Les antibiotiques potentialisent la toxicité des acaricides - La Semaine Vétérinaire n° 1477 du 06/01/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1477 du 06/01/2012

Traitement en apiculture

Actu

SANTÉ ANIMALE

Auteur(s) : NICOLAS VIDAL-NAQUET

L’interaction de traitements dans les ruches peut contribuer aux pertes des colonies.

Selon une récente étude américaine1, l’oxytétracycline augmenterait les effets néfastes de certains acaricides utilisés dans les ruches (tau-fluvalinate et coumaphos). Ce travail a porté sur des protéines de l’abeille qui interviennent dans le mécanisme de détoxification : les multiple drug resistance transporters (MDR transporters). Ces protéines, présentes dans tous les règnes, sont peu étudiées chez les insectes. Elles agissent au niveau de divers organes et tissus : la cuticule, les tubes de Malpighi, l’intestin moyen, la barrière hémolymphe-encéphale.

Ces « transporteurs » permettent l’excrétion active à travers les membranes cellulaires des toxines (dont les pesticides) afin de baisser leurs concentrations intracellulaires et celles de leurs métabolites.

L’inhibition des MDR transporters réduirait la DL50 des néonicotinoïdes

L’une des MDR transporters la mieux étudiée, la p-glycoprotein (p-gp), peut être inhibée par des substances telles que des pesticides, des extraits végétaux et diverses molécules. Le vérapramil est un puissant inhibiteur connu de la p-gp. Il a été utilisé dans cette étude afin de déterminer si 5 pesticides constitueraient des substrats de MDR transporters (qui se lient à la molécule p-gp et autre MDR transporter) et agiraient ainsi potentiellement en synergie avec d’autres inhibiteurs plus fréquemment rencontrés chez les abeilles. Il est à noter que l’oxytétracycline, le tau-fluvalinate et le coumaphos sont des substrats et/ou des inhibiteurs de la p-gp des mammifères. Les résultats montrent que le coumaphos, le tau-fluvalinate et 3 insecticides néonicotinoïdes sont des substrats des MDR transporters des insectes.

L’étude suggère que l’inhibition des MDR transporters réduirait la DL50 des néonicotinoïdes, amplifiant possiblement la toxicité aiguë et chronique chez les abeilles à des concentrations plus faibles.

Elle révèle également que l’oxytétracycline, à une dose habituellement utilisée dans les ruches, augmente la sensibilité des abeilles au coumaphos et au tau-fluvalinate.

Ainsi, selon cette étude, l’interaction de traitements dans les ruches (oxytétracycline, coumaphos et/ou tau-fluvalinate) contribuerait aux pertes hivernales ou du début du printemps, et serait donc l’une des causes du colony collapse disorder, le syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles.

L’identification des pesticides et autres molécules utilisées dans les ruches en tant que substrats et/ou inhibiteurs des MDR transporters peut se révéler un atout majeur dans la compréhension de certaines causes de dépérissement des colonies. Cette étude est une raison supplémentaire (en plus de la législation) pour ne plus utiliser d’antibiotiques dans les ruches. Leur usage semble malheureusement avoir toujours cours, comme le montre une enquête récente de 60 Millions de consommateurs2 sur des miels du concours général agricole du Salon de l’agriculture. Cette antibiothérapie, illégale dans la pratique, est utilisée par les apiculteurs pour lutter contre les loques américaine et européenne3.

David J. Hawthorne, Galen P. Dively : « Killing them with kindness ? In : Hive medications may inhibit xenobiotic efflux transporters and endanger honey bees », PloS One, 2/11/2011.

60 Millions de consommateurs a analysé 76 échantillons de miel, “bio” ou non, afin de rechercher les résidus de 91 molécules indésirables (56 pesticides et 35 antibiotiques).

Voir La Semaine Vétérinaire n° 1414 du 27/8/2010.

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