Identifier et traiter le prolapsus cloacal chez les reptiles - La Semaine Vétérinaire n° 1463 du 23/09/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1463 du 23/09/2011

Formation

NAC

Auteur(s) : JULIEN GOIN

Fonctions : praticien à Pornic (Loire-Atlantique).

Le prolapsus cloacal est une extériorisation anormale et prolongée d’un organe interne à travers l’orifice cloacal. Cette affection, relativement fréquente chez les reptiles en captivité, doit être considérée comme une urgence.

SIGNES CLINIQUES

Le prolapsus peut concerner le côlon (toutes espèces), la vessie (tortues essentiellement, car les serpents et certains lézards en sont dépourvus), les oviductes (toutes espèces), le pénis (tortues) ou les hémipénis (serpents, lézards). L’identification de l’organe impliqué repose sur des critères anatomiques simples. S’il possède une lumière, il s’agit du côlon ou d’un oviducte. Le premier affiche une surface lisse et luisante, un aspect souvent engorgé et friable en raison de la striction veineuse associée, et des fèces sont fréquemment présentes. Les oviductes présentent des stries longitudinales.

Si l’organe ne possède pas de lumière, il s’agit de la vessie (qui présente une paroi fine et translucide et peut contenir du liquide cœlomique), du pénis ou d’un hémipénis (leur structure est ferme et épaisse).

ÉTIOLOGIE

Le prolapsus cloacal est généralement secondaire à une contraction ou à une pression excessive exercée au sein d’un organe.

Le prolapsus du côlon est la conséquence d’un ténesme, lui-même consécutif à une constipation, un corps étranger digestif, une entérite bactérienne ou parasitaire.

Le prolapsus de la vessie est provoqué par une cystite, elle-même généralement consécutive à la présence d’un calcul urinaire.

Le prolapsus de l’oviducte est habituellement la conséquence d’une rétention d’œufs, même si un cas secondaire à la présence d’un calcul urinaire est rapporté chez une tortue du désert (Gopherus agassizii).

Le prolapsus du pénis ou d’un hémipénis peut être dû à un problème survenu pendant le rut (rut prolongé, infection ou traumatisme lors de l’accouplement), à un sexage par sondage des poches hémipéniennes mal réalisé,? à un trouble neurologique ou à une hypocalcémie qui affecte les muscles rétracteurs du pénis, ou encore à une constipation. Un examen radiographique est souvent indiqué afin de diagnostiquer la cause précise du prolapsus.

TRAITEMENT

Le prolapsus cloacal constitue une urgence. Il faut conseiller au propriétaire de consulter rapidement et de protéger l’organe prolabé à l’aide de compresses humidifiées maintenues par un pansement ou un linge propre. Lorsque le prolapsus est aigu, et en l’absence de lésion étendue ou nécrotique, une réduction manuelle est possible. L’organe doit être irrigué (l’utilisation d’une solution glucosée concentrée favorise la diminution de l’œdème), lubrifié, puis réintroduit par taxis manuels ou à l’aide d’un petit coton-tige humidifié. Une cloacorraphie en bourse ou transverse peut être pratiquée temporairement pour prévenir les récidives.

Lorsque le prolapsus est chronique ou en présence de lésions étendues ou nécrotiques, une résection chirurgicale de la zone atteinte doit être pratiquée.

Lors de prolapsus du pénis ou d’un hémipénis, l’amputation totale est indiquée, après la ligature de la base de l’organe par une suture transfixiante. La miction n’est pas affectée, car les voies sexuelles et urinaires sont indépendantes chez les reptiles. La reproduction n’est pas compromise lors d’ablation d’un seul hémipénis.

Lors de prolapsus du côlon avec une lésion faiblement étendue, une résection-anastomose est possible par voie externe : le tissu lésé est retiré et une anastomose est réalisée entre les deux bords sains. Face à une lésion étendue, une cœliotomie avec entérectomie et colopexie est indiquée.

Lors de prolapsus de la vessie avec une lésion faiblement étendue, une cystectomie peut être effectuée par voie externe. En cas de lésion étendue, une cœliotomie préalable à la cystectomie est requise.

Lors de prolapsus de l’oviducte, une ovario-salpingectomie est indiquée. La reproduction n’est pas compromise lors d’atteinte unilatérale. Une ovario-salpingectomie bilatérale peut être pratiquée à titre préventif chez les femelles qui ne présentent pas de valeur reproductrice.

Le traitement simultané de la cause du prolapsus est indispensable afin d’éviter les récidives : cystotomie et retrait des calculs vésicaux, entérotomie et retrait des corps étrangers digestifs, traitement antibiotique et antiparasitaire lors d’entérite infectieuse, etc.

POINTS FORTS

– Il s’agit d’une urgence.

– Il peut impliquer le côlon, la vessie, les oviductes, le pénis.

– L’identification et le traitement de sa cause sont indispensables pour prévenir les récidives.

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