Les principes de base de l’hospitalisation des NAC - La Semaine Vétérinaire n° 1476 du 23/12/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1476 du 23/12/2011

Formation

NAC

Auteur(s) : ADELINE LINSART*, ÉMILIE TESSIER**

Fonctions :
*praticienne à Loos-lez-Lille (Nord). Article rédigé d’après la conférence « L’hospitalisation : souvent le 1er médicament des NAC », présentée au congrès Genac 2011, au Puy-du-Fou (Vendée).

Points forts

– Lors d’attachement marqué de l’animal à son propriétaire, il peut être judicieux de laisser ce dernier effectuer les soins.

– Un lavage soigneux des mains et du matériel est essentiel entre la manipulation des différentes espèces.

– Les furets sont tenus à l’écart des autres espèces.

– Les cages doivent être adaptées au gabarit de l’espèce.

– Prévoir des visites des propriétaires.

– Ne pas profiter de l’hospitalisation pour changer l’alimentation, sauf chez les oiseaux.

L’hospitalisation des nouveaux animaux de compagnie est plus souvent requise que celle des chiens et des chats. Rapidement déshydratés et dénutris, les NAC nécessitent une prise en charge sérieuse, y compris lorsque les signes cliniques semblent récents. L’hospitalisation est également l’occasion pour le praticien de disposer de quelques heures de réflexion, mises à profit pour stabiliser l’état général de l’animal (oxygénothérapie, mesures de soutien), effectuer des examens complémentaires variés (prélèvements sanguins, radiographies, analyses de fèces) et surveiller le réveil du sujet en cas d’anesthésie flash. Cependant, l’hospitalisation n’est pas systématique. Attachés de manière fusionnelle à leurs propriétaires, certains NAC dépérissent rapidement en l’absence de ces derniers. Leurs maîtres, parfois disponibles et patients, peuvent effectuer une majorité des soins prescrits à domicile. Le retour de l’animal dans son foyer peut favoriser une récupération plus rapide après une phase initiale d’hospitalisation. Les stimulations intellectuelles se révèlent, en effet, bénéfiques.

En cas d’hospitalisation, certaines règles sont à respecter.

ISOLER LES NAC DES PRÉDATEURS

Dans la nature, de nombreuses espèces de NAC sont des proies. Par conséquent, il est indispensable de les hospitaliser à l’écart des prédateurs. Cela nécessite des locaux et un équipement adaptés, ainsi qu’une certaine rigueur dans l’ordre des soins. Effectivement, un lavage soigneux des mains et des avant-bras, du matériel et de la table de soins est essentiel entre la manipulation des différentes espèces. Lorsque l’animal précédemment examiné est odorant (c’est le cas du furet, par exemple), il est préférable de changer de blouse et de ventiler la salle. Idéalement, les locaux devraient permettre d’hospitaliser séparément les furets, les oiseaux, les rongeurs et les lapins, et les reptiles. Ces derniers étant maintenus dans des terrariums clos et dégageant peu d’odeur, ils peuvent être placés à distance d’autres espèces de NAC, sans réelle séparation physique. En revanche, il est indispensable de tenir les furets à l’écart des autres espèces. Sinon, un stress considérable et nuisible à la guérison des autres petits mammifères serait observé.

PRÉVENIR LES FUGUES

Les locaux d’hospitalisation des NAC sont fermés et compren­nent le moins de cachettes possibles (dessous de placard, accès aux zones de ventilation, par exemple). Lors de la manipulation des oiseaux, il est recommandé d’occulter la fenêtre afin d’éviter tout accident de vol. Une attention particulière est portée aux possibilités d’évasion hors de la cage d’hospitalisation. Les vitres des terrariums sont sécurisées avec des cadenas et du ruban adhésif, ou bloquées avec une planche ; l’espacement des barreaux est à surveiller selon la taille de l’animal accueilli. Chez le furet, « là où la tête passe, tout passe ». Malheureusement, cette phrase se révèle souvent vraie et des furets femelles s’échappent ainsi sans difficulté des cages en inox destinées aux chiens et aux chats.

RESPECTER LES BESOINS COMPORTEMENTAUX

Certaines espèces sociables (rat, cobaye, souris) ou attachées à leurs propriétaires (furets, lapins, oiseaux) apprécient les visites régulières de leurs congénères et de leurs propriétaires. Le risque contagieux doit dans ce cas-là être négligeable.

Les cages classiques, placées dans une pièce tempérée (18 à 20 °C), conviennent aux lapins et aux rongeurs. Les parcs à chiots sont intéressants chez les cobayes et les lapins hospitalisés pour des soins de longue durée ou lors de stase digestive. Ils permettent un exercice physique bénéfique au transit et au mental de l’animal.

Quelle que soit l’espèce hospitalisée, il importe de prévoir un périmètre de repos matérialisé par un abri ou des linges (pour les furets), une aire d’élimination et une zone d’alimentation.

Les furets apprécient le confort et recherchent des “doudous” dans leurs cages, imprégnés en particulier de l’odeur de leurs congénères ou de leurs propriétaires.

Les oiseaux, même affaiblis, apprécient la présence sécurisante d’un perchoir, choisi dans un matériau facile à désinfecter afin d’éviter les transmissions indirectes de maladies. Une source de chaleur est placée à proximité. L’apport de rayons UVB adaptés améliore également leur récupération.

Les reptiles sont maintenus de préférence dans un terrarium qui recrée des conditions de vie proches de l’état naturel. Les espèces arboricoles apprécient un branchage qui leur permet de grimper. Une zone chaude, supérieure de 2 °C à la température moyenne préférentielle (TMP), est indispensable. La température obtenue au niveau de l’animal est surveillée à l’aide d’un thermomètre à sonde. L’hygrométrie est également un point essentiel. La taille et l’emplacement du point d’eau par rapport au point chaud y contribuent. Des pulvérisations répétées au cours de la journée sont souvent nécessaires. Les apports en rayons UVB sont assurés par un néon ou une ampoule de puissance adaptée, muni(e) d’un réflecteur placé à environ 20 cm de l’animal.

Le sol est protégé avec du papier journal chez les oiseaux et les reptiles. Cela permet l’observation des fientes (qualité et quantité) et évite l’ingestion de corps étrangers.

CONSERVER LES HABITUDES ALIMENTAIRES

La qualité et l’équilibre de la ration proposée par le propriétaire sont souvent remis en question par le praticien. Cependant, le stress induit par l’hospitalisation ne doit pas être aggravé par une transition alimentaire brutale. Les rongeurs, le lapin et le furet sont de grands “néophobiques” qui tolèrent mal un changement d’alimentation. La nourriture habituelle est donc proposée dans un 1er temps. Un biberon et une écuelle d’eau sont également mis à disposition.

Les lapins, même s’ils sont habitués à boire au biberon, apprécient, en cas de dégradation de leur état général, de boire dans une écuelle. Cela favorise une meilleure prise hydrique, une réhydratation rapide ainsi qu’un meilleur fonctionnement du tube digestif. Un bol lourd et stable est préférable.

Chez l’oiseau, une petite coupelle permettant la baignade ou des feuilles de salades humides peuvent être proposées durant une demi-heure afin de stimuler le comportement de toilettage et d’améliorer le bien-être. Une écuelle d’eau propre est également mise à disposition. Des graines et des extrudés adaptés sont distribués dans de petites coupelles plates. Les calopsittes et les perruches ondulées aiment explorer le sol de la cage et y trouver quelques aliments. L’hospitalisation peut également être mise à profit pour faciliter la conversion alimentaire chez les oiseaux.

Les particularités zootechniques des reptiles sont à connaître, car elles conditionnent la nature et la fréquence des repas, les besoins hydriques ainsi que les méthodes d’hydratation. L’hospitalisation d’un caméléon, par exemple, aboutit rapidement à une déshydratation grave de l’animal si un goutte-à-goutte n’est pas placé dans son terrarium ou si sa cage n’est pas régulièrement pulvérisée. Les tortues bénéficient de bains cloacaux qui les réhydratent, stimulent le transit et favorisent la prise de boisson.

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