Hommage à Robert Lesaffre (A 43), fondateur de l’Avef

Cet homme, d’une gentillesse exemplaire, fut le grand précurseur et l’ardent défenseur de l’art vétérinaire équin français. Il a partagé ses souvenirs avec certains d’entre nous, et nous a donné envie, en 2003, de mettre par écrit l’histoire de l’Avef, afin que son parcours et son action ne tombent pas dans l’oubli… Il s’est ainsi confié à Gwenhaël Collin lors de la rédaction de sa thèse de doctorat vétérinaire intitulée « l’Avef : hier, aujourd’hui et demain », soutenue le 16 janvier 2004 à Nantes, et dont est extrait l’historique qui suit. Toujours curieux, passionné, il était également tourné vers l’avenir… Aux titres de membre fondateur et de membre honoraire de l’Avef doit s’ajouter celui de bienfaiteur. Merci à lui d’avoir permis à l’Avef d’exister.

Il fut le précurseur des transports de chevaux par avion. En 1945, Marcel Boussac, le plus important propriétaire de pur-sang en France, vend 4 étalons à un syndicat d’éleveurs américains. Ils doivent traverser l’Atlantique le plus rapidement possible pour débuter la saison de monte. Un voyage en bateau, trop long, est exclu. Robert Lesaffre exerce alors à Chantilly, où il s’occupe de l’écurie de M. Boussac. Son manager le sait pilote depuis l’avant-guerre et lui demande d’organiser le transport. Robert Lesaffre accepte : 27 heures de vol et 4 escales plus tard, les étalons arrivent dans le Kentucky. Robert Lesaffre, lui, est accueilli avec tapis rouge, télévision et radios… D’autres voyages suivront, lui permettant de développer un réseau de relations extrêmement dense aux états-Unis.

Il sera le second Français à intégrer l’American Association of Equine Practitionners (AAEP). Au cours d’un de ses voyages, Robert Lesaffre retrouve un ami, Edouard Pouret, alors en stage à l’université du Kentucky. Ce dernier devient le premier Français à intégrer l’American Association of Equine Practitionners (AAEP). Il parraine Robert Lesaffre qui assiste, vers 1958, à un congrès de l’association américaine à Los Angeles puis devient membre à part entière. Il sera tout de suite séduit par la courtoisie, l’humanité entre confrères, ainsi que l’enrichissement scientifique et personnel propre à ces congrès internationaux.

Il fonde une association similaire en France. Pour Robert Lesaffre, l’enrichissement humain a au moins autant d’importance que l’acquisition du savoir. Sachant qu’il ne peut mener à bien ce projet seul, il fait appel à un ami de longue date, Roger Bordet, professeur de chirurgie à l’école d’Alfort, immédiatement enthousiasmé par le projet.

En tant que président du Syndicat des vétérinaires de la région parisienne, Robert Lesaffre est également membre de l’Association des vétérinaires spécialistes des petits animaux. Il propose alors de se superposer aux statuts de cette association qui fonctionne bien, les objectifs étant identiques. Les statuts de la Conférence des vétérinaires spécialistes du cheval sont déposés en mai 1965. Le nom de l’association fera l’objet d’une discussion dans le n° 1 de la revue Pratique vétérinaire équine (PVE) paru en 1969 : elle devient Association vétérinaire équine française (Avef) à l’unanimité lors de l’assemblée générale de 1969.

Il est à l’origine de la réunion annuelle. Dès la création de l’association, les membres se réunissent chaque trimestre. En 1973, la “Journée de l’os” est organisée à la faculté de médecine de Créteil. Devant le succès de ce premier congrès national, qui accueille 150 participants, la formule de la réunion annuelle thématique est définitivement adoptée.

L’Avef est aujourd’hui une association de plus de 650 membres, un conseil d’administration de 15 membres, un conseil scientifique de 11 membres, et de nombreuses commissions. Elle a développé des relations à l’international avec des associations européennes, américaines, et au-delà : elle a ainsi hébergé le congrès de la World Equine Veterinary Association (Weva) en 1999 à Paris.

Aujourd’hui, nous avons perdu un homme d’exception, un homme qui a permis à l’Avef d’exister… Nous nous associons à la douleur de la famille et souhaitons que cet hommage soit celui de notre profession à un homme dont le parcours fut celui d’un précurseur, d’un visionnaire, toujours à l’écoute des autres, tant sur le plan professionnel qu’associatif.