Prise en charge de la teigne chez le chat en collectivité - La Semaine Vétérinaire n° 1462 du 16/09/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1462 du 16/09/2011

Formation

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : DIDIER PIN*, GWENAËL OUTTERS**

Fonctions :
*maître de conférences en dermatologie à VetAgro Sup. Article tiré de la conférence « Dermatoses du chaton » présentée au congrès de la Société française de félinotechnie, à Lyon, en novembre 2010.

POINTS FORTS

– La teigne est envisagée face à toute lésion cutanée chez le chat.

– Le trichogramme et la culture concernent les poils au centre de la lésion.

– Les chats porteurs de lésions sont tondus, et bénéficient d’un traitement à la fois topique et systémique.

– En collectivité, les animaux sains reçoivent un traitement topique.

– Lorsque l’isolement est impossible, tous les animaux reçoivent un traitement à la fois topique et systémique.

Chez le chat, la plupart des teignes sont dues à Microsporum canis (M. gypseum, T. mentagrophytes, M. versicolor sont rares).

Une teigne est classiquement caractérisée par des dépilations, un état kérato-séborrhéique plus ou moins étendu, une dermatite miliaire, un périonyxis ou un mycétome. Son aspect typique est celui d’une lésion nummulaire de 1 à 3 cm de diamètre, dépilée, finement érythémateuse et squameuse, plus ou moins prurigineuse, et à localisations diverses. Cependant, cette description peut évoquer d’autres dermatoses. De plus, la teigne se présente parfois sous une forme peu spécifique : des dépilations faiblement étendues, une hypotrichose sur l’abdomen, une dermite miliaire, un état kérato-séborrhéique régional avec des dépilations des tarses, ou étendu associé à un squamosis, une séborrhée plus ou moins grasse et une hyperpigmentation, des dépilations s’accompagnant d’un prurit sévère de la tête et du cou, un périonyxis, un mycétome. Le diagnostic différentiel est donc vaste et doit prendre en compte presque toutes les causes de lésions cutanées. A l’inverse, par ce polymorphisme clinique, l’hypothèse de teigne doit être quasi systématique chez le chat.

EXAMENS COMPLÉMENTAIRES

L’examen direct des poils, après éclaircissement au lactophénol, est réalisé par raclage au centre des lésions (« On dit classiquement de recueillir les poils à la périphérie des lésions, là où ils sont peu altérés et ont donc peu de chances d’être teigneux ! », souligne Didier Pin). Le cortex et la medulla deviennent indiscernables, et un manchon de spores est observé autour du poil. L’examen à la lampe de Wood, qui doit être soigneux, met en évidence une fluorescence jaune verdâtre exclusivement dans les poils porteurs de M. canis. S’il est positif, le diagnostic de teigne est établi et l’agent identifié. La culture fongique se réalise par ensemencement d’un milieu à l’aide de squames ou de poils prélevés au niveau des lésions par raclage, épilation ou grâce à la technique de la brosse à dents ou du carré de moquette stérile. Parfois, l’histologie apporte un diagnostic un peu plus rapide en utilisant des colorations spéciales (dont celle à l’acide périodique de Schiff), à préciser dans les commémoratifs.

TRAITEMENT

Le traitement vise à éradiquer l’infection fongique en stérilisant le milieu et en prévenant la contamination des personnes (les spores peuvent persister un an et demi dans l’environnement). La tonte (parfois controversée en raison du risque de dissémination des lésions) est recommandée par Didier Pin. Elle est réalisée dans un sac poubelle afin d’éviter la propagation des poils alentour. Les animaux porteurs de lésions reçoivent un traitement à la fois topique et systémique. La thérapeutique topique est indispensable pour limiter la contamination du milieu extérieur, mais ne doit jamais être appliquée seule chez les animaux symptomatiques. Per os, l’itraconazole permet de traiter des chatons sans les sevrer ni les séparer de la mère. La griséofulvine micronisée est réservée aux animaux non gestants, qui ne sont pas en lactation et pesant plus de 2 kg. Le kétoconazole est également utilisable (voir tableaux).

GESTION EN COLLECTIVTÉ

La teigne est rebelle en collectivité, car elle échappe à la prise en charge thérapeutique. En effet, si aucune souche de Microsporum ne semble résistante aux antifongiques, en revanche, le polymorphisme clinique et l’absence de détermination des causes sous-jacentes expliquent pour l’essentiel l’échec du traitement. La difficulté d’identification de l’animal source de la teigne et des individus infectés asymptomatiques, ou porteurs mécaniques, ainsi que celle d’application des médicaments et leur coût sont autant d’écueils.

Il convient d’établir le statut des animaux en contact avec le chat symptomatique par des examens cliniques et à la lampe de Wood, et une culture fongique. Parmi les individus asymptomatiques se trouvent ceux qui sont infectés, et qui jouent un rôle majeur dans la persistance de la teigne dans l’élevage et la transmission aux personnes ; ils sont “culture-positifs” et “Wood-positifs”. Dans ce groupe figurent aussi les porteurs mécaniques de spores dont l’influence est faible ; ils sont “culture-négatifs”, mais “Wood-négatifs”. Enfin, les chats sains sont “culture-négatifs” et “Wood-négatifs”.

Idéalement, les animaux infectés (avec ou sans lésions) sont isolés, et un traitement à la fois topique et systémique est instauré. Les personnes en contact doivent changer de vêtements lorsqu’elles passent d’une pièce à l’autre. Les porteurs mécaniques et les chats sains reçoivent une thérapeutique topique régulière jusqu’à la fin de l’épisode. Les animaux qui deviennent négatifs sont transférés vers le secteur sain. Cependant, la différenciation des statuts est fastidieuse et coûteuse. Lorsque l’isolement est impossible, tous les chats sont considérés comme infectés, et font l’objet de la prise en charge topique et systémique, jusqu’à la négativation des cultures.

Concernant l’environnement, un passage de l’aspirateur périodiquement, à l’issue duquel le sac est détruit, est préconisé. Des antifongiques (Clinafarm®ou eau de Javel) sont appliqués en aspersion, essentiellement, ou au fumigène (moins bonne dispersion) une ou deux fois par mois, jusqu’à la fin de l’épisode de teigne.

Les mesures thérapeutiques individuelles et environnementales sont maintenues jusqu’à la guérison et l’obtention de cultures négatives chez tous les animaux, par des prélèvements mensuels.

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