La vache et l’homme moderne, même combat métabolique - La Semaine Vétérinaire n° 1472 du 25/11/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1472 du 25/11/2011

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/BOVINS

Auteur(s) : GEERT OPSOMER*, YVES DEBEAUVAIS**

Fonctions :
*département de reproduction, obstétrique et médecine des populations de la faculté vétérinaire de Gand (Belgique).

Points forts

– Le décalage entre l’ingestion et les besoins des vaches au vêlage conduit à un déficit énergétique.

– Le syndrome de la vache grasse est comparable au syndrome métabolique humain (insulinorésistance liée à de forts taux d’acides gras circulants).

– Les acides gras saturés sont toxiques pour les follicules ovariens. Les vaches qui possèdent des kystes folliculaires présentent un taux d’insuline circulante 2 fois supérieur à celui des femelles saines.

À l’occasion du 6e ECBHM1, Geert Opsomer a posé les questions suivantes : « Les vaches modernes souffrent-elles de maladies modernes ? Que nous apporte l’étude du syndrome métabolique de la médecine humaine pour l’exercice de la médecine bovine ? »

Geert Opsomer rappelle qu’il existe un important décalage entre l’augmentation brutale des besoins en énergie autour du vêlage des vaches laitières et la capacité des animaux à y faire face par l’ingestion de rations plus ou moins riches. Ce décalage conduit systématiquement à un déficit énergétique, plus ou moins profond et plus ou moins durable. Via quelques schémas originaux, Geert Opsomer a présenté le principal dilemme des vaches laitières qui, lorsqu’elles manquent de glucose, mobilisent des acides gras. Ceux-ci sont métabolisés aussi bien que possible dans le foie, organe central de la vache en transition !

La baisse de la sensibilité des muscles et des cellules graisseuses à l’insuline, qui conduit à une épargne de glucose à destination des tissus non-insulinodépendants (utérus et mamelle en particulier) est une notion physiologique essentielle du peripartum chez tous les mammifères.

L’INSULINORÉSISTANCE COMMUNE AUX 2 SYNDROMES

L’exacerbation de la réponse “acides gras” chez les animaux prédisposés (beaucoup de gras à mobiliser, ingestion réduite) conduit au syndrome de la vache grasse (fat cow syndrome). Les femelles affectées sont davantage sujettes aux maladies métaboliques (cétose, stéatose, hypocalcémie, etc.), infectieuses, inflammatoires et à l’infertilité… Il en va de même chez les hommes atteints du syndrome métabolique, lui-même associé aux maladies cardiovasculaires et inflammatoires, aux dyslipidémies, à l’hypertension, au diabète de type 2, etc. Ces 2 syndromes ont en commun une insulinorésistance avérée liée à de forts taux d’acides gras libres circulants.

Geert Opsomer illustre son propos au moyen de la carte (préoccupante) de l’obésité aux États-Unis et retrace l’évolution qui a conduit à l’homme “moderne” et à sa graisse abdominale. Chez les bovins, des études récentes permettent de différencier les graisses viscérales (omentales) et “périphériques”, et de constater une mauvaise corrélation entre la note d’état corporel et l’infiltration graisseuse périviscérale, beaucoup plus délétère pour l’organisme (d’autant plus qu’elle se compose majoritairement d’acides gras saturés).

Les effets d’une lipomobilisation exagérée sur la reproduction sont décrits : là encore, les acides gras saturés sont toxiques pour les follicules. Plus surprenant : la seule différence notable entre les vaches saines et les animaux à kystes folliculaires, une fois la lactation entamée, est notée dans le niveau d’insuline circulante (presque doublé pour les secondes).

CONSÉQUENCES SUR LA CROISSANCE INTRA-UTÉRINE PRÉCOCE

L’autre aspect intéressant des dysmétabolismes énergétiques réside dans leurs conséquences sur la croissance intra-utérine précoce. Lors de la Dutch famine (de novembre 1944 à avril 1945), les seuls aliments disponibles étaient le pain, les pommes de terre, les betteraves, etc. (donc des sucres plutôt rapides). À la suite de cet épisode, une fréquence accrue du syndrome métabolique chez les humains qui étaient alors en début de grossesse, est observée 50 ans plus tard. Geert Opsomer évoque également des études qui montrent une moindre sensibilité à l’insuline chez des veaux holstein et des glycémies supérieures lors des tests, par rapport à de jeunes animaux de race bouchère, dont les mères sont moins sollicitées.

En conclusion, les vaches et les humains “modernes” seraient aux prises avec des maladies comparables. Geert Opsomer met en évidence les surprenantes similarités entre le syndrome métabolique humain et celui de la vache grasse. Les connaissances accumulées en médecine humaine sont susceptibles de se révéler précieuses pour les vétérinaires, en vue d’une meilleure compréhension de la physiopathologie, de mieux traiter et de prévenir les dysmétabolismes énergétiques chez les vaches laitières en transition.

  • 1 Congrès européen de management de la santé des bovins, le 8 septembre 2011, à Liège (Belgique).

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