Ovulation chez la truie : panorama des différentes méthodes de détermination - La Semaine Vétérinaire n° 1468 du 28/10/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1468 du 28/10/2011

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/PORCS

Auteur(s) : ELISABETH SALLÉ*, LORENZA RICHARD**

Fonctions :
*Article tiré d’une conférence présentée lors des journées nationales des GTV, en mai 2011 à Nantes.

Points forts

– L’échographie et le dosage de la progestérone sont les méthodes de référence (le gold standard étant l’échographie).

– Les techniques alternatives détectent l’œstrus plus que le moment de l’ovulation lui-même.

– Le dosage de l’hormone lutéinisante n’est pas intéressant (LH, œstrogènes), car le pic de LH est peu important chez la truie.

En France, une moyenne de 2,5 inséminations artificielles (IA) par œstrus est nécessaire pour obtenir une gestation chez la truie, alors qu’elle est de 1,5 aux Pays-Bas. Le challenge serait d’atteindre le niveau néerlandais. Pour y parvenir, la détermination du moment de l’ovulation des truies permettrait l’obtention d’une bonne fertilité en positionnant de façon optimale l’IA. Toutefois, comme l’a souligné notre consœur Elisabeth Sallé, cela n’est pas simple. En effet, la variabilité individuelle du moment d’ovulation est importante. 70 % des truies ovulent aux deux tiers de la durée des chaleurs. Mais le début des chaleurs et leur durée sont aussi variables. Chez les 30 % restantes, le moment d’ovulation est décalé, les chaleurs sont silencieuses ou encore les œstrus sont anovulatoires. Or, si la truie n’est pas inséminée dans les 24 heures qui précèdent l’ovulation ou au cours des 8 heures qui la suivent, la fertilité est compromise et la prolificité chute.

L’échographie et le dosage de la progestérone sont les deux méthodes de référence pour déterminer le moment de l’ovulation, explique Elisabeth Sallé, qui précise qu’elles « ont une bonne corrélation entre elles ». Des techniques alternatives existent, mais elles détectent l’œstrus plus que le moment d’ovulation lui-même. Enfin, elle constate que « l’éleveur néerlandais surveille davantage ses truies pour déterminer le début et la fin des chaleurs. Le premier conseil à dispenser aux éleveurs français serait donc de tenter de passer plus de temps avec chaque truie et de détecter systématiquement les fins de chaleurs ».

L’ÉCHOGRAPHIE

Matériel

Un matériel portable convient, muni d’une sonde convexe ou linéaire transabdominale de 5 MHz, ou microconvexe transrectale de 5 ou 7,5 MHz.

Protocole

La truie est échographiée tous les jours jusqu’à ce que les follicules de De Graaf ne soient plus visibles. L’ovulation est ainsi observée en temps réel, par une méthode non invasive.

Inconvénients

→ le coût de l’appareil (les modèles classiquement utilisés pour le diagnostic de gestation ne sont pas assez performants) ;

→ le temps passé par truie (5 mi­nu­tes au minimum) ;

→ la nécessité d’une formation pour une observation correcte (voir photos).

LE DOSAGE DE PROGESTÉRONE

Avantage

Le dosage quantitatif de la progestérone, qui augmente dès que l’ovulation a eu lieu, est un bon moyen de déterminer le moment de l’ovulation a posteriori, à 2 ou 3 heures près.

Inconvénients

La nécessité de réaliser une prise de sang quotidienne durant 4 à 5 jours peut être difficile sur le terrain. Toutefois, des prélèvements sanguins par buvards sont possibles pour les dosages hormonaux quantitatifs, en piquant avec une aiguille sous la queue. Une petite quantité de sang est alors suffisante. La méthode est en cours de validation chez la truie.

LES MÉTHODES ALTERNATIVES

La température vulvaire : sa chute précéderait le moment de l’ovulation, mais les résultats sont encore expérimentaux.

Les mesures de l’impédance et de la résistivité vaginales ne sont pas des méthodes applicables chez la truie, pour des raisons sanitaires et de fiabilité.

La cytologie vaginale (méthode courante chez la chienne) : elle ne permet de déterminer que l’œstrus et non le moment d’ovulation.

L’enregistrement du comportement : les faux négatifs sont nombreux, car l’observation individuelle est difficile et peu de comportements sont spécifiques (nervosité, chevauchements). Les visites au verrat en liberté détectent 85 % des chaleurs chez les truies, qui ne bougent plus en présence du mâle, mais pas l’ovulation. 15 % restent non détectées.

Le pig watch : les mouvements des truies sont enregistrés durant la semaine d’insémination artificielle, mais seules les chaleurs sont détectées et non l’ovulation.

Le PigSIS : les truies ovulent aux deux tiers des chaleurs en moyenne, mais ce moment varie d’un élevage à l’autre. Pour chaque bande, l’éleveur doit donc détecter le début et la fin des chaleurs, les rangs de portée, les taux de fécondité, les moments d’IA, etc. Le moment d’ovulation théorique des truies de son élevage est estimé en calculant les taux d’IA “bien placées” et “mal placées”. De nombreux critères restent à déterminer pour mettre cette méthode en application.

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