohésion du métier s’est manifes­tée via la création de l’Association française des auxiliaires vétérinaires, qui a vu le jour en septembre 2005, et qui est maintenant relayée par un portail Internet pour les ASV (Auxivet) géré par Corinne Labigne, et compte à ce jour quelque 1 500 inscrits. Selon Corinne Labigne, les principales “revendications” qui circulent sur le forum concernent les salaires et la reconnaissance du métier. Il semble difficile de modifier substantiellement la grille de salaire des ASV en conservant la viabilité économique des structures vétérinaires. En revanche, les praticiens retiendront l’importance de la valorisation de leurs auxiliaires, qui tient souvent à peu de chose : la façon dont ils les présentent et les situent vis-à-vis de leurs clients, et l’attribution de tâches médicales qui font partie de leur référentiel métier.

Gardons présent à l’esprit l’importance du travail qu’ils réalisent. Comme le souligne le champion de ski Franck Piccard, « la réussite appartient à tout le monde. C’est au travail d’équipe qu’en revient le mérite ».

  • 1 Institut de formation en soins animaliers.

  • 2 Centre national privé de formation à distance.

ENVIRON 1 AUXILIAIRE POUR 1 PRATICIEN EN FRANCE…

L’étude menée par l’Observatoire des métiers des professions libérales en 2009 recensait environ 14 000 salariés non vétérinaires, avec 90 % de femmes. En 2009, le Gipsa a délivré 428 titres (formation initiale et validation par les acquis). L’évolution récente du nombre de nouveaux diplômés n’est pas connue, car les données du Gipsa sont confidentielles.

Il est certain qu’il existe une demande importante de formation au métier d’auxiliaire, et les centres privés font état d’une croissance du nombre de leurs stagiaires. Ces derniers n’hésitent pas à engager des sommes parfois importantes (jusqu’à 10 000 €) pour apprendre le métier. De nouvelles formations voient le jour, telle la récente Animalia, qui mise beaucoup sur l’e-learning et les outils télématiques (vidéoconférences). Les formations par correspondance, plus anciennes (Ifsa1, CNFDI2), développent des ateliers pour apporter plus de pratique à leurs apprenants.

La profession vétérinaire est très impliquée dans la formation des auxiliaires : à l’Ifsa et au CNFDI, les correcteurs et les concepteurs des cours sont vétérinaires. Les formateurs des cours en présentiel à l’Institut Bonaparte sont pour les trois quarts des confrères et un quart sont ASV. En ce qui concerne les organismes de formation sous-traitants du Gipsa, indépendants quant à la gestion de leurs formateurs, dans la mesure où ils respectent le cahier des charges, selon les régions, entre un quart et la moitié des cours sont dispensés par des vétérinaires. Le reste est assuré par des ASV ou des formateurs internes des organismes.

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