Une charte pour l’écoconstruction d’un bâtiment d’élevage

L’impact environnemental de la construction d’un bâtiment d’élevage a fait l’objet d’une étude (2008-2010) pilotée par l’Institut de l’élevage. Ses prin­cipaux résultats concernent la consommation d’énergie, les émissions de gaz à effet de serre (GES), ainsi que l’élaboration d’une charte définissant le cadre d’une démar­che nouvelle pour concevoir et construire.

« Nous sommes arrivés sur ce champ d’étude pour plusieurs raisons, explique Jean-Yves Blanchin (Institut de l’élevage) qui a piloté ce programme de recherche. Il y a une demande forte du milieu de l’élevage en matière de qualité environnementale, notamment de la part de ceux qui s’engagent dans une démarche de label ou “bio”. Ils recherchent une cohérence entre leur production et l’outil qui sert à produire. Par ailleurs, dans certaines régions, comme en Rhône-Alpes où le tissu ville-campagne est plus serré, le monde rural est davantage imprégné du mouvement général de la société qui prend de plus en plus en compte les questions de qualité environnementale. Enfin, il y a ceux qui s’interrogent sur la subordination des aides publiques à une démarche qualité de ce type. »

Les deux principaux axes de résultats de cette étude concernent d’une part l’évaluation de l’impact environnemental lié à la construction de bâtiments d’élevage sur les critères les plus observés dans le monde agricole (la consommation d’énergie et les émissions de GES), d’autre part la création d’une charte “écoconstruire un bâtiment d’élevage”, qui permet d’initier une démarche de conseil autour de la qualité environnementale afférente.

UNE AIDE AU CHOIX DES MATÉRIAUX PLUTÔT QU’UNE SOLUTION CONCRÈTE

Au regard du bilan complet d’une exploitation, il est possible d’imaginer que les impacts de la consommation énergétique et des émissions de GES liés à la construction de ce type de bâtiment sont marginaux. Pour un élevage laitier, les effets correspondants sont respectivement inférieurs à 4 % et 1 %. Dorénavant, une base de données, qui servira de référence, existe. « On distingue mieux la différence d’impact entre les matériaux de second œuvre (résines, carrelages, isolants, etc.) et ceux de gros œuvre, lesquels sont moins transformés  », souligne Jean-Yves Blanchin.

Si la construction est majoritairement en acier plutôt qu’en bois, la consommation d’énergie et les émissions de GES sont deux à trois fois plus élevées. Pour la salle de traite, les matériaux de construction utilisés pour le second œuvre ont un impac fort sur l’environnement pour les points observés. Pour autant, fait valoir Jean-Yves Blanchin, « ces résultats sont davantage une aide au choix qu’une offre de solution concrète. Pour cela, il faut considérer le coût global de la construction, qui risque de dépendre davantage de celui du diagnostic éventuel d’un expert en amont que du choix des matériaux. Ces indications sont donc destinées plus directement aux techniciens et aux ingénieurs qui conseillent les éleveurs, afin de guider leur choix de matériaux. De leur côté, les constructeurs ont également intérêt à se mettre en capacité de répondre aux exigences de leurs clients »¹.

UNE DÉMARCHE NON DE CERTIFICATION, MAIS D’ADHÉSION VOLONTAIRE

L’élaboration d’une charte d’écoconstruction de ces bâtiments est sans doute le résultat le plus probant de l’étude. « Nous ne sommes pas dans une démarche de certification, précise toutefois Jean-Yves Blanchin. La démarche est volontaire. Il s’agit de valoriser les compétences des conseillers en bâtiments d’élevage, de faciliter le choix des matériaux et des techniques de construction. Nous avons remis en avant le lien entre la qualité de la production et celle des bâtiments nécessaires pour l’assurer. »

Cette charte comporte 4 grilles. Chacune décline une grande thématique : insertion dans le site ; matériaux et techniques constructives ; énergie, eau et déchets d’activité ; confort et santé du personnel et des animaux. Un guide technique² proposera des fiches d’information sur les 67 points répartis dans les 4 grilles. « La particularité de la démarche tient dans une approche de construction de qualité environnementale centrée sur l’animal, sur l’outil de production, même si le personnel n’est pas oublié. Durant les 3 années du programme, le test de compréhension de cette charte auprès d’une quarantaine d’exploitations a été réellement positif. C’est sans doute grâce à elle que la qualité environnementale des constructions nouvelles et des rénovations à venir gagnera du terrain dans le milieu de l’élevage  », soutient avec conviction Jean-Yves Blanchin.

• 1 Ces résultats sont disponibles et téléchargeables sur le site de l’Institut de l’élevage (http://www.inst-elevage.asso.fr).

• 2 Uniquement disponible en téléchargement sur le site de l’Institut de l’élevage.