Utilité et modalités de la sédation chez les oiseaux

La sédation est définie comme une baisse de conscience, induite par un agent chimique, qui permet une manipulation aisée de l’animal. Mais contrairement à l’anesthésie générale, celui-ci est encore capable de répondre à des stimulations répétées ou douloureuses. La sédation présente surtout l’avantage d’être plus sûre. Ainsi, la mortalité est 2,5 fois plus importante chez les mammifères anesthésiés que chez les sédatés, a indiqué Angela Lennox, praticienne dans une clinique spécialisée dans les NAC aux États-Unis, lors du congrès de l’European Association of Avian Veterinarians (EAAV) à Madrid, en avril dernier.

QUAND OPTER POUR LA SÉDATION ?

L’anesthésie générale est fréquemment utilisée chez les oiseaux, non seulement pour des interventions chirurgicales, mais aussi dans le cadre de procédures telles que la prise de sang, l’imagerie ou les soins mineurs. Dans le cas d’oiseaux débilités, malades, stressés ou en détresse respiratoire, la contention manuelle vigile est déconseillée, car elle risque d’aggraver l’état de l’oiseau. De son côté, l’anesthésie générale est particulièrement à risque.

Le praticien se retrouve donc face à un dilemme : retarder la mise en œuvre d’examens complémentaires ou de soins, en laissant l’oiseau au calme avec un traitement de soutien le temps qu’il soit apte à supporter les manipulations, ou prendre le risque d’une contention ou d’une anesthésie générale. La sédation est une alternative dans ces cas, ou lors de procédures mineures pour lesquelles une anesthésie générale n’est pas obligatoire. Ainsi, Angela Lennox utilise la sédation pour réaliser une radiographie, une prise de sang ou poser un cathéter intraveineux ou intraosseux. Pour ces dernières procédures, légèrement douloureuses, une anesthésie locale à la lidocaïne (1 mg/kg, 10 minutes avant la pose du cathéter) y est associée. La sédation permet également d’améliorer la respiration chez les oiseaux en détresse respiratoire.

INCONVÉNIENTS

Les désavantages de la sédation sont l’éventuelle persistance de mouvements, une perte de conscience incomplète ou une analgésie insuffisante. Le temps de réveil peut également être long. Si les risques sont plus faibles que lors d’une anesthésie, la sédation ne dispense pas de réfléchir soigneusement au protocole, de calculer précisément les doses et de surveiller attentivement les réponses de l’animal, prévient notre consœur.

PROTOCOLE

Le midazolam (Hypnovel®¹) et le butorphanol peuvent être utilisés pour sédater les oiseaux.

Le midazolam est une benzodiazépine à effet anxiolytique et amnésique. Il n’a pas d’effet analgésique. Il est hydrosoluble et s’administre par voie intramusculaire, intraveineuse ou sous-cutanée. Le butorphanol est un analgésique opioïde, le plus puissant de cette classe chez les oiseaux. Il peut être administré par voie intramusculaire, intraveineuse, sous-cutanée ou per os.

Les deux molécules possèdent une grande marge de sécurité chez les oiseaux et sont en outre réversibles : l’antagoniste du midazolam est le flumazénil (Anexate®¹), alors que le butorphanol, comme tous les morphiniques, est antagonisé par la naloxone.

Les posologies couramment utilisées, de façon empirique, combinent le butorphanol (entre 1 et 3 mg/kg) et le midazolam (entre 0,25 et 1 mg/kg).

EFFETS

La réponse après une injection intramusculaire est rapide, de l’ordre de 2 à 3 minutes. L’oiseau repose sur le bréchet, tête basse ou basculée sur le dos, la respiration est lente et régulière. Ces molécules n’ont pas d’effet dépresseur respiratoire, au contraire.

Dans tous les cas, la manipulation ou un stimulus douloureux entraînent une réaction de l’animal, qui retombe en position de sommeil dès la fin de la stimulation. La sédation dure de 20 minutes à plusieurs heures.

Le résultat de la sédation, variable selon les individus, leur état de santé et leur degré de stress, peut passer d’un profond sommeil à une réponse quasi inexistante. Les meilleurs résultats sont obtenus avec des animaux calmes ou débilités, chez lesquels il convient de toujours commencer par de faibles doses (une nouvelle administration peut éventuellement être réalisée 10 minutes plus tard en cas de réponse insuffisante). D’après l’expérience de la conférencière (trois ans d’utilisation de l’association midazolam-butorphanol en sédation ou en prémédication), aucun cas de mortalité directement lié à ce protocole n’est à déplorer, y compris chez des individus fortement débilités.

• 1 Spécialité humaine.