Le syndrome vestibulaire chez le lapin - La Semaine Vétérinaire n° 1466 du 14/10/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1466 du 14/10/2011

Formation

NAC

Auteur(s) : JEAN-FRANÇOIS QUINTON*, MICHEL BERTROU**

Fonctions :
*praticien exclusif NAC à la clinique Advetia à Paris. Article rédigé d’après une conférence présentée lors d’une séance de la Société vétérinaire pratique de France (SVPF) en décembre 2010.

Points forts

– Il est à distinguer du torticolis.

– Il peut se manifester par la seule atteinte du nerf facial.

– L’otite (moyenne ou interne) est la principale cause d’atteinte périphérique.

– Le traitement fait appel aux corticoïdes (en phase aiguë), aux vasodilatateurs et aux benzodiazépines. Le nursing est incontournable. L’otite est soignée par une antibiothérapie d’une durée d’au minimum deux mois.

– L’amélioration du syndrome vestibulaire peut être spontanée, sauf lors d’otite. Prévoir deux à trois mois de récupération.

Chez le lapin, le syndrome vestibulaire se caractérise par une ataxie asymétrique avec une tête penchée (une oreille vers le sol), des chutes, des rouler-bouler et des mouvements en cercle. Le tonus musculaire, diminué du côté de la lésion, peut augmenter du côté opposé. Un nystagmus survient parfois, de même qu’un strabisme. Il convient de distinguer ce syndrome du torticolis, plus rare, avec lequel il était souvent assimilé par le passé.

LOCALISER LA LÉSION

Le praticien doit ensuite identifier si l’atteinte du système vestibulaire est périphérique (entre l’oreille moyenne et le tronc vestibulaire) ou centrale (entre le tronc vestibulaire et le cérebellum, le cervelet et la moelle épinière). Un syndrome de Claude Bernard-Horner n’apparaît que dans l’atteinte périphérique. En revanche, les réactions posturales (aux tests de la brouette et du sautillement), ou la conscience, ne sont altérées que lors d’une atteinte centrale (voir tableau).

Périphérique ou central, le syndrome vestibulaire peut s’accompagner d’une atteinte du nerf facial, symptôme parfois unique, susceptible d’apparaître quelques semaines avant la maladie proprement dite. Spastique chez le lapin, l’atteinte du nerf facial se repère par la diminution de la sensibilité cutanée et du réflexe palpébral (à noter que chez les rongeurs, l’absence de clignement à la menace est physiologique).

ÉTIOLOGIE ET DIAGNOSTIC

L’otite (moyenne et interne) est la cause la plus fréquente de l’atteinte périphérique. Les bactéries atteignent l’oreille moyenne depuis les cavités nasales, via les trompes d’Eustache. Si Pasteurella multocida est la bactérie la plus souvent mise en cause, des streptocoques ou des staphylocoques le sont également.

Dans de plus rares cas, le syndrome est associé à une tumeur, une gale auriculaire ou une otite externe après perforation du tympan.

L’atteinte périphérique peut aussi être d’origine idiopathique. Les calcifications anormales fréquentes chez le lapin (dont la calcémie est physiologiquement élevée) suggèrent l’hypothèse de troubles engendrés par la présence d’otolithes au niveau de l’endolymphe des canaux semi-circulaires.

Rapide et peu invasive, la radiographie (latérale, dorso-ventrale et oblique) met en évidence les fractures, le comblement des bulles tympaniques, l’épaississement de la paroi ou l’ostéolyse (due à une ostéomyélite). Cependant, sa faible sensibilité pour les tissus mous et le risque de superposition font du scanner un examen plus pertinent (hormis son coût et la nécessité d’une anesthésie) pour explorer l’atteinte périphérique.

Secondairement à des rhinites chroniques ou des otites, les pasteurelles, les streptocoques et les staphylocoques peuvent être responsables d’encéphalites. Encephalitozoon cuniculi est également suspecté dans les atteintes centrales. Ce protozoaire a pour organes cibles les reins, le cerveau et l’œil et se transmet horizontalement par inhalation ou par ingestion de nourriture contaminée par les urines1. Sa seule responsabilité dans l’affection reste toutefois incertaine. Les lésions granulomateuses qu’il génère dans le cerveau sont difficiles à corréler avec les symptômes observés et il existe un important portage sain (58 % d’après une étude).

Pour objectiver l’infection, une recherche par polymerase chain reaction (PCR) à partir du liquide céphalo-rachidien est plus significative qu’une sérologie. L’IRM2 serait l’examen de choix des atteintes centrales, mais sa disponibilité, son prix et les longs temps d’acquisition nécessaires en limitent le recours.

TRAITEMENT

Le traitement symptomatique fait appel aux corticoïdes (en phase aiguë), aux vasodilatateurs (pentoxifylline) et aux benzodiazépines pour déstresser l’animal (le midazolam à 0,5 mg/kg donne d’excellents résultats). La qualité du nursing est également capitale. Elle vise à caler l’animal, à surveiller sa prise de nourriture (que la paralysie faciale peut rendre moins efficace) et à éviter les complications d’ulcères cornéens.

Le traitement de l’otite consiste en une antibiothérapie (enrofloxacine, chloramphénicol, oxytétracycline) au long cours (au minimum 2 mois). L’association d’un drainage-curetage de la bulle tympanique par oto-endoscopie ou par ouverture chirurgicale est souvent nécessaire. L’infection à E. cuniculi se traite par le fenbendazole (20 mg/kg, 1 fois par jour, pendant 15 jours).

L’amélioration du syndrome vestibulaire peut être spontanée, sauf dans le cas d’otite moyenne ou interne. Il convient en général de prévoir 2 à 3 mois de récupération progressive, le lapin se débrouillant sans problème avec sa tête penchée.

  • 1 Le délai entre l’infection et l’atteinte du système nerveux central est de 30 jours.

  • 2 Imagerie par résonance magnétique.

LE TORTICOLIS

→ Dans le torticolis — qui peut être dû à une contracture musculaire, une scoliose, une neuropathie périphérique unilatérale, voire une atteinte de l’axe hypothalamo-hypophysaire —les oreilles de l’animal restent au même niveau.

CHEZ LES RONGEURS

→ Chez le rat, le syndrome vestibulaire est fréquemment dû à une otite (moyenne et interne) qui évolue souvent en syndrome vestibulaire bilatéral. La tête, initialement penchée, s’anime alors de mouvements pendulaires. Le syndrome vestibulaire est également fréquent chez le cobaye. Une kératite d’exposition — par atteinte du nerf facial (détectable par le test de sensibilité de la narine) – peut en constituer le seul symptôme. Une autre complication possible est la malocclusion dentaire, avec l’usure en biseau des incisives et la luxation latérale et rostrale de la mandibule.

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