Un cousin du virus Akabane suit le chemin du BTV-8

Schmallenberg ou SCV : c’est ainsi que le nouveau virus, qui provoquerait de la fièvre, des diarrhées et des avortements chez les vaches laitières en Allemagne et aux Pays-Bas depuis août dernier, a été baptisé. Il a été caractérisé en novembre 2011, à partir de séquences génomiques trouvées chez des bovins atteints de ces troubles dans 14 fermes situées à l’est du bassin industriel de la Ruhr (Rhénanie du Nord et Westphalie). Les ovins sont également affectés et présentent des malformations congénitales. Des cas ont aussi été déclarés en Belgique fin décembre. Le berceau de cette nouvelle enzootie virale évoque celui de la fièvre catarrhale ovine de sérotype 8. Comme pour la FCO, le virus pourrait être transmis par les culicoïdes. Des moustiques et des tiques seraient également impliqués.

Une homologie avec différents virus du genre Orthobunyavirus

Aucun nom n’a d’abord été donné à l’agent pathogène suspecté. Le virus s’est joué des technologies de pointe mises en œuvre dans le laboratoire allemand qui le traquait (analyses négatives effectuées avec une biopuce qui permet la détection de 2 000 agents pathogènes !). Finalement, un virus proche, cousin du “célèbre” Akabane, a été mis en évidence à Schmallenberg. Les chercheurs évoquent une forte homologie avec différents virus du genre Orthobunyavirus (qui inclut la maladie d’Akabane). Après son isolement sur culture cellulaire à partir de cas, une Rt-PCR¹ a été développée et a permis d’obtenir 25 positifs chez les cas néerlandais (sur 50 sérums de bovins affectés testés). Cultures et Rt-PCR restent négatives chez des bovins issus de zones non affectées, y compris en France (tests effectués chez des ruminants suspectés de FCO).

Des avortements et des malformations congénitales observées

C’est la première fois que le genre Orthobunyavirus est mis en cause en Europe (il sévit en Afrique, en Asie, en Australie, et en Israël). Outre les ruminants, ces virus sont susceptibles d’affecter les chevaux et les chiens. Certains peuvent toucher l’homme, excepté ceux dont le virus Schmallenberg est génétiquement le plus proche. Des avortements et des malformations congénitales sont classiquement observés lors d’infection en début de gestation, ce qui justifie la vigilance des filières d’élevage à leur encontre. Au Japon, la maladie d’Akabane avait provoqué la naissance de dizaines de milliers de veaux anormaux dans les années 70.

En France, le laboratoire de santé animale de l’Anses² de Maisons-Alfort dispose déjà des techniques de Rt-PCR et d’isolement viral requises pour la détection de ce nouveau virus. Un plan de surveillance a été élaboré en partenariat avec la plate-forme de surveillance épidémiologique en santé animale et le ministère de l’Agriculture.

• 1 Reverse transcription polymerase chain reaction.

• 2 Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.