Les vétérinaires de l’Hérault tirent leur épingle du jeu - La Semaine Vétérinaire n° 1472 du 25/11/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1472 du 25/11/2011

Dossier

Auteur(s) : MYRIEM LAHIDELY

Si l’essor démographique du département ne parvient pas à gommer le marasme ambiant, les vétérinaires de l’Hérault ont plutôt le moral. Malgré la présence encore conséquente de cheptels ovins et bovins, la pratique rurale pure a pratiquement disparu. Les vétérinaires vivent grâce à la canine, et sont plus ou moins stressés selon qu’ils sont seuls ou en association, dans un secteur d’activité où le regroupement et le “suréquipement” sont une tendance ultraminoritaire.

L’Hérault est en pleine explosion démographique, avec près d’un million d’habitants, pour 174 vétérinaires, dont 131 libéraux et 43 salariés. Toutefois, l’essor dont se félicite le département se cantonne à Montpellier et au littoral, et ne se ressent pas vraiment dans les cabinets. « Même dans la capitale régionale, il n’y a pas de grosse création de clientèle. En 2 ou 3 ans, 3 cabinets – dont 1 à Castelnau-le-Lez – ont fermé et n’ont pas été revendus », observe Philippe Lévêque, pré­sident du conseil régional de l’Ordre Languedoc-Roussillon. Certes, le CRO note plusieurs ins­tallations à l’extérieur de Montpellier, dans des villages périphériques ou de l’arrière-pays qui disposent désormais d’un vétérinaire. Mais la crise est passée par là et les cabinets ont ressenti une baisse de fréquentation sensible l’an dernier. Certains ont même enregistré une chute de 10 à 20 %. « Cela représente une perte de bénéfice de 40 %. C’est assez sévère. Le marasme est évident », souligne Philippe Lévêque. Une clinique comme celle de Sébastien Meyrieu, à Lodève (voir page 32), a accusé une baisse de 8 % en 2010, alors qu’elle progressait de 12 % chaque année depuis sa reprise, il y a 7 ans.

2 centres hospitaliers vétérinaires verront bientôt le jour

L’Hérault compte toutefois quelques grosses – et rares – structures à Béziers, Clermont-l’Hérault, Lunel, et Celleneuve (avec une importante clinique de référence). En matière d’équipement, les Héraultais restent plutôt sobres, selon le CRO : si les vétérinaires sont fréquemment dotés d’échographes et d’endoscopes et possèdent « les compétences pour s’en servir », précise Philippe Lévêque, certains disposant aussi d’appareils radiologiques, il n’y a pas d’imagerie par résonance magnétique (IRM) et un seul scanner est présent. « Le gros problème de la profession est sa faible profitabilité. Ce n’est pas rentable de s’équiper pour faire quelques radios par an. » D’autant que l’Hérault compte un gros bataillon de libéraux qui exercent seuls. 2 centres hospitaliers vétérinaires (CHV) devraient pourtant voir le jour, en particulier celui que la clinique de Celleneuve ouvrira d’ici à fin décembre, en périphérie de la ville. Le CRO voit arriver cette structure d’un bon œil en termes d’efficacité d’hospitalisation, de soins intensifs et de manipulations particulières. « Dans la mesure où ce CHV est compétent, ce n’est pas déloyal », estime son président. Et ce sont a priori des vétérinaires qui lui adresseront leurs clients. Cette structure sera la première du genre dans toute la région Languedoc-Roussillon.

Une organisation originale des gardes en préparation

Après la directive “services” de juillet 2010, la possibilité de se regrouper n’a pas (encore) fait beaucoup d’émules, malgré la création de quelques groupements d’intérêt économique (GIE) et, bientôt, d’un regroupement original qui permettra à la profession de s’organiser en matière de gardes. En effet, une clinique ouvrira en janvier 2012, rue du Marché-Gare, au sud de Montpellier. Cette structure n’assurera que les urgences de nuit et des jours fériés. Une quarantaine de praticiens montpelliérains, issus pour l’essentiel du service de gardes “syndical”, devraient y contribuer. « Ce service avait trouvé ses limites, car il était réparti entre des structures non équivalentes et des praticiens isolés, sans compter des lourdeurs d’organisation qui ont parfois entraîné des ratés », confie Philippe Lévêque. Adomvet, structure urgentiste du Grand-Lyon, avait implanté à Montpellier une antenne chargée des gardes à domicile (de 1re intention), mais elle l’a fermée en septembre. « Cette société envisageait de lancer un service consacré aux gardes, les praticiens montpelliérains aussi, mais il n’y avait pas de place pour 2 structures », précise Philippe Lévêque. Celle qui se crée vise une aire qui pourrait s’étendre jusqu’à Sète et couvrir le nord de Montpellier. « Le service de gardes est lourd pour les confrères, la volonté de tous était de le déléguer. » Plusieurs structures assurent déjà un service d’urgences 24 heures/24, dont la clinique du Grand M à Montpellier (voir page 30) et celle de Celleneuve.

