Réaliser un test de libido chez le taureau (libido testing)

En élevage intensif, l’insé­mination artificielle est largement pratiquée. La qualité de la semence des taureaux est analysée, directement au microscope, à chaque prélèvement. En élevage extensif, comme en Nouvelle-Zélande, la monte naturelle est une pratique courante, même en cheptel laitier. Dans ce contexte, lorsqu’un taureau n’assure pas correctement sa fonction de reproduction, les pertes économiques engendrées sont importantes (diagnostic de gestation tardif, vaches vides qui partent à l’abattoir). Ainsi, les vétérinaires pratiquent là-bas un examen multicritères (breeding soundness evaluation, BSE) afin d’évaluer la fonction de reproduction des taureaux sans l’appui du microscope (^{voir tableau 1}). Ce test est en général réalisé 6 semaines à 1 mois avant la saison de monte, ou du moins hors de cette période, car l’influence hormonale peut en fausser le résultat. Il est fondé sur un examen physique et, dans certains cas, sur une évaluation de la libido ou de la capacité au coït.

1^RE ÉTAPE : ÉVALUATION DE L’APTITUDE À LA REPRODUCTION (BSE)

L’objectif est d’évaluer la capacité des taureaux à se reproduire et à transmettre les qualités recherchées. En particulier, ils doivent être en bonne condition physique pour assurer la reproduction en pâture, dite “monte naturelle”. Cet examen physique permet d’écarter tous les mâles qui présentent des tares ou des anomalies rédhibitoires (cryptorchidie, problèmes d’aplombs, etc.). Aussi bonne que soit la qualité de son sperme, un taureau aveugle, qui ne peut se nourrir ou monter sur la vache, sera inapte à assurer la reproduction d’un troupeau en pâture. Les animaux à évaluer font donc d’abord l’objet de contrô­les individuels : périmètre testiculaire (^{voir photo 2}), palpation testiculaire, aplombs, structure de la dentition (^{voir photos 3} et ⁴), état corporel, etc. Le périmètre testiculaire est un critère important, car la production journalière de sperme de bonne qualité y est directement corrélée (^{voir tableau 2}). Tous ces caractères ont également une forte héritabilité génétique.

La production de sperme est un phénomène continu sur lequel de nombreux paramètres tels que les blessures, les maladies, la fièvre ou encore les conditions météorologiques extrêmes peuvent influer. De plus, la qualité de la semence d’un taureau peut s’améliorer jusqu’à 16 semaines après la puberté.

En 1975, une étude de l’université américaine du Missouri a montré qu’un taureau n’est pas à condamner s’il ne réussit pas son premier BSE. Il est possible de répéter cette évaluation à 15 jours ou 3 semaines d’intervalle. Il est également conseillé d’évaluer les taureaux une fois par an.

2^E ÉTAPE : ÉVALUATION DU COMPORTEMENT REPRODUCTIF (LIBIDO TESTING)

La libido fait référence au désir de rapport sexuel, non évalué systématiquement dans le BSE. L’évaluation porte dans ce cas sur le coït et la capacité du taureau à pratiquer l’acte sexuel dans des normes définies.

Il est important de rappeler que le périmètre testiculaire, la qualité du sperme et l’aptitude au coït ne sont pas reliés à la libido. Ainsi, un taureau peut réussir le BSE et avoir une faible libido, alors qu’un autre dont la libido est excellente échouera au test.

Réalisation pratique

Le test a été développé dans un paddock pour prédire les performances des taureaux pour le coït dans un pré. Les taureaux de 2 ans montrent une aptitude innée à l’acte sexuel lors de leur premier rapport. Cependant, il est démontré que les taureaux s’améliorent au cours de la saison de monte : c’est l’expérience sexuelle.

Les éleveurs souhaitent choisir des taureaux ayant une bonne aptitude innée au coït pour assurer des performances maximales au cours de la période de monte.

Dans cet objectif, les mâles sont présentés, par petits groupes de 4, à 3 génisses en anœstrus immobilisées à un cornadis. L’acte sexuel chez les bovins a lieu lorsque la femelle accepte le chevauchement et ne fuit pas. L’immobilisation des génisses au cornadis retranscrit ce comportement. De plus, il est important de choisir des génisses non cyclées pour bien évaluer l’aptitude innée des taureaux au coït, et non leur conditionnement via les hormones, phéromones ou tout autre changement de comportement de la vache en chaleurs. Enfin, le nombre de taureaux doit toujours être supérieur à celui des génisses, car il existe alors une compétition entre les mâles, qui les fait s’intéresser aux femelles au lieu d’être distraits par l’environnement.

Critères d’évaluation

Pour réussir ce test, le mâle ne doit pas se contenter de monter sur la vache. Il doit y avoir un coït. Le taureau marque le coït en faisant un petit saut en avant avec ses deux postérieurs joints. Ce critère est décisif pour dire s’il y a eu coït ou non (^{voir photos 5} et ⁶ page 58).

Lors d’une évaluation de l’aptitude à pratiquer le coït, le taureau a 20 minutes pour réussir un acte sexuel performant. En revanche, lorsqu’on cherche à évaluer la performance de l’animal, il doit pratiquer 3 fois le coït dans ce même laps de temps pour être qualifié et sa rapidité d’exécution est prise en compte.

Au bout de 20 minutes, si le taureau n’a pas réussi l’objectif fixé (1 ou 3 coïts), il est écarté du troupeau. L’éleveur peut alors choisir de le tester de nouveau dans la même journée, voire quelques jours ou semaines plus tard. Si au bout de 2 essais, le taureau n’a toujours pas réussi ce test, l’éleveur décide souvent de l’envoyer à la boucherie. Cela permet d’éviter de mettre un mâle inapte à la reproduction dans un troupeau de 60 vaches et d’en constater les pertes économiques plusieurs mois après.

Lorsque le but est d’évaluer les performances des mâles, le résultat du BSE permet à l’éleveur de fixer le prix des taureaux testés.