Conditions d’utilisation des traitements en reproduction chez la jument

UTILISATION DES ANTI-INFLAMMATOIRES

Les prostaglandines jouent un rôle capital en reproduction équine. Elles interviennent dans la lutéolyse, les mouvements de semence et de l’embryon dans l’oviducte, ou encore dans la médiation de l’inflammation de l’endomètre postsaillie persistante ou post-transfert embryonnaire. La synthèse des prostaglandines peut être inhibée à différents niveaux par les anti-inflammatoires non stéroïdiens¹ : les AINS agissent en inhibant les cyclo-oxygénases cox1 et cox2. L’action des corticostéroïdes se situe au niveau nucléaire en inhibant l’expression de différents gènes impliqués dans la synthèse des médiateurs inflammatoires et immunitaires.

Indications

Il existe différentes indications de l’utilisation de ces médicaments en reproduction équine.

• L’endométrite postinsémination ou saillie persistante chez les juments dites “sensibles” est traitée par de la dexaméthasone au moment de l’insémination. Une dose unique (0,1 mg/kg) est utilisée. Ce protocole permet de doubler le taux de gestation chez ces juments prédisposées à l’endométrite, en diminuant les signes cliniques sans affecter le nombre de polynucléaires neutrophiles.

• L’utilisation d’AINS, de 1 jour avant le transfert embryonnaire jusqu’à 4 jours après, limite l’endométrite transitoire induite par le transfert. Les manipulations utérines entraînent une décharge de prostaglandines par l’endomètre susceptible de lyser le corps jaune. L’acide méclofénamique (1 g par voie orale, 1 fois par jour pendant 5 jours) est la molécule la plus efficace dans cette indication.

• La prévention de la lutéolyse lors de réduction précoce de gestation gémellaire par l’utilisation d’AINS semble efficace (flunixine méglumine, phénylbutazone ou acide méclofénamique). Néanmoins, il est montré que l’administration de flunixine méglumine au 12^e jour de gestation diminue sensiblement la mobilité de l’embryon dans l’utérus, nécessaire pour la reconnaissance de la gestation.

EMPLOI DE LA DESLORÉLINE INJECTABLE POUR DECLENCHER L’OVULATION

La programmation de l’ovulation des juments est devenue nécessaire en suivi ovarien. La desloréline a prouvé son efficacité pour l’induction de l’ovulation sous forme d’implant. L’étude présentée¹ montre l’efficacité de la forme injectable : l’ovulation est déclenchée avec une seule injection intramusculaire de 1,5 mg de desloréline (utilisation “hors AMM”) chez des juments cyclées en chaleur (avec un utérus infiltré à l’échographie) dont le follicule préovulatoire n’excède pas 36 mm. Le moment de l’ovulation est précis et survient entre 36 heures et 42 heures après l’injection. Ainsi, le nombre de suivis gynécologiques peut être considérablement réduit, les injections multiples ne sont pas nécessaires, il n’y a pas de retard d’ovulation sur les cycles ultérieurs en cas de non-gestation à l’inverse de la formulation avec implant et pas de phénomènes d’immunisation, contrairement à l’hCG.

• 1 Sources : conférences de F. X. Grand et de Meyrier et coll. présentées lors des journées annuelles de l’Avef en 2010 à Bordeaux.