Pompier pyromane

Il y a le feu sur le marché du médicament vétérinaire. Il serait « totalement désorganisé » par des « remises [arrière] excessives », selon l’analyse du Syndicat des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL). Le diagnostic est sévère : les “petits” vétérinaires seraient exclus du marché de par leur taille. D’où les regroupements en GIE qui prolifèrent tous azimuts. Mais le pronostic est plus grave encore. Le SNVEL annonce LA « catastrophe » : la perte de la vente du médicament par les vétérinaires si… personne ne fait rien pour éviter que le « scandale » explose sur l’autel médiatique de l’antibiorésistance. En pompier de notre profession, le SNVEL a décidé d’éteindre l’incendie qui couve avant qu’il ne brûle la maison. Tant mieux. Comment ? En créant Isovet, le plus gros regroupement de chiffres d’affaires de l’Hexagone, afin de négocier avec les fournisseurs des remises accessibles à tous, au niveau le plus élevé possible. L’initiative a pour but de créer une sorte de prix d’achat plancher. La puissance de négociation du syndicat serait telle qu’il serait impossible à un ayant droit, même un très gros “affairiste”, d’acheter moins cher en dehors d’Isovet.

L’idée de se grouper pour acheter moins cher est ancienne et séduit toujours. Elle est d’ailleurs à l’origine de la création des coopératives, des centrales d’achats, ou même de la Fnac (la Fédération nationale d’achats des cadres) créée en 1954 par un ancien trotskiste… Mais peut-on vraiment éviter la crise médiatique annoncée avec ce nouvel intermédiaire chargé de négocier ces remises au plus haut ? L’initiative Isovet a déjà fait découvrir aux médecins, aux agences sanitaires, aux administrations et aux politiques l’importance vitale de ces remises “arrière”, qu’ils jugent autant excessives qu’incitatives. Des partisans d’Isovet ne cachent d’ailleurs pas non plus que leur objectif est d’abord de « faire exploser le système »… Des pompiers pyromanes, en quelque sorte.