UN GRAND SANCTUAIRE POUR ÉLÉPHANTS AU SRI LANKA - La Semaine Vétérinaire n° 1465 du 07/10/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1465 du 07/10/2011

Reportage

Auteur(s) : Frank Dhermain*, Myriem Lahidely**

Fonctions :
*vétérinaire à Marseille (Bouches-du-Rhône)

La population des éléphants sauvages au Sri Lanka est estimée à environ 4 000 individus. Pour la plupart, ils vivent au sein de parcs naturels ou de zones protégées. Il n’est pas rare d’en voir sur les bords des routes dans le sud du pays. Les lieux de passage sont indiqués par des panneaux. Les pachydermes n’hésitent pas à s’approcher des villages, à la recherche de nourriture dans les décharges sauvages, mais aussi dans les potagers ou dans les champs. Cela crée d’évidentes tensions entre l’homme et l’éléphant, qui est également un “outil de travail” utilisé par la population pour certains travaux de force. Ces incursions sont souvent dues aux destructions des forêts, leur habitat naturel. Près de 120 éléphants sont ainsi tués par l’homme chaque année.

Une centaine de pachydermes hébergés

C’est sans doute pour ces raisons que le gouvernement a créé, en 1975, un orphelinat pour ces animaux. Près du village de Pinnawela, situé à une heure de la ville sacrée de Kandy, 10 hectares de cocoteraie ont été aménagés. Au départ, l’orphelinat accueillait exclusivement des jeunes trouvés seuls dans la jungle, après la mort de leur mère. Aujourd’hui, c’est devenu l’un des plus grands centres d’accueil pour éléphants du monde. Il héberge des orphelins, bien entendu, mais aussi des blessés, ou des pensionnaires trop âgés pour travailler… Ce centre est aussi devenu une attraction touristique pour les visiteurs locaux et étrangers. D’ailleurs, il fonctionne principalement avec les revenus générés par les entrées. Une centaine de pachydermes y vivent actuellement.

Des victimes de la guerre civile parmi les pensionnaires

Chaque matin, les éléphants quittent le parc où ils vivent et convergent vers la rivière Maha Oya. Accompagnés de leurs cornacs, ils traversent une partie du village en troupeau avant de se jeter dans l’eau, pour le plus grand bonheur du public, venu en nombre. Pendant deux heures, Ninja, Thilaka, Mathalee, Kamani et tous les autres batifolent dans la rivière. Pendant que certains s’éloignent en petits groupes, d’autres préfèrent se coucher sur le flanc pendant que leur cornac les frotte à l’aide d’une coque de noix de coco. Quelques jeunes s’amusent, parfois une femelle s’énerve et tout le troupeau s’affole. Les soigneurs se doivent de calmer tout ce petit monde avant de les reconduire vers leur enclos.

Parmi les pachydermes, l’un n’a que trois pattes. Renseignement pris, il s’agit d’une femelle nommée Sama. Victime de l’explosion d’une mine à l’âge de deux ans, il a fallu l’amputer pour la sauver. Ce genre d’accident est assez fréquent dans ce pays où la guerre civile a fait rage pendant des décennies. Si le conflit entre le gouvernement central et la guérilla tamoule a pris fin en 2009, les forêts du nord du pays sont encore truffées de mines antipersonnelles.

Chaque éléphant reçoit 75 kg de nourriture par jour

Dans les enclos qui leur sont réservés, les orphelins non sevrés attendent leur repas : d’énormes biberons de lait tendus par leurs cornacs. Quant aux adultes, ils s’attaquent aux branchages (feuilles de cocotiers, branches de jacquier) et aux troncs d’arbres débités à leur attention. Chacun reçoit environ 75 kg de nourriture quotidiennement ! Le reste du temps, les éléphants sont employés à des travaux domestiques, comme le défrichage ou l’arrachage d’arbres, ce qui vaut à l’institution quelques soucis avec les défenseurs des animaux.

Pour les plus âgés (en captivité, ils peuvent vivre jusqu’à 80 ans), la vie s’écoule tranquillement. Les plus jeunes sont pris en charge par les cornacs. Chaque pachyderme sera suivi toute sa vie par le même homme. Car même semi-apprivoisés, ils restent potentiellement dangereux (au Sri Lanka, une cinquantaine de personnes sont tuées par un éléphant chaque année). Pinnawela constitue un véritable sanctuaire, mais malgré cette initiative, l’espèce reste en sursis dans le pays.

Du papier en crottes d’éléphants

La boutique de l’orphelinat propose, parmi les souvenirs destinés aux touristes de passage, des articles fabriqués à base… de crottes d’éléphants. La petite unité de production se trouve à quelques kilomètres de là. Le créateur de l’entreprise Maximus1, Thusitha Ranasinghe, est spécialisé dans le papier recyclé. Rapidement, l’entrepreneur a compris que ces crottes étaient une matière première idéale pour en produire ! Grâce au succès de cette initiative, plusieurs dizaines de femmes de la région ont pu trouver un emploi.

Mais l’éléphant est aussi au centre du projet : une partie des bénéfices est destinée aux actions menées pour sa préservation. De nouvelles fabriques doivent voir le jour dans les zones où il vit en liberté. Et cette fois, le papier serait fabriqué à partir de crottes d’éléphants sauvages. Une façon d’améliorer les relations entre les villageois et ces animaux menacés.

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