Maladies animales : la surveillance au cœur du contrôle - La Semaine Vétérinaire n° 1465 du 07/10/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1465 du 07/10/2011

Dossier

Auteur(s) : CLAIRE MORLOT

Les maladies animales émergentes ou non, dont certaines sont des zoonoses, évoluent perpétuellement. D’où l’importance de les surveiller. Plusieurs systèmes de surveillance existent et se développent, même s’ils diffèrent selon les pays et en fonction des moyens humains et financiers dont ils disposent. Une première conférence mondiale, entièrement dédiée à la surveillance de la santé animale, a fait le point sur le sujet en mai dernier.

Du plus simple au plus sophistiqué. Tous les types de surveillance des maladies animales, selon les moyens financiers et humains dont disposent les pays, sont indispensables au contrôle de ces dernières. Panorama de quelques-uns d’entre eux, explicités par des épidémiologistes.

LE TÉLÉPHONE PORTABLE

Dans les pays à faibles moyens économiques ou techniques, des méthodes originales sont développées. Josephine Walker, du Kemri/CDC1, a décrit un système pilote de surveillance syndromique des maladies du bétail par téléphone portable, mis en place au Kenya. Cet outil fonctionne via des relais humains dans chaque village, qui centralisent et envoient les données vers un serveur central. Cela permet un gain de temps et d’argent considérable dans le cadre de la surveillance de maladies à hautes conséquences économiques ou zoonotiques, dans un pays fort dépendant de son agriculture.

L’EXPLOITATION DES DONNÉES D’ÉQUARRISSAGE

Un système de suivi de la mortalité du bétail en temps réel via l’exploitation des données d’équarrissage a vu le jour en France, a détaillé pour sa part Jean-Baptiste Perrin, de l’Anses de Lyon. La mortalité est en effet un bon indicateur épidémiologique. Cet outil met en évidence des variations anormales de mortalité afin de les mettre en relation avec un événement. Il a ainsi permis, en 2007, de révéler un pic de mortalité dans le nord de la France, corrélé avec l’arrivée du sérotype 8 de la fièvre catarrhale ovine. Ce système permet en outre d’aider les décideurs, en montrant en temps réel si un événement a un impact sur la population.

L’ANALYSE DE LA COLLECTE DES TESTS DE LABORATOIRE

Fernanda Dorea, de l’université de l’île du Prince-Edouard au Canada, a développé un système de surveillance syndromique avec utilisation des tests de laboratoire. Pour un très faible coût de fonctionnement, cet outil est durable, car il collecte automatiquement, sur une base de données, les résultats des tests diagnostiques. Les données sont classées par syndrome via des mots clés. Cela permet de détecter des clusters pour un syndrome donné en prenant les années précédentes comme référence, et d’alerter sur des situations à risque. L’augmentation relative du nombre de tests positifs pour un agent pathogène sur une période définie peut ainsi révéler l’émergence d’une maladie.

Il existe également d’autres méthodes, comme celle qui utilise les données des abattoirs pour la surveillance épidémiologique.

SURVEILLANCE EN TEMPS RÉEL VIA LES LABORATOIRES ET LES PRATICIENS

Le Small Animal Veterinary Surveillance Network (Savsnet) est un réseau de surveillance des animaux de compagnie créé en 2008 au Royaume-Uni. Selon Alan Radford, de l’université de Liverpool en Grande-Bretagne, il est le fruit de la collaboration entre le gouvernement, des vétérinaires, des universités et des compagnies commerciales. Savsnet collecte des données selon deux voies encore pilotes. Dans la première, les laboratoires rassemblent sur une plate-forme les résultats des tests diagnostiques réalisés. Le but est de mieux surveiller les maladies endémiques, et de détecter l’émergence de “nouvelles” affections telles que l’influenza H3N8 chez le chien. La seconde méthode permet une surveillance syndromique en temps réel chez les praticiens via le logiciel VetSolution. L’approbation “éthique” du propriétaire est nécessaire. L’analyse des données est communiquée aux vétérinaires (traitements les plus fréquents, par exemple) selon le principe du benchmarking qui vise à informer les participants des résultats obtenus par les autres afin de tendre vers une amélioration commune.

L’ÉVOLUTION SPATIALE VIA INTERNET

Le système en ligne BioPortal2 permet le suivi en temps réel de l’évolution spatiale et temporelle d’une maladie, parmi une soixantaine répertoriées. Cet autre moyen de surveillance, décrit par Preben Willeberg de l’université de Californie, est une plate-forme basée sur le Web qui utilise entre autres Google Earth et permet de faire des statistiques combinées. BioPortal a notamment été utilisé comme outil de gestion de l’influenza aviaire de sous-type H5N1 en 2006 en Suède et au Danemark.

L’APPROCHE FONDÉE SUR LE RISQUE

Dans le cadre de maladies à faible prévalence, il est ardu de prouver le statut indemne d’un territoire. Cela est pourtant indispensable pour certaines maladies afin de permettre le libre échange entre les pays. Cependant, leur évaluation nécessite la mise en place d’un échantillon de grande taille, cher par définition. La surveillance fondée sur le risque permet de réduire considérablement les coûts d’étude. Daniela Hadorn, de l’Office vétérinaire fédéral suisse, a ainsi montré l’intérêt d’une modélisation par des arbres décisionnels (approche probabiliste) en prenant l’exemple de la rhinotrachéite infectieuse bovine. Il s’agit d’un échantillonnage ciblé fondé sur le risque. Une arborescence permet de déterminer la taille des échantillons par strates, en prenant en compte plusieurs facteurs de risque. Le coût s’en trouve ainsi réduit.

Paul Bessell, de l’université de Glasgow, a quant à lui développé une stratégie fondée sur le risque qui permet de maîtriser la tuberculose bovine en Écosse, avec une économie de 25 %. Il a mis en place un échantillonnage aléatoire stratifié. Celui-ci est obtenu par tirage au sort au sein de strates préalablement définies dans la population, selon un risque hypothétique (âge de l’individu, zone à risque, etc.) et applicable à tous niveaux, du cheptel au pays.

PREMIÈRE ÉDITION DE L’ICAHS

L’International Conference on Animal Health Surveillance (ICAHS), qui s’est déroulée à Lyon en mai dernier, a permis aux quelque 300 participants de 36 pays différents d’échanger sur la conception, la mise en place et la coordination des systèmes de surveillance, ainsi que sur leur évaluation. C’est la première conférence mondiale dédiée entièrement à ce sujet.

Elle a été organisée conjointement par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et l’Association pour l’épidémiologie des maladies animales (AEEMA).

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