Sinusites : une origine complexe à cerner - La Semaine Vétérinaire n° 1472 du 25/11/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1472 du 25/11/2011

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ÉQUIDÉS

Auteur(s) : MARINE NEVEUX

Si la fonction des sinus paranasaux comporte encore bien des inconnues, l’affection associée est souvent mieux cernée. Ces sinus sont en effet le siège fréquent d’une inflammation concomitante à une infection, comme l’a décrit l’équipe vétérinaire de l’université d’Edimbourg (Royaume-Uni)1.

Des sinusites primaires

Les hypothèses les plus souvent retenues sont les sinusites d’origine dentaire, les traumatismes des sinus, une sinusite primaire. La plupart des chevaux qui souffrent d’une infection des voies respiratoires supérieures développent une sinusite concomitante. Elle se traduit par une production accrue de mucus dans tous les compartiments et par un épaississement de la consistance de ce mucus. Le drainage s’en trouve alors altéré, ce qui crée des conditions favorables à une prolifération bactérienne. La plupart du temps, la sinusite se résout spontanément lorsque l’infection respiratoire disparaît, mais une antibiothérapie peut être utile dans les cas aigus.

Les complications apparaissent lorsque la sinusite persiste dans un ou plusieurs compartiments et s’installe de façon chronique.

Des sinusites secondaires

→ L’inflammation des sinus peut, bien entendu, être secondaire et liée à d’autres troubles. L’origine dentaire est reconnue. Cela peut être le cas lors d’infection des dents maxillaires. Ces bactéries engendrent une odeur nauséabonde et un empyème. La suppuration du sinus peut se limiter à un seul compartiment ou, au contraire, s’étendre.

→ Un diastème profond ou une impaction d’aliment peut aussi favoriser une périodontite qui permet alors la pénétration de bactéries au niveau des sinus paranasaux.

→ Une infection mycosique peut également être liée à une sinusite, bien que cette hypothèse mérite d’être confortée. Aspergillus fumigatus est le champignon le plus fréquemment isolé. Ces infections mycosiques seraient opportunistes.

→ Les kystes sinusaux sont parfois responsables d’une obstruction des sinus et d’une compression des structures adjacentes.

→ Les tumeurs des sinus sont relativement fréquentes chez les chevaux âgés (carcinome à cellules squameuses, carcinomes indifférenciés et adénocarcinomes). Elles peuvent être invasives et invalidantes pour le cheval, engendrant par ailleurs des nécroses des tissus et des surinfections bactériennes.

→ Les hématomes progressifs de l’ethmoïde sont décrits chez le cheval. Ces lésions peuvent être responsables d’un saignement léger au niveau des naseaux, souvent unilatéral.

→ Les sinusites traumatiques se rencontrent lorsque les os de la face sont touchés. Il peut en résulter une hémorragie des compartiments sinusaux, qui se résorbera le plus souvent en quelques semaines. Mais un remaniement osseux après une lésion peut engendrer, à long terme, d’autres troubles.

L’examen clinique est indispensable

L’examen reste donc essentiel pour déterminer l’origine potentielle de la sinusite et la conduite à tenir. Il nécessite le recueil des commémoratifs (âge, écoulement unilatéral ou bilatéral, type d’écoulement, trouble respiratoire associé ou non, etc.).

Par exemple, l’hématome progressif de l’ethmoïde se rencontrera plus volontiers chez les races pur-sang ou arabe.

L’écoulement peut se situer au niveau des naseaux, mais aussi de la face.

Le signe d’appel d’une sinusite est un écoulement nasal purulent ou mucopurulent (le plus souvent d’un seul côté) et une augmentation de la taille du ganglion adjacent, en raison du processus infectieux. Une odeur nauséabonde est le plus souvent associée à une sinusite dentaire ou mycosique. L’écoulement de sang est plus fréquemment lié à une origine traumatique ou à un hématome de l’ethmoïde.

L’obstruction nasale, le larmoiement, les bruits respiratoires anormaux, etc., interviennent souvent plus tard lorsque le trouble s’étend.

Les kystes, les tumeurs ou les sinusites traumatiques engendreront plus fréquemment des écoulements au niveau de la face.

Lors d’une suspicion de sinusite, l’examen du cheval passe donc aussi par une exploration de sa cavité orale : des fractures dentaires, une infection apicale peuvent constituer des signes d’alerte. Des diastèmes ou une maladie périodontale profonde peuvent suggérer la présence d’une fistule oro-maxillaire.

L’imagerie permet d’affiner le diagnostic

→ L’examen radiographique des sinus paranasaux est utile au diagnostic. Un changement de minéralisation de l’os est noté lors de lésions chroniques de sinusite. Les kystes sinusaux peuvent aussi être visualisés à la radiographie. Cet examen permet en outre d’observer les dents et les racines, particulièrement chez les jeunes chevaux.

→ La scintigraphie revêt un intérêt pour détecter une infection apicale dentaire (notamment dans les stades précoces de la maladie). Elle peut aussi servir à préciser un cliché radiographique.

→ Le scanner et l’imagerie par résonance magnétique (IRM) sont intéressants pour obtenir des images détaillées des structures de la tête du cheval et des éventuelles lésions des sinus. Le scanner est une application idéale pour détecter les troubles des cavités paranasales.

→ L’endoscopie nasale se pratique associée, si besoin, à une biopsie. Elle permet de mettre en évidence un exsudat, un traumatisme, une fistule ou des lésions de mycose.

  • 1 D’après P. M. Dixon et coll. Equine paranasal sinus disease. Equine Vet. Journal 2011.

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