L’exposition à une odeur in ovo influence le choix alimentaire des poussins - La Semaine Vétérinaire n° 1462 du 16/09/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1462 du 16/09/2011

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/VOLAILLES

Auteur(s) : ALASSANE KEÏTA

Chez les mammifères, le fœtus baigne dans le liquide amniotique, dont les propriétés olfactives et gustatives dépendent de l’alimentation de la mère. Après la naissance, ce vécu prénatal conduit à une préférence envers des odeurs et des goûts semblables.

Les aviculteurs sont confrontés à des rejets d’aliments par les poussins liés à la peur de la nouveauté. Des chercheurs1 se sont donc demandé si une expérience olfactive sur des embryons de poulets aurait un effet sur leur consommation alimentaire ultérieure en réduisant ces comportements de refus.

PROTOCOLE DE L’ÉTUDE

Au total, 200 œufs de poulets sont ainsi mis à incuber. Le stimulus olfactif est constitué d’un mélange d’huiles essentielles d’orange et de vanilline. Celles-ci, précédemment utilisées chez des poussins par de nombreux auteurs, ne présentent pas de propriétés spontanément aversives ou attractives. Le stimulus est placé dans deux tubes en verre de 2 ml, qui correspondent à des concentrations différentes d’huiles, attachés sur les parois latérales des incubateurs. Seuls les poussins éclos le 21e jour d’incubation sont conservés pour l’analyse.

A l’éclosion, ils sont élevés par paire d’individus ayant reçu le même traitement et nourris ad libitum. Trois groupes sont constitués : le premier, témoin, est issu d’œufs soustraits au stimulus, le deuxième comporte les œufs exposés à 0,37 % du stimulus (premier tube) du 13e au 20e jour d’incubation et le troisième, les œufs qui ont été soumis à 37 % de celui-ci (second tube) sur la même période.

A l’âge de 4 jours, les paires de poussins sont confrontées à un test de choix alimentaire d’une durée de trois minutes. Après une heure de privation, chaque paire a accès simultanément à deux mangeoires : l’une qui contient l’aliment de démarrage familier et l’autre, ce même aliment odorisé avec le stimulus olfactif utilisé dans l’incubateur. A l’âge de 5 jours, les animaux sont de nouveau soumis à une épreuve de trois minutes avec, cette fois-ci, le choix entre des graines de millet (suffisamment petites pour être ingérées par de petits poussins) odorisées ou non. Pour chaque test, un observateur dissimulé derrière un rideau suit en continu le comportement d’un poussin par paire, choisi au hasard. Le temps passé à manger les deux types d’aliments est ainsi noté.

RÉSULTATS

A 4 jours d’âge, les poussins exposés à une faible concentration d’huiles essentielles (0,37 %) passent significativement plus de temps (0,61 s) à manger l’aliment odorisé, par rapport aux animaux soumis à 37 % du stimulus (0,18 s, p < 0,01) et aux témoins (0,31 s, p = 0,04). Les poussins exposés in ovo à une forte concentration de l’odeur (37 %) accordent significativement (p < 0,05) moins de temps au produit odorisé qu’à celui qui ne l’est pas. Précisons que le temps total mis à manger ne diffère pas entre les groupes.

A 5 jours d’âge, le temps passé à ingurgiter l’aliment odorisé est significativement plus long chez les poussins exposés in ovo à 0,37 % du stimulus (0,42 s) que chez les témoins (0,02 s, p = 0,02) ou chez les animaux exposés à 37 % (0,16 s, p = 0,04).

CONCLUSIONS

Pour les auteurs, ces résultats montrent que les embryons sont sensibles à leur environnement olfactif et que l’effet des stimulations sur les futures préférences alimentaires dépend de l’intensité du stimulus odorant.

Les propriétés olfactives des embryons pourraient donc, au moins en partie, influer sur la capacité des poussins à consommer des produits d’apparence ou de composition nouvelle. L’alimentation de la mère influençant les caractéristiques sensorielles des embryons, assurer un continuum olfactif entre cette nourriture et celle des poussins pourrait réduire le rejet des nouveaux aliments par ces derniers.

  • 1 Bertin A, Calendreau L, Arnould C, et coll. « L’expérience olfactive des embryons influence les comportements alimentaires des jeunes poulets ». 9e Journées de la recherche avicole, Tours, 29 et 30 mars 2011. Proceedings 2011:434-438.

CE QU’IL FAUT RETENIR

→ Les embryons sont sensibles à leur environnement olfactif.

→ Les poussins issus d’œufs exposés à une faible concentration du stimulus passent significativement plus de temps à manger l’aliment odorisé que les animaux soumis à une concentration plus élevée.

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