Quel est l’impact de la féminisation dans les écoles vétérinaires ? - La Semaine Vétérinaire n° 1470 du 12/11/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1470 du 12/11/2011

Entre nous

FORUM

Auteur(s) : AGNÈS FAESSEL

Les jeunes générations sont plus exigeantes

Pr Luc Chabanne, département animaux de compagnie, VetAgro Sup (Lyon).

Les étudiants masculins sont devenus minoritaires dans les promotions. Du coup, on les remarque presque davantage dans les amphithéâtres ! La supériorité numérique des filles a modifié l’ambiance de travail, car elles abordent souvent l’animal avec plus de douceur et le propriétaire avec plus de souplesse. Elles sont également plus exigeantes et revendicatrices, mais il s’agit sans doute d’une évolution liée à leur génération. Cet aspect est peut-être accentué par la plus grande rigueur des demoiselles. Les étudiantes sont attachées au respect des plannings. Elles protestent si la date ou le contenu d’un examen est modifié !

La féminisation des promotions vétérinaires semble avoir atteint le sommet de la courbe, les chiffres se stabilisent. Afin de mieux appréhender son impact, un observatoire de la profession serait le bienvenu. En quelle proportion les étudiantes exercent-elles vraiment comme praticiennes ? Faut-il augmenter le numerus clausus pour pallier le développement des temps partiels ? Le suivi professionnel des jeunes diplômés sur quelques années (nature et durée de leurs premiers emplois) permettrait de distinguer les impressions de la réalité. Il aiderait à prendre des décisions efficaces. Dans le cadre de l’accréditation américaine de l’école de Lyon, ce type de données nous est demandé, ce qui me semble justifié.

Il n’y a pas de désertion en productions animales

Pr Sylvie Chastant-Maillard, unité de reproduction, ENV de Toulouse.

Il n’est pas forcément facile de distinguer l’effet de la féminisation de celui de l’origine citadine des étudiants. Avec la féminisation des promotions, l’ambiance est devenue plus scolaire, peut-être moins récréative. La pratique équine et la faune sauvage attirent beaucoup les femmes, durablement. Nombreuses sont celles qui tentent d’en faire un véritable projet professionnel. Aucune désertion des productions animales n’est à déplorer pour autant. Au contraire, les étudiantes qui s’y destinent sont extrêmement motivées. D’un point de vue pratique, le faible nombre de garçons oblige les enseignants à participer davantage à la contention des animaux !

Les filles sont également plus attentives au bien-être animal : les conditions d’élevage et de transport, la prise en charge de la douleur, etc. Cette sensibilité correspond sans doute aussi à une évolution sociétale globale. Elle contribue, en tout cas, à modifier l’abord des animaux dans les écoles.

Il serait intéressant de suivre le devenir de ces praticiennes rurales. Même si, aujourd’hui, leurs conjoints sont plus souvent non vétérinaires (du fait de la féminisation des promotions), cette voie peut être difficile à assumer à plein temps avec des enfants. En revanche, l’augmentation du nombre de praticiennes rurales aidera sans aucun doute la profession à évoluer vers une activité de conseil en élevage, plus compatible avec leurs attentes et leurs contraintes physiques et familiales.

Les filles sont plus concentrées sur leurs études

Youssef Tamzali, responsable de la clinique équine à l’ENV de Toulouse.

Les jeunes femmes me semblent globalement plus assidues et plus sérieuses que les étudiants masculins. Cela se traduit par une forte concentration sur les études et une plus grande ponctualité. Le travail est fait et rendu à l’heure. Évidemment, des cas particuliers sortent de la moyenne des deux côtés. Je ne vois pas moins de réussite chez les garçons, mais les filles les précèdent au classement.

L’augmentation du nombre de femmes par promotion n’a pas transformé mon approche de l’enseignement. Mais leur plus grande maturité induit des relations plus intéressantes.

En équine, la proportion d’étudiantes est encore plus élevée. Elle atteint parfois 100 % dans certains groupes d’internes ou en année optionnelle (A5, ex-T1pro). Cette évolution pose des questions sur le devenir professionnel de ces vétérinaires. Aujourd’hui, en France, les cliniques équines pures restent des structures de taille modeste, dans lesquelles le travail est éprouvant et les horaires élastiques. L’engagement professionnel demandé est difficilement compatible avec une vie de famille et susceptible de faire renoncer les jeunes mères. Le développement de structures élargies, à 30 ou 40 vétérinaires comme dans d’autres pays, autoriserait une répartition différente du travail et laisserait davantage de place aux praticiennes. Celles-ci présentent souvent des compétences et un intérêt plus marqués pour l’anesthésie, les soins intensifs, ou la néonatalogie, qui les rendent complémentaires des hommes.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr