Durabilité de la filière avicole : la recherche avance - La Semaine Vétérinaire n° 1478 du 13/01/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1478 du 13/01/2012

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/VOLAILLES

Auteur(s) : ISABELLE BOUVAREL*, CÉCILE BERRI**, LORENZA RICHARD***

Fonctions :
*Itavi, Nouzilly (Indre-et-Loire). Article rédigé d’après la conférence « Innover pour améliorer la durabilité des systèmes de production avicoles » présentée aux 9e journées de la recherche avicole, les 29 et 30 mars 2011 à Tours.
**Inra, UR83 recherches avicoles, Nouzilly. Article rédigé d’après la conférence « Innover pour améliorer la durabilité des systèmes de production avicoles » présentée aux 9e journées de la recherche avicole, les 29 et 30 mars 2011 à Tours.

POINTS FORTS

– L’UMT Bird, créée en 2006 entre l’Inra et l’Itavi pour 5 ans, a présenté quelques résultats de ses travaux.

– Son programme intègre l’alimentation des volailles, leur bien-être et la qualité des produits, dans le cadre du développement durable de la filière.

L’unité mixte technologique (UMT) Bird a été créée en 2006 entre l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) et l’Institut technique de l’aviculture (Itavi) de Nouzilly, sous l’impulsion du ministère de l’Agriculture, pour une durée de 5 ans. Son but est de concevoir et de promouvoir des systèmes de production avicoles innovants, adaptés à la fois à la demande du marché et au respect du bien-être animal et de l’environnement, dans une recherche de durabilité pour la filière. Présentation de quelques avancées.

ALIMENTATION

La forme, la couleur et la texture de l’aliment distribué sont ainsi particulièrement importantes et leur modification diminue l’ingestion. En effet, lors d’un changement des caractéristiques physiques d’un aliment (passage d’une présentation sous forme de miettes à de la farine ou des granulés), des pintades et des dindes passent davantage de temps à l’observer, au détriment du picorage. Cela s’explique par la vision focale précise des particules chez les volailles et à la grande sensibilité de leur bec au toucher.

Afin d’améliorer la consommation, les contrastes de couleur et de rigidité entre les aliments peuvent être réduits (une base de données est en cours de constitution afin de formuler des recommandations pour l’industrie) ou une distribution régulière d’aliments aux caractéristiques variées peut être pratiquée, afin d’éviter la nouveauté. « Les animaux réagissent en fonction du contraste sensoriel entre le nouvel aliment et l’ancien, et ceci est modulé par l’apprentissage », déclare Isabelle Bouvarel.

La technique d’alimentation séquentielle est d’ailleurs à l’étude. Elle consiste à distribuer alternativement (1 jour sur 2 ou matin et soir) 2 aliments aux teneurs en énergie et en protéines différentes. La méthode semble améliorer l’efficacité alimentaire, aussi bien chez le poulet de chair que chez la poule pondeuse (notamment le blé entier, sans modification de la production d’œufs). Ces résultats restent à confirmer sur le terrain.

BIEN-ÊTRE

L’utilisation de cages dissymétriques pour poules pondeuses, constituées d’une façade éclairée et d’une autre assombrie, montre que les animaux recherchent la façade illuminée en journée. La différence d’intensité lumineuse favorise la ponte et les bains de poussière dans la zone sombre, suggérant l’intérêt d’une zone dédiée à ces activités.

Des travaux sur les facteurs de risque d’apparition de podo-dermatites chez les poulets de chair montrent une forte relation entre la sévérité des lésions et le taux d’ammoniac, l’acidité, et l’humidité. Les lésions sont aussi fortement corrélées à l’âge, car elles s’aggravent au-delà de 42 jours, peut-être en raison de l’augmentation de l’humidité et des concentrations en produits azotés des litières en cours d’élevage. Ce problème est à prendre en compte en production de poulets lourds, un créneau en développement actuellement. La suppression de la contamination fécale de l’eau de boisson ou l’ajout de peroxyde et d’acidifiant dans celle d’abreuvement permet, en revanche, d’améliorer le score des pattes.

QUALITÉ DES PRODUITS

Les recherches consistent à évaluer l’incidence en abattoir des défauts de viande (rendement à la transformation, etc.) pour les différentes productions (label Rouge, standard, etc.), de sélectionner les génotypes sur les aptitudes de la viande à la découpe, à la transformation et à la conservation (le pH ultime est un bon prédicteur et est héritable chez le poulet, par exemple), et de maîtriser les systèmes de production, d’abattage et de découpe.

L’ingestion de polluants organiques persistants (POP), des contaminants de la viande, est aussi à l’étude : un déséquilibre alimentaire favorise par exemple l’ingestion de sol par les poules, et des POP qu’il contient.

IMPACT ENVIRONNEMENTAL

Les impacts sur l’environnement de différents aliments (changement climatique entre autres) sont actuellement évalués dans le cadre du développement durable de la filière. L’origine des matières premières, la fabrication de l’aliment et différents systèmes d’alimentation seront intégrés dans cette recherche. Des indicateurs de durabilité sont en cours de construction afin de prendre en compte les 3 piliers de la durabilité.

Pour en savoir plus

→ Bouvarel I. Thèse Agro Paris Tech. 2009.

→ Chagneau AM, Laviron F, Lescoat P et coll. Modifications du comportement alimentaire de dindes en élevage au moment de transitions alimentaires. 9e JRA. Tours. 29-30 mars 2011.

→ Chagneau AM, Quentin M, Lescoat P et coll. Comment se comportent les pintades label au moment d’un changement d’aliment ? 9e JRA. Tours. 29-30 mars 2011.

→ Jondreville C, Travel A, Besnard J et coll. Ingestion de sol et de végétaux par des poules élevées en plein air nourries avec un aliment complet ou à base de blé entier et de coquilles marines. 9e JRA. Tours. 29-30 mars 2011.

→ Lecuelle S, Bouvarel I, Chagneau AM et coll. La conservation de la couleur de l’aliment facilite la transition alimentaire. 9e JRA. Tours. 29-30 mars 2011.

→ Nguyen TTH, Vans der Werf H, Ponchant P et coll. Utiliser des contraintes environnementales pour formuler des aliments volailles à faible impact. 9e JRA. Tours. 29-30 mars 2011.

→ Seguin F, Bouvarel I, Tusek JL et coll. Impacts environnementaux liés à la production d’aliments pour poulets biologiques. 9e JRA. Tours. 29-30 mars 2011.

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