Le nivellement des tables dentaires est à pratiquer régulièrement, mais modérément

Avant de prodiguer des soins dentaires, le praticien s’attache au recueil des commémoratifs : recherche d’éventuelles modifications des habitudes alimentaires, du comportement au travail et des anomalies physiques (enflure des joues, haleine nauséabonde, etc.). Après un examen clinique succinct, le cheval est tranquillisé pour permettre de travailler confortablement. Les molécules utilisées le plus couramment sont les α2-agonistes, associés ou non au butorphanol. En pratique, pour un cheval de 500 kg, la posologie usuelle est de 2 à 4 ml de romifidine ou 0,3 à 0,7 ml de détomidine et 0,25 à 0,5 ml de butorphanol. Il faut attendre quelques minutes que le cheval descende la tête naturellement et ne plus le déplacer après la sédation.

Il est souhaitable, en cas d’interventions en série, de pouvoir disposer d’un local spacieux et bien éclairé. Travailler directement dans le box du cheval est une possibilité, sa tête dirigée vers la porte qui reste grande ouverte. L’aide se tiendra soit à droite, soit à gauche du cheval, à la hauteur des antérieurs. L’animal est muni d’un licol solide et porté lâche, pour qu’il puisse ouvrir largement la bouche. Le temps idéal d’intervention est d’une vingtaine de minutes. Le lendemain de la séance, le cheval peut présenter des courbatures des masséters et des douleurs au niveau de l’articulation temporo-mandibulaire.

Après l’ouverture de la cavité buccale au pas-d’âne (le modèle de Haussmann est très pratique), la bouche peut être examinée visuellement avec une lampe frontale ou avec les doigts, ce qui permet de repérer plus facilement les abcès dentaires (odeur nauséabonde).

Un bon nivellement supprime les excroissances et arrondit les angles

Compte tenu des spécificités du cheval, le nivellement des tables dentaires doit être pratiqué régulièrement, mais de façon modérée. Après avoir apprécié manuellement les surdents, les pans jugaux des molaires supérieures et les pans linguaux des molaires inférieures sont arrondis. Ce travail peut s’effectuer à la râpe manuelle ou motorisée. Il est relativement facile de limer les surdents sur les prémolaires et la première molaire, mais l’opération est plus délicate pour les dernières molaires. Il faut des instruments minces et obtenir que la joue du cheval soit détendue. Pour ce faire, il convient de relâcher le pas-d’âne. Un bon nivellement consiste à supprimer les excroissances éventuelles, à arrondir l’angle entre la face vestibulaire et la face occlusale sans rendre cette dernière trop lisse en râpant par excès les crêtes d’émail.

Face à une dentition ondulée, en escalier, ou lors de la présence d’une excroissance provoquée par la perte d’une dent antagoniste, les nivellements requis seront plus importants.

Le travail se poursuit par les nivellements des pointes qui se développent sur la partie caudale de la dernière molaire inférieure et de l’arrondissement de la deuxième prémolaire supérieure. Enfin, si besoin, notamment chez les jeunes chevaux, il peut être nécessaire de procéder à l’évulsion des dents-de-loup si celles-ci sont de petite taille. Parfois, ces dents sont très développées, mais ne provoquent pas de gêne.

Vers deux ans et demi à trois ans, les prémolaires lactéales tomberont pour céder la place aux prémolaires définitives. Or la coiffe de lait peut rester coincée entre la joue et l’arcade. Dans ce cas, le traitement est simple : il faut saisir cette coiffe avec un davier approprié et l’extraire.