Peu de vétérinaires ruraux

La pratique rurale pure, quant à elle, est désormais une denrée rare dans l’Hérault. Le département compte 32 vétérinaires mixtes sur 174. « Le problème consiste à trouver un praticien. Beaucoup font de la rurale pour dépanner, car nous avons peu de vétérinaires sanitaires. Les élevages plutôt extensifs sont dispersés et les praticiens susceptibles d’intervenir ont des territoires trop grands à couvrir », observe Élodie Dumas, vétérinaire du FRGDS1 Languedoc-Roussillon. Les “ruraux” ont pour champ d’intervention le plateau du Larzac (au nord du département), où sont essentiellement élevées les brebis “roquefort” et dont les grands troupeaux comptent encore près de 900 têtes. L’est du département concentre les bovins, principalement représentés par les manades (où sont élevés des taureaux de race camargue) et les ganadérias (d’où sortent des taureaux braves de combat). « Parmi les bovins domestiques, que l’on trouve au Cailar ou à Bédarieux, il y a très peu de laitiers, car le département est davantage axé sur la viande, et les cheptels diminuent régulièrement », note Élodie Dumas. L’Hérault comptait 247 troupeaux bovins allaitants pour 12 673 têtes en 2010, 327 cheptels ovins professionnels, 12 élevages caprins, quelques petites productions de porcs en plein air et de rares volailles. Le groupement de défense sanitaire 34 constate que « la majorité des cheptels en ouverture sont des caprins pour le fromage ».

Montpellier, un exemple de réussite en protection animale

L’originalité de Montpellier, qui a obtenu en 2010 le prix “Animal dans la ville”, réside dans l’instauration d’excellents rapports entre les vétérinaires et la Société protectrice des animaux. Le syndicat, qui a développé Vétérinaires pour tous, a également mis en place un travail relatif aux animaux errants et, surtout, une réelle collaboration avec les pouvoirs publics. Les plannings de vacation sont assez au point. Il en va de même pour l’association Conseil de protection féline (CPF 34), qui procède chaque année à 600 stérilisations en collaboration avec une dizaine de mairies voisines de Montpellier. « Alors que, souvent, la vision passionnelle des associations de protection des animaux s’oppose à celle, plus rationnelle des vétérinaires et des pouvoirs publics, il existe ici une culture de la discussion », remarque Vincent Chiren, vétérinaire et président de CPF 34. À l’image du milieu vétérinaire montpelliérain qui réussit, semble-t-il, à préserver une bonne entente et une relative non-concurrence, malgré la crise. « Les conditions de travail sont plus difficiles, en effet. Elles s’alourdissent administrativement, et les lois changent », rappelle le président du CRO. Les clients, malgré leurs moyens limités, deviennent aussi plus exigeants, générant des rapports d’autant plus tendus que leurs finances sont serrées. Cependant, de façon générale, la profession n’a pas perdu en qualité de vie, même si elle a revu à la baisse sa rémunération, en particulier les vétérinaires qui exercent seuls en cabinet.

  • 1 Fédération régionale des groupements de défense sanitaire.

LA TUBERCULOSE BOVINE SOUS SURVEILLANCE EN CAMARGUE

Tandis que la France a un statut indemne en matière de tuberculose bovine, la Camargue présente une prévalence plutôt élevée. « La plupart des cas déclarés sont le fait de manades et de ganadérias, et les 2 dernières campagnes ont fait apparaître 11,5 % de cas positifs chez des taureaux braves et camargues », constate Élodie Dumas, vétérinaire de la FRGDS. Des abattages ont lieu chaque année : 34 entre le 1er septembre 2009 et le 30 avril 2011, dont 21 se sont révélés négatifs. 30 autres ont été classés comme douteux. Lors des 2 dernières campagnes, les vétérinaires (2 à 4 cliniques habituées à ces animaux) se sont organisés pour effectuer les tests à l’interféron gamma, plus sûrs et plus aisés chez des animaux sauvages. « Cela a permis de repérer de nouveaux cheptels infectés, et d’obtenir des abattages partiels, détail important pour des troupeaux à effectif réduit. » Si la région a obtenu une dérogation à l’abattage total afin de maintenir ces races, la technique, quant à elle, est coûteuse : 34 à 36 € TTC, sans compter les honoraires des vétérinaires. Un prix que les éleveurs ne sont pas tous prêts à payer, malgré les aides institutionnelles et le caractère contagieux de la maladie.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr