Quel est votre bilan de l’année écoulée ?

Du positif malgré des inquiétudes

Benoît Simian-Salvay, praticien canin à Marseille (Bouches-du-Rhône).

Je retiens d’abord l’évolution de la profession, vers une libéralisation progressive. La possibilité de multiplier les lieux d’exercice nous a permis de lancer le projet de création d’un second site à Marseille en 2012. Nous avons aussi entamé une démarche d’assurance qualité pour obtenir une certification ISO 9001, dans les mois à venir. Cette action motive le personnel. Elle nous aide à développer et à coordonner les procédures que nous établissions jusque-là de manière brouillonne (pour l’hospitalisation d’un animal, la maintenance du matériel, la résolution d’un conflit avec un client, etc.).

Par ailleurs, nous sommes soucieux de la remise en cause des marges arrière sur les médicaments et de celle, éventuelle, de leur délivrance par les vétérinaires. La pharmacie représente une part non négligeable de nos recettes. Les laboratoires pharmaceutiques soutiendront-ils la profession ? Aurons-nous les outils suffisants pour contrer le lobby des pharmaciens ?

En outre, nous ressentons les effets du contexte économique. 2011 fut une année molle, comme 2010. Après une forte progression, notre développement ralentit. Les clients font plus attention à leur budget. Les demandes de paiement échelonné ou retardé sont plus fréquentes. Les achats d’antiparasitaires sont moins naturels lors des consultations vaccinales. Une plus grande vigilance s’impose de notre part pour maintenir un chiffre d’affaires cohérent.

Un déménagement réussi

Frédéric Tiphaine, praticien mixte à Flers (Orne).

2011 est surtout l’année de notre installation dans de nouveaux locaux. Nous ne le regrettons pas : cette clinique est spacieuse et agréable, mais aussi plus visible et facile d’accès. Nous bénéficions d’un vrai laboratoire, d’un bureau chacun, et d’une pièce pour ranger les archives et la bibliographie.

Ce déménagement s’est traduit par une hausse d’activité en canine. La rurale progresse également, mais nous l’expliquons par le départ d’un confrère voisin et par le développement de nouveaux services : suivi de fécondité, audit d’élevage, etc. Nous avons embauché un aide vétérinaire de plus cet automne, et sommes passés de 2 à 3 praticiens salariés pour 4 associés. À l’étage, nous aménageons un appartement pour loger nos stagiaires ou nos aides, car il est difficile d’attirer les jeunes confrères en zone rurale. Accueillir des stagiaires s’est révélé efficace.

Nous avons aussi décidé de développer notre cabinet secondaire, avec la construction d’un nouveau local début 2012. Ces investissements sont possibles grâce à notre activité rurale, qui représente les trois quarts de notre chiffre d’affaires. Aussi, sommes-nous attentifs au devenir des marges arrière sur les médicaments. Leur suppression annoncée pourrait assainir le marché. Mais leur arrêt brutal, sans baisse des prix d’achat, nous obligerait à augmenter les tarifs lors des ventes, ce qui nous semble problématique.

Mon optimisme a cédé la place à des interrogations

Élodie Chollet, praticienne équine à Ménerval (Seine-Maritime).

Le bilan de mon activité sur 2011 est plutôt positif. Outre la clinique équine, nous avons enregistré une bonne saison dans notre centre de reproduction. La crise financière n’a pas eu de répercussion sur notre clientèle (formée de propriétaires de chevaux de loisirs ou d’élevages amateurs). Mais le risque annoncé de déstabilisation de la zone euro crée une inquiétude pour le devenir du pays, au point qu’il fait désormais l’objet de discussions avec les clients.

Dans ce contexte, je m’interroge sur l’évolution à venir des affaires et sur ce que je peux attendre. Jusqu’à présent, je menais mes projets et mes investissements avec un optimisme naturel, sans me poser de questions. Je les envisage avec plus de prudence aujourd’hui. Chez moi, l’année a été marquée par la mise en conformité de la structure en termes de radioprotection, avec la conception de nouveaux murs. La préparation du dossier administratif d’homologation est particulièrement lourde à gérer.

Au sein du conseil d’administration et de la commission reproduction de l’Association vétérinaire équine française, dont je fais partie, l’un des dossiers majeurs de 2011 était la définition de l’acte vétérinaire et l’encadrement de sa délégation. Nous avons réussi à conserver nos acquis, notamment la pratique de l’échographie en suivi de reproduction, mais non sans mal ! L’autre grande préoccupation reste évidemment l’antibiothérapie et le développement de l’antibiorésistance. Elle concentrera nos réflexions en 2012.