Merial conservera une relation directe avec les vétérinaires - La Semaine Vétérinaire n° 1470 du 12/11/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1470 du 12/11/2011

Centrale de négociation Isovet

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Auteur(s) : ÉRIC VANDAËLE

« Merial ne veut ni ne peut discriminer les vétérinaires selon qu’ils sont ou seront ou non simplement “adhérents” à la SAS1 du SNVEL [Isovet] », indique le directeur du premier laboratoire en France.

Notre confrère François Bost, directeur de Merial France, répond aux questions de La Semaine vétérinaire relatives à la création de la centrale de négociation Isovet, par le SNVEL2. Cette société, filiale du syndicat, a pour objet de négocier au mieux avec les laboratoires les remises des vétérinaires libéraux qui lui confieraient leurs “chiffres d’affaires”.

La Semaine Vétérinaire : Vous dirigez le 1er laboratoire en termes de chiffres d’affaires en France. Vous devez donc être fréquemment sollicité par les praticiens sur la centrale de négociation Isovet, créée par le SNVEL, qui se propose de regrouper les chiffres d’affaires de plusieurs centaines de cabinets. Quelle est votre position ?

François Bost : Merial n’est pas seulement le 1er laboratoire en termes de chiffres d’affaires. C’est aussi un partenaire historique des vétérinaires. Nos clients nous disent d’ailleurs que Merial est aussi le 1er dans leur esprit en termes d’éthique et de relations sur le long terme, aussi bien en canine qu’en rurale. Cette image correspond à la réalité des relations que nous construisons depuis longtemps avec les vétérinaires. Enfin, de par son histoire commune avec les praticiens, notre laboratoire est attaché à la stabilité en France du système de prescription-délivrance par le vétérinaire.

Le poids et l’image de Merial en France lui confèrent une responsabilité morale particulière auprès de nos confrères. Celle-ci va au-delà de la responsabilité juridique, plus contraignante pour Merial que pour toute autre entreprise compte tenu de nos parts de marché. Nous ne pouvons donc pas nous permettre d’adopter une position à la légère, ni d’en changer à la petite semaine au gré de la naissance de tel ou tel regroupement, fût-il, à grande échelle, une émanation d’un syndicat professionnel.

La S. V. : Alors, que répondez-vous aux confrères qui vous questionnent sur Isovet ?

F. B. : Nous restons prudents. Cette initiative nous laisse assez dubitatifs pour l’instant. D’abord, Merial n’a pas encore été informé de manière précise de la part du SNVEL sur sa filiale Isovet. Nous n’en connaissons que les éléments diffusés ici ou là, et beaucoup de nos interrogations restent en suspens. Mais il n’est pas question pour Merial d’instruire un procès d’intention sur des “on-dit” ou des rumeurs. C’est d’ailleurs un point que nous partageons avec le Conseil supérieur de l’Ordre des vétérinaires. Mais disons que nous sommes perplexes.

La S. V. : Sur quels points en particulier ?

F. B. : Nous ne savons pas comment un tel regroupement pourrait fonctionner en pratique sans risquer de placer ses adhérents ou ses fournisseurs en contravention avec la législation et avec l’éthique vétérinaire.

Nous nous interrogeons aussi sur l’opportunité de cette initiative. En particulier à une période clef, où le souci de lutter contre les antibiorésistances conduit à ce que les pratiques commerciales, voire pour certains la délivrance par le vétérinaire, soient en question. Est-ce vraiment le bon moment pour ébranler l’équilibre de la prescription-délivrance, surtout dans la précipitation et, apparemment, sans concertation avec les autorités politiques ou sanitaires ? Tout cela nous rend également perplexes sur l’objectif ultime de ce projet…

La S. V. : Quelle est la ligne de conduite de Merial concernant cette affaire ?

F. B. : Elle est évidente : Merial respectera la loi. Qu’il s’agisse du Code du commerce et de ses dispositions sur la concurrence, du Code de déontologie inscrit dans le Code rural ou, évidemment, du Code de la santé publique.

La S. V. : Quels seraient les points du droit les plus importants à vos yeux ?

F. B. : Comme je l’ai déjà dit, Merial a une responsabilité particulière vis-à-vis de nos confrères. Nous nous devons d’être non seulement irréprochables, mais aussi insoupçonnables. Merial ne s’expose pas et ne s’exposera pas à des suspicions d’ententes verticales qui pourraient conduire à pénaliser ou à favoriser indûment, c’est-à-dire sans contreparties, des intervenants dans le jeu de la concurrence. Ainsi, Merial ne veut ni ne peut discriminer les vétérinaires selon qu’ils sont ou seront ou non simplement “adhérents” à la SAS du SNVEL.

Notre laboratoire ne souscrira pas à des pratiques qui relèvent de la globalisation artificielle de chiffre d’affaires. Le droit de la concurrence interdit toute pratique de ce type et les réprime sévèrement.

La S. V. : Pour éviter cet écueil, le SNVEL met en avant la pharmacovigilance et le développement éthique des marchés comme 2 contreparties possibles des vétérinaires pour les laboratoires qui négocieraient avec Isovet.

F. B. : La pharmacovigilance est une obligation légale. De notre point de vue, la déclaration d’effets indésirables ne doit surtout pas entrer dans le jeu d’une négociation commerciale ! Dans le climat actuel post-Mediator(r) où le fonctionnement de la pharmacovigilance, y compris vétérinaire, est remis en question, ce serait même un contresens total…

Quant au développement éthique du marché, nous investissons déjà beaucoup dans ce domaine, directement avec les vétérinaires, en canine comme en rurale, avec par exemple les programmes Impact Félin, Vaxxin’Actif, Viddeo ou Eva, et la densité optique pour les endectocides.

La S. V. : Si les contrats étaient signés avec une centrale unique de négociation, ne serait-il pas avantageux pour Merial de réduire sa force de vente ?

F. B. : Nous tenons à rassurer les praticiens qui s’interrogent sur le devenir de leurs délégués et de leurs relations futures avec Merial. Nous conserverons une relation directe avec nos clients vétérinaires, qui nous font confiance. Nous considérons, comme l’impose d’ailleurs le Code de déontologie, que la liberté de prescription est un droit inaliénable pour le praticien. Ce droit ne saurait être délégué à un tiers, quel qu’il soit, et qu’il en tire ou non un bénéfice financier.

Par ailleurs, conformément au Code de la santé publique, Merial n’accorde des avantages tarifaires qu’à des ayants droit. Ce versement est soumis à la signature d’un contrat individuel avec chacun d’entre eux. Nous ne pouvons pas faire d’exception à cette règle.

  • 1 Société par actions simplifiée.

  • 2 Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral.

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