Colloque du CGAAER sur l’évolution des relations homme-animal - La Semaine Vétérinaire n° 1475 du 16/12/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1475 du 16/12/2011

Société

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SANTÉ PUBLIQUE

Auteur(s) : MICHEL BERTROU

La question du lien entre l’homme et l’animal reste problématique aujourd’hui et nécessite une réflexion élargie.

Depuis quelques décennies, des mutations radicales ont redistribué la donne des relations qui ont toujours lié l’homme à l’animal. Le 29 novembre dernier, le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), pôle de réflexion du ministère de l’Agriculture qui compte de nombreux confrères, a organisé un colloque sur ce sujet, avec le concours de l’OIE1. Cette rencontre, qui a réuni 150 participants (issus d’une cinquantaine d’institutions, de syndicats, d’associations), s’inscrivait dans une approche transdisciplinaire.

Des émergences zoonotiques inquiétantes

Chacun dans leur domaine (l’histoire, le droit, la sociologie, l’épidémiologie, la génétique), les intervenants ont tous témoigné d’un renouveau de l’intérêt pour les questions animales. La littérature historique dédiée aux animaux, par exemple, s’est considérablement développée depuis 3 décennies et l’histoire humaine des animaux est en passe de devenir une histoire animale à part entière.

Si le brouillage actuel de la frontière entre l’homme et l’animal a été plusieurs fois évoqué, les communications ont surtout convergé sur le caractère problématique du rapport homme-animal aujourd’hui. L’inquiétude face aux émergences zoonotiques, dues à des combinaisons multifactorielles liées aux activités humaines, en est une illustration (développée par Barbara Dufour de l’ENVA).

L’animal toujours sans statut spécifique

Etienne Verrier, d’AgroParisTech, a retracé la longue histoire de la sélection animale, jusqu’aux progrès spectaculaires actuels (dans la spécialisation et l’internationalisation des races) questionnant les limites du domaine (en pleine révolution génomique).

Le recours aux modèles animaux suscite des problèmes éthiques comparables, tout en étant toujours plus pertinent pour la recherche médicale.

Le droit animalier français reste, quant à lui, écartelé entre plusieurs codes, sans statut spécifique. Bien que la demande sociétale aille dans le sens d’une plus grande protection de l’animal, celui-ci reste, pour le législateur, une chose (res propria ou res nullius).

La question épineuse de la responsabilité à l’égard de l’animal a également été illustrée par une enquête sociologique sur la perception des devoirs de l’État face aux dégâts causés par le loup. L’étude montre clairement que les divergences de vue observées entre les acteurs (éleveurs, fonctionnaires, associations écologistes ou de protection animale) sont, au-delà des arguments scientifiques ou techniques, sous-tendues par la dimension éthique.

Un malaise éthique et une culpabilité diffuse

Selon Jean-Luc Guichet, philosophe invité par le CGAAER, 4 mutations expliquent que les perceptions humaines des questions animales soient aujourd’hui aussi problématiques :

1/ la séparation (par l’urbanisation, l’industrialisation) des mondes animaux et humains autrefois intimement imbriqués ;

2/ la déqualification du rapport de l’homme à l’animal (ce dernier passant du statut de compagnon à celui d’animal de compagnie) ;

3/ la sensibilisation croissante à l’animal, axée sur sa souffrance ;

4/ la désarticulation du rapport homme-animal, les liens entre les différentes sphères animales (animal familier, utilitaire ou sauvage) étant brisés. D’après le philosophe, cette nouvelle réalité animale, éclatée et contradictoire, se cristallise chez l’homme contemporain en un malaise éthique et une culpabilité diffuse témoignant de sa difficulté à penser ce qui le différencie de l’animal (en dépit de leur continuité).

Rendant bien compte de l’étendue et de la complexité du sujet, ce colloque aura également réaffirmé l’intérêt d’une approche plurielle, croisant sciences de la nature et de l’homme.

À ce propos et « pour ces sujets que l’on sait devant nous, comme l’abattage ou l’élevage industriel », Anne-Marie Vanelle, organisatrice de la rencontre, a insisté sur la nécessité que ce type de réflexion soit mené en amont des aspects techniques ou réglementaires, afin de parer aux impasses et aux dogmatismes.

1 Organisation mondiale de la santé animale.

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