Les alopécies liées à la physiologie sexuelle du furet - La Semaine Vétérinaire n° 1477 du 06/01/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1477 du 06/01/2012

Formation

NAC

Auteur(s) : YAEL FARHI*, DIDIER BOUSSARIE**

Fonctions :
*praticien au CHV Frégis, à Arcueil (Val-de-Marne)

Article rédigé d’après la conférence présentée lors d’une formation organisée par l’Afvac d’Île-de-France, en janvier 2011.

Certaines spécificités relatives à la physiologie sexuelle du furet se révèlent utiles à connaître pour diagnostiquer certaines affections propres à cette espèce.

PHYSIOLOGIE SEXUELLE DU FURET

Il importe de maîtriser l’interprétation des paramètres hormonaux du furet. Le clinicien s’appuie en particulier sur 3 hormones de référence pour l’exploration biologique de la maladie surrénalienne :

→ l’œstradiol pour les œstrogènes ;

→ la 17α-hydroxyprogestérone pour les progestatifs ;

→ l’androstènedione pour les androgènes (et non la testostérone).

Chez le furet non stérilisé, mâle ou femelle (comme chez tous les carnivores), les gonades sécrètent des stéroïdes sexuels. Ceux-ci exercent un rétrocontrôle négatif sur l’axe hypothalamohypophysaire, qui inhibe de fait la sécrétion de LH1 et de FSH2. À la différence des chiens et des chats, il existe, en plus des gonades, des récepteurs LH et FSH sur les glandes surrénales du furet. Cependant, seules les gonades sont stimulées chez le furet non castré, car le seuil de stimulation est plus élevé sur les surrénales. Chez un animal stérilisé, les gonades n’exercent plus de rétrocontrôle négatif sur l’axe hypothalamohypophysaire. La sécrétion de LH et de FSH n’est donc pas inhibée. Il en résulte une stimulation directe et persistante des récepteurs LH et FSH des glandes surrénales. Ce phénomène génère un risque important de tumeur surrénalienne.

→ Il existe 3 affections alopéciantes d’origine endocrinienne spécifiques au furet : l’anémie œstrogénique, l’alo-pécie par reliquat ovarien et la maladie surrénalienne (ou adrénocorticale). Il n’y a que peu de différences visuelles entre les 2 dernières. Il convient donc de s’appuyer sur d’autres éléments afin d’établir le bon diagnostic. La maladie surrénalienne a été abordée dans de précédents articles rédigés par Didier Boussarie3.

L’ANÉMIE œSTROGÉNIQUE

Cette affection se rencontre de moins en moins fréquemment. Elle est notée chez des furettes non saillies par un mâle, qui possèdent donc un cycle prolongé : le risque de contracter cette maladie existe après 1 mois d’œstrus prolongé. Concernant son mécanisme, l’anémie œstrogénique est provoquée par la sécrétion d’œstrogènes circulants. Les conséquences s’observent en 2 temps : tout d’abord, l’apparition d’une thrombopénie, à plus long terme, une pancytopénie.

Les symptômes cliniques sont une alopécie symétrique sur l’abdomen et la queue, un œdème vulvaire persistant, de la léthargie, ainsi qu’une pâleur des muqueuses parfois impressionnante. Il est également possible de voir apparaître des pétéchies et du méléna (en corrélation avec la diminution des plaquettes).

LA RÉMANENCE OVARIENNE

La présence de reliquats ovariens sécrétants non retirés au cours de la stérilisation déclenche la rémanence ovarienne. Concernant la stérilisation, Didier Boussarie recommande l’ovario-hystérectomie plutôt que l’ovariectomie simple, afin de prévenir cette complication. Cette alopécie intervient dans l’année qui suit la stérilisation, à la différence de la maladie surrénalienne qui survient 3 ans et demi (en moyenne) après cette opération. Ce dernier paramètre est évocateur.

Cliniquement, l’alopécie symétrique bilatérale, parfois étendue, constitue généralement le motif de consultation. Malgré cela, l’animal se maintient en bon état général, sans amaigrissement (à la différence de la maladie surrénalienne). Le gonflement vulvaire n’est pas systématique. Les propriétaires de furets remarquent parfois une augmentation de la libido liée aux sécrétions œstrogéniques.

Afin d’établir le diagnostic différentiel avec la maladie surrénalienne, il est possible de recourir à des dosages hormonaux :

→ l’augmentation isolée du taux d’œstradiol (supérieur à 20 pmol/l) est caractéristique de l’alopécie par rémanence ovarienne, contrairement à la maladie surrénalienne pour laquelle une hausse des 3 hormones de référence est notée ;

→ l’injection de 100 Ul d’HCG, suivie d’une observation de 15 jours, permet d’établir le diagnostic s’il y a une rémission ou une amélioration relative à la repousse du poil. Dans le cas contraire, le diagnostic s’orientera plutôt vers la maladie surrénalienne.

LA MALADIE SURRÉNALIENNE

L’examen complémentaire de choix est l’échographie, car celle-ci permet de visualiser le (ou les) reliquat(s) ovarien(s), ainsi que les glandes surrénales. Pour cela, Didier Boussarie souligne que cet acte doit être effectué par une personne compétente. Les reliquats ovariens se caractérisent par un aspect kystique liquidien. Ils sont sécrétants et susceptibles d’être retrouvés au niveau de l’emplacement présumé des ovaires ou du moignon utérin (l’opérateur a alors l’impression de voir 2 vessies).

Il est essentiel de rechercher systématiquement les glandes surrénales, car les reliquats ovariens peuvent coexister avec une tumeur surrénalienne (souvent un adénocarcinome), ce qui complique le diagnostic par les dosages hormonaux et donne toute sa légitimité à l’échographie.

Il est préférable de réaliser cet examen sous anesthésie générale (à l’isoflurane), afin de limiter les mouvements du furet.

Didier Boussarie souligne qu’il convient de ne pas confondre les images de reliquat ovarien avec une panniculite en région ovarienne postopératoire, ou avec des nœuds lymphatiques hypertrophiés.

Le traitement est chirurgical : une exérèse du reliquat ovarien et des cornes utérines est pratiquée.

  • 1 Hormone lutéinisante.

  • 2 Hormone folliculostimulante.

  • 3 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1363 du 5/6/2010 (« La maladie surrénalienne est émergente chez le furet ») et n° 1364 du 12/6/2010 (« La surrénalectomie est à privilégier si l’atteinte est unilatérale et sans dissémination »).

POINTS FORTS

– L’alopécie et l’anémie peuvent être d’origine endocrinienne chez le furet.

– L’anémie œstrogénique est liée à un cycle ovarien long, non interrompu par un accouplement.

– Retirer les ovaires et l’utérus lors de la stérilisation limite le risque de rémanence ovarienne. L’alopécie par rémanence ovarienne intervient dans l’année qui suit la stérilisation, tandis que la maladie surrénalienne survient 3 ans et demi après (en moyenne).

– L’échographie vise à détecter un reliquat ovarien, mais aussi une tumeur surrénalienne.

CARACTÉRISTIQUES DE LA REPRODUCTION CHEZ LA FURETTE

→ Ovulation provoquée (comme chez la chatte et la lapine)

→ Cycle monoœstrien de 120 jours, interrompu par l’accouplement

→ Durée de la gestation : 42 jours

→ Retour à l’œstrus : 2 semaines après le sevrage

→ Mamelles : 4 paires

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