Comprendre et utiliser le cloud computing

AUX ORIGINES DU CLOUD

Historiquement, avant le développement du réseau Internet, chaque entreprise disposait de sa propre infrastructure informatique (postes de travail et serveurs) pour héberger ses données, qui ne sortaient pas de ses murs.

Avec l’arrivée d’Internet, et plus précisément du Web 2.0 dans les années 2000, les sites sont devenus dynamiques (langage ASP ou PHP), ouvrant la voie à une multitude de services en ligne accessibles à distance. Le premier d’entre eux est le Web mail, destiné au départ à un usage grand public. Progressivement, de nouveaux services ont émergé : tchat, tchat audio (Skype notamment), hébergement de photos et de vidéos en ligne (picasa, youtube, entre autres), réseaux sociaux (Twitter, Facebook, etc.) et enfin Web applications (Google Apps, Microsoft Web Apps, etc.), qui constituent autant de services inclus dans ce qui est maintenant appelé le cloud.

DÉFINITION DU CLOUD COMPUTING

Mais qu’est-ce que ce nuage ? Selon le National Institute of Standards and Technology, « l’informatique en nuage est un modèle pratique, à la demande, pour établir un accès par le réseau à un réservoir partagé de ressources informatiques configurables (réseau, serveurs, stockage, applications et services) qui peuvent être rapidement mobilisées et mises à disposition en minimisant les efforts de gestion ou les contacts avec le fournisseur de services ».

Les services évoqués précédemment ne constituent donc que la partie “visible” du nuage (côté utilisateurs). Le cloud est avant tout un concept qui consiste à déporter des ressources, traditionnellement disponibles en local, vers des serveurs distants (notamment via l’Internet). Selon les ressources mises à disposition, le cloud se décline en 3 niveaux.

• Le SAAS (software as a service) : c’est le niveau que nous utilisons tous au quotidien à partir d’un navigateur Internet (consultation du web mail, du mur Facebook, etc.). Il ne nécessite pas de compétences informatiques particulières, le service est fonctionnel et fourni clés en main.

• Le PAAS (platform as a service) : le fournisseur de services vous donne accès à une plate-forme informatique administrée à distance. Il s’agit d’un serveur virtualisé avec un système d’exploitation qui renferme un langage de programmation de haut niveau, sur lequel chacun dépose ses propres applications web. Des compétences en programmation sont requises.

• Le IAAS (infrastructure as a service) : le fournisseur de services donne accès à une infrastructure informatique. Il s’agit d’un serveur virtualisé avec un hyperviseur installé, sur lequel il faudra installer et paramétrer un système d’exploitation et tous les logiciels désirés (serveur web, serveur mail, langages, etc.). Il s’agit d’un travail d’administrateur système et serveur, sur une machine distante virtualisée.

Selon l’emplacement des ressour-ces, il est possible de distinguer :

– le cloud public, géré par un prestataire de services qui administre le cloud et facture ses services en fonction de la consommation du client ;

– le cloud privé, administré en interne par l’entreprise qui dispose d’une infrastructure serveur déjà conséquente. Il s’agit ici d’une réorganisation de ses serveurs internes, afin d’optimiser leurs performances.

DES APPLICATIONS POUR LES VÉTÉRINAIRES

La clinique vétérinaire est une petite entreprise de type PME qui ne dispose pas d’un personnel spécialisé en informatique (programmation, administration système). C’est donc tout naturellement que le vétérinaire se tournera vers un cloud de type service (SAAS) et utilisera les services et les applications web plutôt destinées au grand public.

Les services utiles au vétérinaire sont notamment ceux de communication avec l’administration, avec les confrères spécialisés et la clientèle, d’où l’utilisation du web mail, du tchat (texte ou audio), de la vidéoconférence (pour la formation par exemple), des réseaux sociaux (Facebook).

Du côté des Web applications, les logiciels de bureautique tels que Microsoft Web Apps ou Google Apps (traitement de texte, tableur, présentation) présentent un intérêt évident.

L’hébergement de données en ligne (avec des services tels que iCloud, MobileMe, Dropbox, Ubuntu One, par exemple) permet d’accéder à ses documents, de les synchroniser depuis n’importe quel terminal ou de les sauvegarder.

Les Web applications de gestion de relation clientèle, à destination des clients (CRM ou customer relationship management), sont pour le moment développées pour les grandes sociétés. Cependant, il est tout à fait envisageable pour un éditeur de progiciel vétérinaire de concevoir une option “service en ligne” dédiée à la clientèle de la clinique. On peut ainsi imaginer l’accès à un historique médical, au paramétrage d’une relance automatisée de vaccination, ou à la dernière ordonnance délivrée à un animal. En fonction des services imaginés, une partie de la base de données clients sera exportée vers le cloud géré par l’éditeur du progiciel, qui donnera accès au propriétaire, après son authentification, aux données qui le concernent.

QUEL FOURNISSEUR DE SERVICES CHOISIR ?

Certains services sont totalement gratuits, car développés initialement pour le grand public. C’est le cas du Web mail, des tchats, des réseaux sociaux et des Web applications de bureautique.

Pour d’autres services comme l’hébergement de données de sauvegarde en ligne, il est recommandé d’utiliser un fournisseur de services spécialisé dans ce domaine. Ce type de services est payant, en fonction du volume de données à sauvegarder. Concernant le CRM, les éditeurs de progiciels vétérinaires ont la possibilité de faire évoluer leur offre logicielle et d’y inclure de nouveaux services en ligne. Des services caractéristiques du cloud font progressivement leur apparition :

– par exemple, le logiciel D^r Véto propose un site web de présentation de la clinique et un accès au dossier médical de son animal pour le propriétaire, en plus des fonctionnalités classiques de tout logiciel de gestion de cabinet ;

– Vetup Manager se démarque, de son côté, par un logiciel qui fonctionne à 100 % en ligne : il s’inscrit totalement dans un cloud de type SAAS.

S’ASSURER DE LA CONFIDENTIALITÉ DES DONNÉES

L’une des principales inquiétudes associées au cloud computing concerne la sécurité des données (confidentialité et sécurité de récupération des informations confiées au nuage).

L’accès au cloud par un login et un mot de passe garantit cette confidentialité des données. Il faut, bien entendu, choisir ceux-ci de façon intelligente (pas de surnom, de date de naissance facilement déterminable via un simple social hacking).

Sur un cloud gratuit, la récupération des données n’est pas toujours assurée. C’est pour cela que le stockage en ligne des informations sensibles doit être confié à un prestataire spécialisé, qui garantit par contrat une sécurisation des données, via divers procédés techniques (cryptage, redondance physique dans les data centers et doublement de la sauvegarde vers un deuxième data center distant géographiquement).

En conclusion, chaque internaute utilise déjà (parfois sans le savoir !) des services de type cloud computing gratuits (Web mail, réseaux sociaux, etc.). La sauvegarde (payante) des données informatiques sensibles de la clinique est une autre utilisation du cloud facilement mise en œuvre. Le cloud dans le cadre du CRM reste à démocratiser pour le monde vétérinaire. La directive “services” et l’évolution de la déontologie devraient permettre de développer une meilleure communication en ligne avec sa propre clientèle et de faire entrer le vétérinaire du xxi^e siècle et ses clients dans le monde du cloud computing.