Quelle orientation génétique pour les bovins allaitants “bio” ? - La Semaine Vétérinaire n° 1467 du 21/10/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1467 du 21/10/2011

Sommet de l’élevage

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SANTÉ ANIMALE

Auteur(s) : SERGE TROUILLET

Maîtrise, prudence, espoirs, tels sont les maîtres mots des éleveurs “bio” lorsqu’ils évoquent l’utilisation de la génétique.

Dans le secteur des céréales, les producteurs “bio” se préoccupent de génétique depuis une trentaine d’années. En élevage biologique, le mot génétique a longtemps fait peur. Il renvoie à des notions d’intensification contraires à ses principes. Pour autant, la reproduction s’accompagne de sélection. Les éleveurs, sans se payer de mots, ont toujours façonné leurs cheptels selon leurs choix de production. Ils n’en sont pas moins conscients que si la génétique ne fait pas tout, elle est incontournable s’ils veulent améliorer la marge de leur exploitation. Christophe Pouget, professeur de génétique à Tulle-Naves (Corrèze), s’est exprimé sur le sujet lors du Sommet de l’élevage début octobre, à Cournon-d’Auvergne (Puy-de-Dôme)1 : « Des outils d’amélioration génétique existent. Certes, ils ont des limites. De nombreuses inconnues demeurent quant à leur pertinence au regard des systèmes “bio”, mais il convient de les utiliser et surtout de les faire évoluer. Plus les connaissances sur les systèmes “bio” se développeront, mieux les critères qui les définissent seront pris en compte. »

Marc Dudrut, technicien à la chambre d’agriculture de la Creuse, témoigne : « Avec la génétique, les progrès que l’on peut faire sont difficilement mesurables, mais en revanche, la dégradation, on la voit vite. C’est toujours en termes de seuil d’exclusion que nous agissons. Quand nous sélectionnons sur un caractère, c’est pour ne pas descendre en deçà d’un certain niveau lié à ce caractère. »

Jacky Tixier, éleveur de vaches limousines : « Sans recours à la génétique, les poids de carcasse qui sont les nôtres ne seraient pas atteints avec une conduite biologique. L’alimentation de nos animaux est en effet moins riche en protéines et nous les poussons moins qu’en élevage conventionnel. »

Épigénétique, nutrigénomique…

Le débat, aujourd’hui, s’articule essentiellement autour des critères de sélection. L’objectif d’orientation d’une race s’appuie sur un compromis entre les différents systèmes majeurs qui la caractérisent. Cela se traduit par un index de synthèse unique, et dans le système auquel l’exploitant se rattache plus ou moins, ce dernier choisira tel ou tel critère selon l’importance qu’il lui accorde. Denis Fric, vétérinaire aujourd’hui à Gablim2 : « Le problème, pour le système biologique, même s’il existe autant de formes d’exploitation que d’élevages, c’est qu’il ne pèse pas assez pour que les critères spécifiques à l’agriculture “bio” (adaptations aux conditions pédoclimatiques, rusticité, valorisation des fourrages grossiers, âge des animaux finis, etc.) soient pris en compte ou, du moins, facilement identifiables et utilisables par les éleveurs. La plupart d’entre eux n’ont pas les connaissances suffisantes pour exploiter au mieux ces index. »

… sans oublier l’œil de l’éleveur

Tous conviennent que les progrès de la connaissance permettront sans doute d’améliorer la situation. Sébastien Arico, représentant de la société limousine Ingenomix, spécialisée dans la génomique, le confirme : « Des travaux sont en cours en matière d’épigénétique : c’est une boîte noire que nous commençons tout juste à ouvrir et qui recouvre des choses que nous n’arrivons pas bien à expliquer par la génétique. La nutrigénomique progresse également. Quelques bénéfices pour la filière “bio” sont envisageables, notamment sur le contrôle de certains déterminismes génétiques au travers de la nutrition. C’est particulièrement prometteur. »

La conclusion est consensuelle. Plus le “bio” se développera, plus les connaissances sur ce système permettront de mieux guider l’éleveur dans ses choix de sélection. Mais son œil sera toujours déterminant.

  • 1 À l’initiative de Biocentre, l’organisation de la filière biologique en région Centre.

  • 2 Groupement des agriculteurs “bio” du Limousin.

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