Les ulcères gastriques chez le cheval

On estime que tous les chevaux de course présentent des ulcères », affirme Anne Couroucé-Malblanc, détaillant cette affection lors des dernières Équirencontres Avef/Merial le 10 décembre dernier. « Ces lésions sont aussi présentes chez le cheval de sport et d’endurance. »

FACTEURS FAVORISANT LES ULCÈRES

→ L’alimentation : la quantité, le rythme d’administration et la composition. Les chevaux sont faits pour rester au pré et manger durant toute la journée. Au box, ils ne vivent pas dans les conditions idéales. Quand l’animal s’alimente, il sécrète en permanence de l’acide et la nourriture neutralise cette acidité. Quand il ne se nourrit pas, une acidité gastrique s’installe.

Lorsque le propriétaire donne des concentrés à son cheval plutôt que du fourrage, l’animal neutralise moins son pH gastrique et produit davantage de gastrine. Si un gros repas lui est fourni, cela peut aussi gêner la vidange gastrique.

→ Pour les chevaux de course, il existe un effet d’exercice. Une pression est exercée sur l’estomac lors de l’effort : le contenu acide qui était en bas remonte alors au contact de la muqueuse blanche et induit la survenue d’un ulcère. Une corrélation est notée entre l’intensité d’entraînement et l’apparition des lésions.

→ Le mode de vie du cheval : la vie au box favorise les ulcères. Le mode de transport joue un rôle, par exemple, chez un animal qui n’a jamais pris l’avion ou le bateau. Tout ce qui le stressera aura une incidence sur la survenue d’ulcères.

→ L’état de santé influence aussi leur apparition et leur gravité. Certains chevaux présentent des coliques associées à ces atteintes. En outre, des anti-inflammatoires administrés pour d’autres raisons peuvent aussi engendrer ce type de lésions.

LOCALISATION ET GRADES

Des ulcères peuvent survenir sur la muqueuse non glandulaire : c’est l’exemple type des chevaux de course. Leur apparition sur la partie glandulaire concerne davantage les chevaux de course, soumis à un fort exercice.

Il existe parfois une association d’ulcères sur les deux parties, et dans le cas d’un fort parasitisme avec des gastérophiles, cela gênera le fonctionnement de l’estomac et engendrera des lésions.

Il existe plusieurs grades de gravité de ces atteintes. Le score 1 correspond à un cheval qui n’a pas forcément des ulcères, mais présente une muqueuse altérée. Au score 2 apparaissent de petits ulcères en coup d’ongle. Au score 3 surviennent des lésions étendues mais assez superficielles. Le score 4 est le dernier stade, avec un ulcère profond et long et qui peut se perforer.

SIGNES CLINIQUES

Parmi les signes d’appel citons un cheval avec une baisse d’appétit, qui prend son temps pour manger, qui boit moins, qui perd du poids,? qui a un poil piqué, qui montre une baisse de condition physique et de performance et des coliques souvent postprandiales et récurrentes.

Les coliques aiguës sont possibles. Des bâillements, des grincements de dents et des changements de comportement sont parfois notés. La difficulté vient de la fréquente absence de symptômes. Une étude réalisée sur 202 galopeurs révèle des ulcères dans 80 % des cas, alors que seulement 39 % des chevaux présentaient des symptômes.

Ces atteintes ont un impact sur le bien-être du cheval, souvent sous-estimé, car l’animal ne présente pas de signes cliniques. De plus, cela peut traduire l’existence d’autres affections digestives, susceptibles d’altérer les performances de l’animal.

Il existe cependant des solutions. Dans l’environnement, il convient de se poser des questions sur l’alimentation. Le cheval dispose-t-il de suffisamment de fourrage tout au long de la journée ? Apporter de la luzerne est bénéfique et donner de l’huile a un effet protecteur. Il est conseillé de fractionner les repas et de ne pas nourrir ces animaux en dernier.

Il est primordial d’éviter au maximum les situations de stress et de faire régulièrement le point (sur les sorties, l’alimentation, etc.). En ce qui concerne le traitement médical, des spécialités sont utilisées chez les chevaux, comme l’oméprazole (Gastroguard(r)). Quand la phase urgente est gérée, il convient de se pencher sur la prévention et la gestion des ulcères. Des compléments alimentaires peuvent constituer un soutien dans la gestion à plus long terme de ces animaux.

En conclusion, l’ulcère gastrique est une maladie sans doute sous-estimée. La méthode de diagnostic de choix est la gastroscopie.