Que pensez-vous du e-learning et êtes-vous prêts à vous y mettre ?

C’est une alternative de formation

Gilles Chauvin, praticien au Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis).

Le e-learning est une formule pédagogique attrayante que je compte utiliser à l’avenir, mais pas de manière exclusive. Se former depuis sa clinique présente des avantages, mais ne remplace pas les sessions plus traditionnelles qui permettent de sortir de son contexte professionnel et de rencontrer des confrères. La formation devient nécessaire à partir du moment où on ne progresse plus dans ses diagnostics. Je reproche cependant à la plupart d’entre elles de se concentrer sur les cas “rares” dont la gestion est complexe, au détriment des cas plus ordinaires auxquels nous sommes confrontés tous les jours.

Personnellement, je recherche des enseignements pratiques en groupes restreints, avec des rappels de base. Il m’arrive de recourir à des chat’vétos ou à des forums, parfois devant les clients au cours de la consultation, pour poser des questions en ligne sur un cas particulier. Bénéficier de l’avis d’autres praticiens est souvent instructif. De même, quand je réfère un cas à un confrère spécialisé, la discussion que j’ai ensuite avec lui s’assimile presque à du e-learning. Grâce aux conseils reçus, je perfectionne mes connaissances et j’arrive à mieux cerner les cas que je dois nécessairement référer. Le but d’une formation, quelle qu’elle soit, est de nous amener à réfléchir pour aller plus loin, avant de référer. Au final, il s’agit de connaître ses limites et de chercher à les repousser.

Utile pour la théorie, insuffisant pour la pratique

Béatrice Lugardon, consultante itinérante en échographie à Toulouse (Haute-Garonne).

De la même manière qu’une conférence ou une publication, le e-learning permet d’apporter un certain nombre de connaissances théoriques sur une multitude de sujets. Moyennant finances, les recherches sont rapides et facilitées. C’est un moyen utile pour trouver des réponses à des questions générales, et pour se tenir régulièrement informé des nouveautés sans avoir à se déplacer. Tout dépend de la disponibilité et des goûts de chacun. N’ayant pas la “fibre Internet” très développée, je préfère disposer d’informations sur papier que sur un écran.

Mais si le e-learning correspond pour certains à un besoin de formation théorique, il n’est pas, en revanche, adapté à la formation pratique, en particulier dans la discipline qui me concerne, l’échographie. En effet, son apprentissage passe essentiellement par la pratique. L’acquisition d’un geste, la maîtrise de l’appareil, le maniement de la sonde ou encore l’interprétation des images ne peuvent pas être résolus via Internet. La présence d’un formateur à ses côtés est nécessaire.

Des confrères m’envoient régulièrement des images échographiques pour des conseils. Selon la qualité des clichés, l’interprétation, sortie de son contexte clinique, est souvent délicate. D’après moi, l’apprentissage en ligne peut servir de support théorique, mais il n’égalera pas la formation pratique recherchée par nombre de vétérinaires.

Un système interactif d’avenir

Olivier Carette, vétérinaire des armées (activité exclusive équine) à Fontainebleau (Seine-et-Marne).

Dès lors qu’Internet est accessible, l’avantage du e-learning est de pouvoir se former à distance, à toute heure et en tout lieu. En supprimant les contraintes de présence à date fixe, de déplacement ou de choix d’un remplaçant, le cadre de formation devient plus souple. À partir d’offres actuellement proposées par certains laboratoires ou associations, n’importe quel vétérinaire peut bénéficier, voire participer à des visioconférences, des cours virtuels ou des forums de discussions sans se déplacer. Les connaissances sont ainsi à la portée d’un plus large auditoire. C’est sans aucun doute un système voué à se développer.

Pour être attractive, une formation doit être axée sur un thème précis et envisagée de manière graduelle, échelonnée sur une période plus ou moins longue entre l’échelon de base et le degré expert. La remise à niveau est souvent nécessaire pour approfondir un sujet et progresser. Pour ma part, l’apprentissage en ligne équivaut à l’apprentissage livresque, seul le support diffère. Le e-learning crée en revanche un environnement plus interactif, grâce aux possibilités d’échanges avec un référant ou d’autres confrères.

Sa principale limite reste l’enseignement pratique. Concevoir des travaux pratiques par webcam me paraît compliqué et pas forcément adapté. En effet, un geste technique ne s’apprend efficacement qu’en situation réelle, guidé par un formateur à ses côtés. Il est donc légitime de penser que la formation pratique ne sera jamais remplacée par le e-learning.