L’implication des jeunes confrères dans les visites d’élevage se fait avec l’appui des aînés

Quelle est la place du collaborateur débutant dans les visites d’élevage ? François Pastorelli et Yves Buret, praticiens en Loire-Atlantique, ont tenté de répondre à cette question lors d’un atelier des Groupements techniques vétérinaires juniors⁽¹⁾.

Les cas individuels amènent naturellement le praticien vers la pathologie de troupeau

Les visites d’élevage demandent du temps et de la préparation. Elles ne sont pas confiées d’emblée à un jeune collaborateur. Celui-ci s’intéressera d’abord à des cas de médecine individuelle, afin d’affiner son sens clinique, ses méthodes de diagnostic et de maîtriser les gestes techniques. Mais la frontière entre l’individuel et le collectif est ténue. Par exemple, lors d’une visite pour un avortement en élevage bovin, il peut être amené à apprendre que d’autres cas similaires sont survenus dans l’élevage. Dans ce cas, les prélèvements obligatoires (police sanitaire de la brucellose) seront complétés de conseils, voire d’investigations (et de prélèvements) supplémentaires visant à identifier les agents pathogènes responsables. La transition avec la pathologie de troupeau peut s’amorcer à ce moment-là.

Les visites réglementaires, pour connaître les élevages et se faire connaître des éleveurs

Selon nos deux confrères, les jeunes praticiens peuvent tout à fait s’impliquer dans les visites d’élevage, qu’elles soient à caractère réglementaire, dédiées au conseil ou à l’offre de nouveaux services à la clientèle. L’important est de procéder progressivement, et de s’appuyer sur son savoir et sur celui de ses aînés.

Les visites sanitaires obligatoires ont la particularité d’être prises en charge par l’Etat. L’absence de relation financière entre l’éleveur et le praticien peut faciliter l’intégration des jeunes dans leur réalisation. Il est bien entendu nécessaire de préparer ces interventions méthodiquement, mais leur aspect répétitif permet à un collaborateur tout juste sorti de l’école de prendre confiance et de mieux connaître la clientèle. Nos confrères conseillent d’en effectuer avec des praticiens expérimentés avant de se lancer seul (et de suivre la formation proposée aux vétérinaires sanitaires “santé animale et santé publique”).

Autre prestation obligatoire, le bilan sanitaire d’élevage (BSE). Il permet, par l’analyse des données et des résultats de l’élevage, de dresser un bilan des affections rencontrées dans l’exploitation et des facteurs de risque. Le protocole de soins rédigé ensuite retrace la marche à suivre pour les dominantes pathologiques, les traitements à mettre en œuvre et les critères d’appel du vétérinaire. C’est, pour un jeune collaborateur, l’occasion d’apprendre à maîtriser les bases de données (Bdivet), voire de les mettre en place s’il est familier de l’informatique. Yves Buret conseille de réaliser les BSE quand le jeune praticien a déjà acquis une certaine technique vis-à-vis de l’éleveur, car si cette démarche participe à une meilleure connaissance de l’élevage, il n’y pas de BSE sans soins réguliers.

A chaque étape, le soutien et l’aide des aînés plus expérimentés de la structure sont fondamentaux.

Ultime étape : se lancer seul sur des offres non obligatoires

Ensuite, le jeune pourra s’investir dans un domaine plus délicat : les offres de services ou les visites d’élevages non obligatoires proposées (ou pas) par sa structure. Plusieurs rôles lui seront dévolus (voir encadré).

Par exemple, avoir remarqué les compétences en échographie utérine et ovarienne de son jeune collaborateur a permis à Yves Buret de l’intégrer dans la réalisation des suivis de reproduction proposés par sa clinique. De son côté, François Pastorelli a investi un créneau vacant dans sa structure un an après son arrivée : le suivi de parasitologie. Le développement de cette offre se fait progressivement⁽²⁾, avec des objectifs croissants au cours du temps. L’important est de ne pas se décourager, notamment devant les refus des éleveurs, et de commencer par les élevages susceptibles d’être intéressés.

• (1) Au cours des journées nationales des GTV à Nantes en mai 2011.

• (2) Proceeding des journées nationales des GTV 2011 pp. 461 à 466.