Seevad, éthologie et éthique - La Semaine Vétérinaire n° 1465 du 07/10/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1465 du 07/10/2011

Éthologie vétérinaire à l’ENVA

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Auteur(s) : MICHEL BERTROU

L’éthologie s’est intéressée jusqu’ici à l’animal dans son milieu naturel (et non domestique). Les animaux de compagnie sont donc restés longtemps les parents pauvres de la recherche scientifique en matière de comportement.

Les choses changent, comme en témoigne la quarantaine de communications présentées lors du premier symposium international organisé par la Société européenne d’éthologie vétérinaire des animaux domestiques (Seevad). La manifestation, accréditée Vet 2011, s’est déroulée du 9 au 11 septembre à l’école d’Alfort. Son intitulé, « Connaître l’animal pour mieux le respecter », souligne l’intention de mettre en concordance éthologie et éthique. Une approche en phase avec le souci contemporain du bien-être animal, qui explique sans doute le succès de ce premier rendez-vous. Les organisateurs n’ont pu satisfaire toutes les demandes d’inscription.

Une évolution de la cognition canine due à la domestication

Le chien, dont la domestication remonterait à 15 000 ans (5 000 ans avant les autres espèces), reste un surprenant paradoxe de l’étude comportementale : on le connaît sans le connaître.

Bertrand Deputte, professeur émérite en éthologie, a pris l’exemple des concepts de hiérarchie et d’attachement, devenus de véritables lieux communs pour le chien et encore peu questionnés scientifiquement. Des travaux commencent néanmoins à réfuter l’hypothèse que le comportement du chien puisse se référer à celui de son parent sauvage, le loup. L’éthologiste autrichienne Friederike Range est venue présenter les résultats de son étude qui démontre sans ambiguïté les différences de capacités cognitives entre des chiens et des loups élevés de manière identique. Les processus de domestication, puis de sélection, ont modifié la cognition canine et l’ont rendue plus performante dans ses interactions avec l’homme.

Florence Gaunet, chercheur en éthologie cognitive au Muséum national d’histoire naturelle, a développé cette spécificité de la cognition sociale du chien, capable de s’ajuster aux divers signaux humains (geste, voix, attitude). Elle a souligné l’intérêt d’une interaction fonctionnelle, autour de signaux bien compris. Dans ce sens, la dyade homme-chien devient un objet d’étude qui intéresse de plus en plus les éthologues, notamment dans des contextes spécifiques (chiens guides d’aveugle, chiens de travail ou de protection).

L’éthologie bouscule les vieux mythes

D’autres intervenants ont montré la plus grande efficacité des méthodes d’apprentissage positives et patientes, aussi bien chez le chien que chez le cheval. Vis-à-vis de ce dernier, dont le comportement est resté, à l’instar du chat, proche de son ancêtre sauvage, l’approche éthologique permet également de bousculer quelques mythes et d’améliorer la prise en charge de l’animal.

Au-delà de la prise en compte de l’éthogramme propre à l’espèce, l’évaluation du tempérament individuel ouvre également des perspectives. Martin Godbout, un vétérinaire québécois travaillant en éthologie clinique, a présenté son étude (menée sur une centaine de chiens) qui montre que les niveaux d’anxiété élevés décelés en consultation chez 10 % des chiots (âgés de 2 à 4 mois) persistent au stade adulte (indépendamment d’erreurs éducatives). La détection précoce de ces émotions “extrêmes” pourrait ainsi contribuer à repérer et prévenir certains troubles à venir.

Si encore bien des aspects cognitifs et comportementaux du bien-être animal restent à démêler, le symposium Seevad, qui sera désormais bisannuel, ne peut qu’encourager le vétérinaire à souhaiter en devenir un bon référent.

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